Pendant tout le mois d’avril, Jeudi des mots collecte illustrations pour Les Fleurs du Mal, projets de couverture, et lectures de poèmes dans la langue maternelle des poètes-lecteurs : c’est pour nous une façon de mettre en valeur aussi l’activité de traducteur de Charles Baudelaire, qui a fait découvrir Edgar Poe à la France.

Joël Dely, membre de Jeudi des Mots, a écrit un poème en hommage, avec « Un peu de spleen, un peu de romantisme désuet,  un peu de sensualité.  Trois ingrédients pour tenter d’approcher l’univers,  inimitable,  des Fleurs du Mal… »

Rêverie. 

Quand mes paupières sont tristes,
Que se resserrent les persiennes du coeur 
Mon destin s’encanaille à un rai de lumière 
Qui égaye insolent la robe des feuillages.
Mes bottes d’incertitude, mon manteau de doutes
Glissent, dolents dans la poussière du soir.
Mes sourcils, endoloris, s’agrippent à la courbe
Malicieuse d’une hanche qui tout près déambule.
Ou au ballet gracile de jambes inconnues. 
Mon rêve vagabond s’acoquine sans vergogne 
En des replis secrets aux parfums de l’ivresse.
Et je souris sans honte à la flamme vacillante 
D’un désir improbable qui se perds dans l’instant. 
Hors de l’onde pesante de la mélancolie 
Je respire à nouveau les augustes clartés 
Qui font resplendir et animent chaque chose.
Puis, aux dernières louanges du soleil qui repart en voyage 
Je blottis tout mon être avide de nouveaux rivages 
Dans les bras du couchant qui se glisse vers la nuit.

Joel Dely

Chaque mois, jeudi des mots souhaite vous proposer une activité d’écriture en lien avec le thème de la rencontre (3ème jeudi du mois) : suivez-nous ici, ou sur notre page facebook, où nous partageons les contributions.