photo mbp

.

Je dois à Daniella Romic, et au café slam fondé et animé par le poète Pascal Giovannetti dans la mythique cave Romagnan de Nice (où les amateurs peuvent découvrir jazz ou slam), la découverte du poète croate Dobriša Cesarić dont j’ai traduit le poème (adaptation à partir de l’original et de la traduction anglaise) présenté lors de la dernière rencontre et que je trouve poignant dans son dépouillement, et l’infinie tristesse de la chute :

.

Jedne noći

.

 Te noći pisah sjedeć posve mirno,

Da ne bih majci u susjednoj sobi

Škripanjem stolca u san dirno.

A kad mi koja ustrebala knjiga,

Sasvim sam tiho išao po sagu.

U svakoj kretnji bila mi je briga

Da staričicu ne probudim dragu.

I noć je tekla spokojna i nijema.

A tad se sjetih da je više nema.

Une nuit

.

Cette nuit-là, j’écrivais, assis, parfaitement immobile,

Pour ne pas déranger d’un grincement de chaise

ma mère qui rêvait dans la pièce voisine.

Et quand j’allais chercher un livre,

Je marchais doucement sur le tapis.

A chaque mouvement je veillais à ne pas réveiller la chère vieille dame.

Et la nuit silencieuse s’écoula paisiblement –

Puis, je me suis souvenu qu’elle n’était plus.

Adaptation – Marilyne Bertoncini

L’auteur :

lDobriša Cesarić est né le 10 janvier 1902 à Požega, en Croatie et décédé le 18 décembre 1980 à Zagreb. Traducteur de l’allemand, du russe, de l’italien, du bulgare et du croate, Il compte parmi les poètes croates les plus populaires du XXe siècle, bien qu’il fut probablement le moins prolifique. En un peu plus d’un demi-siècle, il n’écrivit qu’une centaine de poèmes, la plupart tenant sur une seule page.
Il interprétait lui-même ses chansons (le lien sur son nom mène à sa discographie)

Un recueil, paru en France en 1978, L’Arbre fruitier après la pluie ,traduit par Ingrid Safranek et Pierre Calderon, aux éditions de L’Ollave, est définitivement indisponible – on peut trouver des traductions en anglais.