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C’est un tout petit livret – réalisé par l’autrice-artiste-revuiste-éditrice comme sa revue « Nouveau Délits » et ses précédentes publications dont nous avons déjà parlé ici. Non pas un recueil de poèmes, mais un journal – de marche, souvent – portant sur les années 2014-2022. L’autrice nous y livre ses réflexions en une série de notations non datées, lacunaires, qui permettent parfois de situer plus ou moins vaguement le texte dans le temps (l’autrice ainsi parle de ses 46 ans et de son 51 ème anniversaire – ou bien précise :
Mon enfant a fêté ses 19 ans le jour où Poutine a décidé de forcer les portes de l’Ukraine
mais ce sont surtout des saisons que l’on suit, des lieux que l’on retrouve, – Cahors, Dégagnac, Cévenière; Saint-Léon sur Vézére… au fil des étapes de longues marches
Marcher semble la seule réponse valable. Et c’est sans doute effectivement la seule réponse valable.
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Ces randonnées calment les tourments, les interrogations de l’autrice, face au vieillissement, à la maladie, -dont on suit les étapes et le traitement – face au monde tel qu’il devient, reflet de la mélancolie qui semble être la nature profonde de Cathy Garcia-Canalès. Mais cette « humeur noire » ne manque pas d’humour, d’attention aux détails – comme ces soins des pieds imposés par la pratique de la marche – et de tendresse pour le monde, qu’elle arpente avec le crayon et la peau comme antenne, pour capter les nuances de la vie végétale, les frissons de la vie animale…
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C’est un tout petit carnet de voyage – qui n’a pas besoin de Sibérie pour nous porter au plus près du monde et de sa magie comme de son horreur – à travers les sensations annoncées par le titre, et la présence des autres, cet humain si complexe vers lequel on se tourne pour lui tendre la main, dont il faut apprendre à se défendre, se déprendre aussi, mais que des gestes désintéressés « d’amour pudique » font remercier de prouver que l’humanité demeure dans les gestes et les gens simples, et se manifestent – du moins dans les souvenirs – quand on désespère d’avoir « cherché le contact, la tendresse, en vain ».
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