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Sur la page du poète Michaël Glück, qui m’autorise à le citer, ces mots désabusés :
…rien ne change, rien n’a changé, j’eusse pourtant aimé que cessât la continuation de ce qui fut et qui sera, j’eusse aimé que la haine ne prît la suite de la haine avec pire que la loi du talion, œil pour yeux, dent pour mâchoire, tout augmente en temps de guerre ; bien sûr j’eusse préféré la guimauve et la joliesse, les beaux et bons sentiments, la rose à la boutonnière, le cautère sur la jambe de bois ; j’ai planté le pilon en terre profonde, il n’a pas fait racine, ni branches ni bourgeons ; j’ai tourné, comme un derviche autour de ma jambe et je n’ai vu ni le ciel ni les oiseaux ni l’amour ; rien ne change, les chants sont oraisons, l’éloge du sacré éloge des massacres ; la poésie est une fleuriste qui ne sait que composer des couronnes mortuaires qu’elle fera passer pour des corbeilles d’arums…
Cette avant-dernière semaine de décembre, dans le bruit des bottes et des armes qui déchirent, dépècent, déchiquètent, détruisent, annihilent, cette semaine porte encore vers un grand moment d’Espérance – espérance de Paix et de Fraternité : selon certains, un enfant va naître, dans le dénuement, la misère de l’exil, la fuite devant la violence de la haine qui se déchaîne « contre » – toujours contre – l’autre, quel qu’il soit.
Et l’histoire dit – mais c’est un conte sans doute – que cet enfant reçoit l’aide du petit peuple qui entoure l’étable où seule l’haleine d’un âne et d’un boeuf le réchauffe – et des grands venus d’ailleurs déposeront pour lui des cadeaux fastueux – mais c’est un conte… en vérité on meurt sous des bombes, on est tué pour des idées, et parfois même pas, par seule haine et soif de meurtre…
Pourtant, par-delà toutes les religions, les différences, je sais que reste à entretenir l’Espérance, celle du fond du coeur – bien au-delà des mots et des guirlandes des poèmes-au-bout-des-lèvres et des bons sentiments tout droit sortis des livres – du Fond du Coeur.
Ne jamais lâcher la main de l’espérance, la tendre toujours, vers l’Autre, femme, enfant, vieillard, étranger, malade – ton voisin, toi-même…
ce que dit encore le poète :
…et quoi qu’il en soit, dans ta ligne de mire, c’est toujours un semblable, un enfant, une femme ou un homme, c’est toujours sur toi-même que tu pointes ton arme, toujours sur toi-même que tu lances ta horde, ta meute d’affamés, quoi qu’il en soit et sera, toujours, te voilà l’assassin de toi-même, l’assassin de ta sœur, l’assassin de ton frère, de ta fille ou de ton fils, l’assassin du premier inconnu venu qui, parent en humanité quand bien même tu essaierais de le nier, te ressemble ; quoi qu’il en soit tu es qui tu vas tuer…
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Je dis aussi : Tu es en même temps qui peut accueillir et aimer – panser et aider – Tu es part de l’humanité – et je ne veux pas désespérer. Je crois que l’enfant qui va naître porte le nom d’Espérance et de Réconciliation.
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