photo mbp

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1 – Ile Eniger – Jacques Merceron – Michel Dunand – Jacques Cauda (encre) – Antoine SimonMarilyne Bertoncini (vidéo-poème) – Jean-Marc Barrier (poème et photos) – Anne Soy – Eric Chassefière – Elizabeth Guyon-Spennato

2 – Marion Lafage – Dominique Hecq – Richard Roos-Weil – Christophe Pineau-Thierry (photo) – Suzanne Derève – Charles Akopian (poème et photos) – Marilyse Leroux – Joëlle Abed (photo) – Marc-Henri Arfeux – Louise Brun.

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Ile Eniger

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Ils avaient assis le soleil à table et l’avaient tué.

Ils avaient calibré les étoiles, mis l’espérance au cimetière.

Sans procès, ils avaient décapité l’amour et décrété la morale des profits.

Leurs faux servaient de clés aux vérités dolentes.

Du ciel et de la terre ne restait pas d’oiseaux mais la passion funeste d’une chasse.

Et du résultat de cette chasse.

Des visions ténébreuses, voraces, emplissaient les sommeils.

Plus d’anges. Les rêves s’émiettaient.

La vie disparaissait sous les ruines et l’ordre étiqueté. Penser était une menace. La planète étouffait sous le garrot barbare.
Quoi, faudrait-il supporter davantage ?

La nature appela tous les parfums, les lettres à l’écriture lente, les mariées d’avril et les rousses d’octobre, les manteaux des hivers, les éclats de juillet, toutes les mutations, questions, odeurs, tout et encore bien plus, les arbres, les torrents, les roches, les semences, les racines, les eaux, les bêtes, les fées, les rires d’enfants, les courses d’escargots, les pauvres, quelques riches, la soupe, la cuillère, le temps fatigué des équations verbeuses.

Et l’amour.

Tous furent conviés. Il fallait le bonheur et le bonheur entier. Il fallait partager le pain, reconstruire la vie.

Que décidèrent-ils ? Et vous… qu’auriez-vous fait ?

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Jacques Merceron

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Michel Dunand

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Rues enrubannées. Maisons empaquetées dans du papier cadeau, rose ou vert. Art de la palissade et de la place en chantier. Quartiers lourds de passé, transformés en musées vivants, colorés. Pouvoir de la paix. Magie de l’argent. La poudre a cessé de parler. La dynamite aussi. Le jour tant espéré de la résurrection des pierres est programmé.

Beyrouth 99

*

C’est un rêve. Il me poursuit jour et nuit.

Je vois Marioupol en habits pimpants. Je vois la ville en jaune, en rouge, en vert, en bleu. Les couleurs de Sonia Delaunay, l’enfant du pays. Tons purs, joyeux. La paix règne et la liberté triomphe à nouveau.

La guerre a déclaré forfait.

Fatiguée.

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Quels résistants,

ces arbres…

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Jacques Cauda

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Antoine Simon

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Ruine


La poussière bâtit ses ruines
sur le crâne d’un mort ancien
il répétait – je me souviens –
avec un fatal de machine
Je n’étais rien, je ne suis rien

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un jour la pierre du sépulcre
à la poussière se fondit
et c’est ce jour-là que je vis
son visage de pain de sucre
son squelette de fruit confit

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ça n’avait rien d’épouvantable
je suis resté longtemps tout seul
sous les feux de ses yeux de sable


et quand j’ai quitté le cercueil
– j’ai l’impression d’y être encore –
son squelette habitait mon corps

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Marilyne Bertoncini

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Jean-Marc Barrier

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Pierre et os

runes et ruines

témoins aveugles

et contre le silence

contre l’absence

ce que j’encapsule dans ces mots

une main      un oiseau

une lettre      un oiseau

papier couché

à même la pierre

fragments debout

petite langue noire

qui se glisse et se grise

pour dire pour entendre

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j’ai soif de tes traces

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la moitié d’un signe

et c’est déjà toi.

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Eric Chassefière

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Le Santorin1

Là-bas, déjà la vague, le ciel irisé d’écume qui se confond avec la mer démontée, ciel et terre, retournant aux origines, se mêlant en un cosmos unique de matière en fusion. Nuées ardentes, effondrement des laves dans la chambre, très loin dessous, naissance par rebond du grand dôme liquide au lieu où s’engouffra la mer, propageant au lointain la molle colline qui deviendra falaise d’eau bouillonnante. Soufflement de tout, roches, objets du quotidien, corps lacérés de nuit dans les strates des temps futurs, flancs du grand volcan recevant tel un parchemin l’écriture de feu et de sang de toutes ces vies ensevelies sous les nuées ardentes balayant la mer. D’infinis vents d’ombres, écume sinuant aux vols, flots précipités vers la main brûlée de la terre qui paraît porter le ciel. Contreforts arides, très sombres, ruines on ne sait si pierres ou maisons, des villages de guet perchés dans le noir de la mer. Hautes irisations de lisières tatouant le ciel, longs voiles d’eau remontant dans les courants. Tous ces peuples aux pourtours des nuits, tous ces colliers de perles des ports, toutes ces villes murmurant fontaines, vents dans les orangers, tout cet élan du sang et de l’esprit, balayés d’un revers de la main du grand corps réuni en apothéose de la terre, du feu et de l’eau conjuguant leurs forces ! La terre, renouée dans le jeu des éléments qui participèrent à sa création, imposera souffle et apaisement. La vie, entre anéantissement et volupté, reprendra cours dans le repos qui succède à la tempête. Tout saura recommencer, se souvenir, célébrer l’instant, plaisir et perte d’un seul souffle.

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1 –  ce poème évoque l’éruption volcanique du Santorin, en 1600 av. J.-C, l’une des catastrophes les plus destructrices de l’antiquité.

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Anne Soy

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Tout se dilue, s’effrite, s’amenuise,
se décolore, se décompose, se stérilise
ça brûle, fond
s’oxyde, s’écaille
se déforme, se brise
ça pourrit, jaunit
déteint, s’évapore
s’immobilise, se fendille
s’affadit, se grippe
se bloque, se hérisse,
tremble ou se fige
se raréfie, s’exaspère
poussière poussières
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Se troue, se creuse
S’écroule, s’affreuse
Même le soleil s’use

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photo mbp

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Elizabeth Guyon-Spennato

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I misteri del Castello

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Si dice che non è mai salito qui

Michelangelo

Magari un giorno

apparirà un suo bozzetto

Sulla pietra millenaria

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Ieri ancora i bambini d’Ischia Ponte

Giocavano qui a lume di candela

in mezzo agli scheletri impietriti

delle Monache

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La Cattedrale dell’Assunta

non ha più tetto

Ma ogni anno a giugno

Riprende vita quando

sulle pareti

Passa un film

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E sotto la cupola

dell’Immacolata

Gli ospiti

Attratti dai colori

magici di Gabriele

Rivivono

le nozze della poetessa

e del valoroso marchese

Les mystères du Château

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On dit qu’il n’est jamais monté ici

Michel-Ange

Mais peut-être qu’un jour

apparaîtra l’une de ses esquisses

Sur la pierre millénaire

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Hier encore les enfants d’Ischia Ponte

jouaient ici à la lueur des bougies

parmi les squelettes pétrifiés

des Clarisses

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La Cathédrale de l’Assomption

n’a plus de toit

Mais chaque année en juin

Elle reprend vie quand

sur ses murs

Passe un film

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Et sous le dôme

de l’Immaculée Conception

Les visiteurs

Attirés par les couleurs

magiques de Gabriele

Revivent

les noces de la poétesse

et du preux marquis

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Marion Lafage

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« Le poète gravit ses ruines »
(Jean d’Amérique)

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Dévale la ravine des sentiments
Comme montagne écroulée cairn
L’éclat-citerne du coeur-fissures
Où s’achemine le temps des failles
Jusqu’à l’invisibilité du souffle
Quatre saisons d’éboulement
Des âges de pierre
Où le lierre refait santé grimpante
Où l’insecte ravive le mur de signes
L’escalier donnant sur le vide
Crénelage des tours d’entre-deux
Paradoxale vitalité des vestiges
Ce qui disparaît quand le devenir
Palimpseste sandwiche le dedans
Et le dehors en couches de gâteau
Arc-en-ciel dans la nostalgie
De ce qui n’apparaîtra pas.
L’érosion métaphorique du béton
Sur les ruines de la réalité

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Dominique Hecq

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Reliquaire

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Main, orange sanguine rompue en segments. Peau, feuillage de frêne roussi. Ongles, délunés, casses. Paume, papier de verre esquissant lignes de vie et d’amour. Plaies ouvertes s’épanchent, imbibent la chair, se referment. Cicatrices démangent, picotent, brûlent. La pluie s’agrippe au pied des nuages.

Tu superposes trois feuilles de papier Washi. Emprisonnes herbe, soie, dentelle entre les couches. Doigts crochus faufilent. Tu piques, grattes, couds. À l’aide d’une plume d’oie, tu traces des volutes d’encre sur un lavis d’aquarelle cramoisie, tache de terre de sienne, soupçon de poussière d’or. Donnes un coup de pouce à la poussière. Frottes. Ombres et silhouettes de corps émergent. Puis tu poignardes le chagrin avec des lettres qui s’élancent, s’accrochent, s’arriment comme autant de points d’ancrage sur le rivage d’une catastrophe.

Tu suspends Bleu comme une orange, aiguille, fil, plume, encrier et chaque pot d’aquarelle avec son pinceau au plafond dans un flot de fils métalliques. Places une ampoule au centre de ta composition pour qu’elle s’embrase.

Ne subsiste que traces, ratures et la fragile membrane tendue sur le corps du monde. Un timide arc-en-ciel s’élève dans le ciel. Le croassement des corbeaux. Ta main parchemin recueille tout ce qui reste. A venir.

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photo mbp

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Richard Roos-Weil

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En ce moment aussi
Le gouffre est ouvert
Où tout se précipite
Avec un bruit de grandes eaux 

 (Roger Munier ,Eden )

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Tranche dans le vif et vois fusant devant toi ce grand trait qui se courbe et ondule bien avant bien après la poussière sur les choses ces méandres ces vagues sur les murs basculer dans le jour briser les cercles les lignes de fond t’ai vu étendre les bras pour t’appuyer t’enfoncer te recroqueviller sous un porche t’allonger sous un pont marmonner

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Verse raconte ces voix troglodytes cette folle allure ce temps où la parole se déchire et paume et poing se ressemblent la nuit nos mots sont mal écrits le bois joue la table se fend impossible de savoir par les fenêtres les portes mystérieuses

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L’eau est si proche du ciel qu’importe simplement la lumière et ce besoin de se draper dans l’air de plonger remonter à nouveau

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Christophe Pineau-Thierry

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Suzanne Derève

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Fragments
(inspirés par l’œuvre d’Anselm Kiefer sur la Shoah)

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Chaises vides  chaises blanches

qui portez des bûchers

qui portez des silences

d’éternité

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Robes jetées comme des voiles

aux ailes froides de l’absence

dites-nous

dites-nous l’errance

dites-nous le poids du passé

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Et si les rails s’amenuisent

pour se fondre dans le néant

c’est que les Dieux ont déserté

jusqu’aux retables des églises   

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dans les méandres du couchant

aux confins de ces plaines grises 

de ces villages abandonnés

ont-ils rejoint l’enfer bu cette neige

atone qui collait à leurs pieds

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Sous les miens ne résonne que  le fracas   

des pierres

pas même un cœur qui bat

une peau qui frissonne

lorsque les blés s’envolent au vent d’hiver

avec l’innocence des hommes

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Charles Akopian

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Marilyse Leroux

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À l’air libre

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Les ruines gardent force d’origine. Le sacré y loge à l’air libre.

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Les pieds évaluent la courbure des seuils. Combien d’années, de siècles ? Les yeux remontent un aplat, courent sur une arête, un conduit. Ici, une saillie, là, un logement de poutre. Fenêtres et portes découpent le bleu pour qu’on s’en souvienne.

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Les mains interrogent la mémoire des linteaux : qui a vécu entre ces murs, qui a soufflé sur le feu ? On imagine les bras qui ont taillé les pierres − les mêmes bordent le chemin qui mène à la bâtisse – ceux qui les ont scellées une à une, patiemment, dans la certitude d’une durée à conquérir sur l’outil. On passe le doigt sur une date, un tracé sibyllin. Le temps se compte en vie d’hommes.

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On progresse à pas mesurés de peur de détruire ce qui est arrivé jusqu’à soi. L’oreille s’imprègne des rumeurs d’avant-hier. Humaines, animales, végétales. Les herbes, elles, continuent leur libre résistance.

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Avant de s’en aller, on lève les yeux pour saisir ce qui tient encore du lieu et de ses os. Le toit à ciel ouvert donne la juste échelle. Pour un peu, on poserait son sac pour endosser la lune.

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Joëlle Abed

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Odessa

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Photo urbaine ; peinture écaillée sur mur ; Paris 75005

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Marc-Henri Arfeux

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Nagasaki

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Alors, la cathédrale de la stupeur.

Il ne pleut pas dans cet azur

Fendu de part en part.

Seulement des ombres floues

Multipliées par le néant.

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Prière vaporisée.

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La cloche, précipitée dans la géhenne,

Ville en damier d’inexistence

Où les cheveux de la douleur

Ont asséché l’espace.

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Golgotha de décombres.

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Mains jointes en cierge absent,

Le vide continue d’implorer.

Statues soufflées, visages sans peau,

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Et la croix, irradiée.

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Louise Brun

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Pierres de runes, de ruines

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