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7 – Steve-Wilifrid Mounguengui – Marie-Hélène Prouteau – Cécile Bellamy-Bajard – Harmony Flavigny (photos) – Murielle Compère-Demarcy – Brigitte Broc – Emmanuelle Sarrouy-Noguès – Guillaume Dreidemie – Patrice Dufetel – Alix Lerman-Enriquez –
8 – Lea Cerveau – Perle Vallens – Emmanuelle Sarrouy – Claude Bugeia – Flore Iborra – Sibylle Bolli – Jean-Charles Paillet – Stéphanie Vermot-Petit – Emanuella Rizzo (trad. Marilyne Bertoncini) – Anne Barbusse
9 – Anne-Lise Blanchard – Marilyne Bertoncini – Cécile Oumhani – Brigitte Besos – Gérard Le Goff – Diane Regimbald
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Steve-Wilifrid Mouguengui
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Ruines, ce qui se tient à la clairière
.
Je ne porte avec moi que des bribes
d’une terre quittée plus tôt
J’abrite les morceaux
d’un pays que je ne peux habiter
Peut-être qu’il m’a fallu cela
Pour être à l’écoute de presque rien
Ce qui se tient à la clairière
Tout près et tout autour
Omniprésent et invisible
dans un bruissement de silence
.
Des lambeaux de pays flottent dans le vent des saisons
Sur la crête les montagnes sont des vaisseaux
.
Et pourtant
Longtemps j’ai cru qu’il y avait là
un amas de poussière
Longtemps j’ai été sourd au murmure
.
Amas de pierre qui légendent l’existence humaine
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Tout est déjà là, dans l’angle mort d’un regard trop habitué au spectacle. Un corps porté par la vitesse, une vie programmée, séquencée, une existence projetée en dehors d’elle-même. Peut-être me fallait-il perdre le nord, quitter l’ampleur rectiligne des autoroutes, bifurquer ou dériver dans le lacis des sentes au cœur de la montagne.
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Ralentir ou simplement retrouver une respiration.
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Parole rétive au vouloir
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J’ai délaissé les grands axes pour hanter l’arrière-pays. Traverser en diagonale les vides, les causses. Et j’ai vu des pierres tombées, des bouts de murs.
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Fragments de monde
Récits muets de l’œuvre de l’homme
Trace énigmatique
.
Je te parle de maison de pierres
De gestes ordinaires des gens de peu
.
Des hommes et des femmes qui n’avaient que leurs mains pour façonner la poussière
Chacun de leurs gestes tissant le ciel
.
Parfois
J’ai trouvé au large de la montagne
au milieu des bruyères
J’ai trouvé refuge dans un abris de pierre
.
Et j’ai entendu les voix éteintes des bergers qui traversaient le paysage
.
Constellation de pierres
Ou oasis de sens
Là la fragilité se donne l’homme interroge le vide de sa puissance
.
Je te parle de grange en lambeaux sous les noisetiers
de orris perdus dans l’herbe
De tout ce qui ne fait pas monument
Et qui portent le récit quotidien des gens de pays qui nous ont légué le monde
.
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Marie-Hélène Prouteau
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Ruines, ce qui jamais ne finit
.
elle bras dressé comme un signe
au fils parti l’été 14
stabat Mater des ruines
corps de pierre démembré
dans l’enclos du souvenir
aux MORTS POUR LA FRANCE
.
À travers les larmes elle
capte le démentiel déluge
des nuits d’insomnie
les noirs hiéroglyphes
en langue des runes
aux carrefours rue de Siam
;
D’une guerre l’autre
la mère-fantôme
chante inconsolée le lamento
de sang de cendres
au lieu amer
du cénotaphe aux fils
.
Bafouée la douleur
des champs d’honneur
atroces recommencements
en ce point de revenance
le cœur fait naufrage
en double lot
fleurissent les ruines.
.
.
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Cécile Bellamy-Bajard
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Ruines sans nom
qui se dévisagent
dans le jour creux
où souffle le vent
.
Une pie acquiesce
au silence immense
mort-né de l’espoir
et du néant
.
Le linge pend seul
toutes les larmes bues
de l’aube
L’herbe solitaire
.
retient dans ses canaux
le son des voix tues
qui s’éteignent une à une
avant la pluie
.
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Harmony Flavigny
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Gruissan, Tour Barberousse, dernier vestige d’un château médiéval détruit sous l’ordre du cardinal de Richelieu sept siècles après son édification.
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Murielle Compère-Demarcy
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à Pascal QUIGNARD
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Un oiseau buse
de Harris
Un livre
ouvre l’Obscur
de ses ailes
de lumière
libérant la parole pariétale
.
Ruines demeurez là
Runes en performances de ténèbres !
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Un oiseau
Un Livre
s’allume
Plume du poète
Oiseau de l’être
il porte l’épopée du jour
comme veille l’étincelle des ruines
au Phénix de l’éternité
.
.
Brigitte Broc
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Il faudra un alphabet rutilant,
dégagé des ornières
et des pièges sournois.
Un alphabet de glaise,
puisé à la source première.
Brandi, dans la démesure de vivre,
il arrime florilège de feuilles,
stances de vent,
et son pouls est saccade,
cascade de rires et de mains réunies.
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Runes en cavale,
cavalcade de naseaux
et de troncs puissants,
vous incendiez les friches
et les sombres fourrés.
Le silence devient murmure,
ses gestes sont verts, et amples,
il est sillage, il est sillon,
où des lettres brûlantes viennent boire,
où les lèvres d’avril s’arrondissent
en un chant.
.
L’ancien feu est brasier,
sa danse, invulnérable,
au beau mitan du monde.
Gravée dans la pierre, dans l’écorce,
la parole s’élance et rassemble.
Sur les ruines des mots jamais écrits,
jaillit la sève de nouvelles traces.
Elle ensemence la terre, le ciel.
Elle est chair et vertige, cime et paroi.
Gravée dans la vie, la parole est poème.
Le poème est passage.
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Emmanuelle Sarrouy-Noguès
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Ruines, traces, chemins…
.
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Guillaume Dreidemie
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Ovide ! Puisqu’à tes lèvres le marbre agité d’un soupir,
Puisqu’à ma lèvre où tremble la raison, j’ai retenu un cri, déchaîné !
Ô vie chère à ces siècles d’anges et de furies,
Ton cœur bat à ma tempe,
Battement léger de l’aile qu’on croyait perdue,
Nous n’oublierons plus de chercher le sens des pierres,
Ruines, échardes vives au cœur de la blessure,
Icare laisse un sillage où je m’engouffre, on me croit perdu !
Ruines, avides du ciel, luttent entre elles pour prendre la lumière,
Aux ruines du Forum j’ai encore pleuré,
Je me suis battu pour des luttes d’Enfers,
Maquillages ruinés des Belles de nos jours,
Je garde le portrait d’une Dame en majesté,
Bas-relief d’un tombeau de velours !
Ovide, ô vie ! Tes vers ont fait couler des larmes du premier siècle dont je goûte le sel…
Argos garde ses cent yeux ouverts, et je dénoue ma chevelure !
Ovide, les Moires tissent plus lentement en écoutant tes vers…
Toi qui pressentis que tu pouvais douter des dieux ! Ovide, dans l’ombre de Rome, je t’ai retrouvé
.
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Patrice Dufetel
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Mais alors
il reste un peu de nous
au fond de ce gouffre
un oiseau blessé
au pied de l’arbre.
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Il ne reste rien
c’est dire qu’il ne faut oublier
ce qui a existé.
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A l’angle des rues
la terre s’est brisée.
.
De jolis feux ont dévoré
ses yeux
sa bouche
et son aurore.
.
La buse éplorée
sur son cadavre
tournoie lentement
au fond de notre âme.
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Mais alors
où vont les hommes
avec tant de jours sur le dos
dans la ville dévastée.
.
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Alix Lerman-Enriquez
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Vestiges
Sur une vieille pierre, d’anciennes lettres creusées à même la roche brune.
Traces infimes d’un passé qui ressurgit.
Coquillages fossilisés, abeilles encloses dans l’ambre doré.
Et sur le rocher où s’inscrit notre histoire, une mouette déchiffre cet alphabet de pierre qui luit sous la lune intime, rosit à l’aube, rougit au couchant.
L’oiseau chante la mer, déchiffre ces lettres en creux d’un poème millénaire mis en musique par le vent,
Démêle les algues sur la grève, cueille quelques brins d’herbe froissés qui forment des mots tressés de silence et de soleil gravés à même la pierre ou le sable.
Lettres perméables aux vagues qui s’échouent sur les ruines de nos souvenirs.
Runes de sable qui s’effacent la nuit, renaissent au grand jour sous le ciel bleu.
Braises du passé qui explosent, escarbilles sous la chaux vive de l’été.
.
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Léa Cerveau
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– nos seuils –
.
Sur nos seuils
aux portes de nos mondes insensés
la lumière répare l’ombre
et l’ombre sépare la lumière
en éclats de soi
voilà que l’on creuse nos premiers hivers
dans le lierre épais de nos ruines
les portes sans clé
les fenêtres sans reflet
laissent pénétrer nos rêves fous
nos désirs insolents
nos vies furieuses
ici, nous saisissons le froid à bras le corps
nous laissons le vent se jouer
de nos nuits sans lune
siffler dans nos cheveux
caresser nos chairs gelées
sur nos seuils
aucun obstacle à franchir
aucune frontière à dépasser
seulement nous
vivants
dans l’ombre et la lumière à la fois.
.
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Perle Vallens
.
Urbex
.
L’assise cousue main bordée d’insectes rampants
coussins que rembourre la vermine
d’un fauteuil à l’abandon ses bras vernissés toujours intacts
.
tendus vers la vitre d’une vie passée boivent la lumière
à l’avant-scène d’une zone urbex
colonisée par des lianes rôdeuses
.
Ce sursaut d’existence s’entortille
sur parquets percés et bris de glace
leur montée de vert dans les meubles éventrés
générations nouvelles de tiges et de jambes
des adventices indiscrètes entrées par effraction et des squatteurs
.
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Emmanuelle Sarrouy
.
ecballiums parmi les ruines
.
hommes femmes enfants
peuples de toutes contrées
d’Orient ou d’Occident
nous nous sommes croisés
sur les chemins d’errances
terres dévastées de nos identités
géographies brûlées des heures oubliées
vestiges de nos langues atrophiées
.
la terre a tremblé et les larmes coulé
la terre encore
s’ouvrira de mille guerres intestines
les larmes à nouveau
couleront sur les rêves de paix
.
mais au milieu du carnage, folie de poignées d’hommes
vous avez choisi de pousser ecballiums
sisymbres et autres solanacées
pissenlits et coquelicots révoltés
sauvages rebelles et plus vivaces que jamais
champs de cailloux failles et pierres froissées pour alliés
.
vous ecballiums parmi les ruines de nos sombres années
vos racines plus robustes qu’à l’accoutumée
intensifieront nos force et détermination sans frontières
déploieront la trame colorée de nouveaux alphabets
pulseront le désir de langages explosifs
dans la puissance du vivant sans cesse renouvelée
.
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Claude Bugeia
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Saccage
.
Décombres austères
Fumants et noirs
Tôles torturées par les flammes
Air chargé de cendres
Chiens errants affolés
Tableau de misère
Sombre avertissement
D’un long retour en arrière
Seule la terre brûlée devient fertile
Tout le reste n’est que tourments de guerres
Dont l’homme sort toujours battu.
.
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Flore Iborra
.
Elle survolait ses ruines
plissait les yeux
pour mieux voir
leurs formes torturées
banales
et compactes
qui sans fin
se défaisaient
pour revenir
mouvantes
dans les ruses
du souvenir
.
chérissait leur laideur
abandonnée
là
dans des corridors
obscurs
pliée et dépliée
sans fin
déballée
par l’oubli
.
ruines plus précieuses
que le souffle froid
des victoires
dépassées
toujours dépassées
étrangères
au feu de sa vie
.
en elles reposait
sa profondeur
creusée de ses propres mains
de ses griffes
et de ses erreurs
.
silence
où des vents ironiques
surveillent
des pierres blessées
.
vérité
des arêtes vives
sur d’innocents malentendus
de grands châteaux s’étaient levés
il n’est resté que des fenêtres
des lueurs
où passe le ciel
.
et puis
des larmes
étaient venues
qui mouillaient
brusquement ses mains
pour lui parler
de son
refuge
ce pokoï
amer
et salubre
d’où elle venait
et reviendrait
.
née sur les cendres
d’autres ruines
d’où elle voulait tirer
ses mots
signes épais
qui s’envolaient
se dissolvaient
dans le brouillard
des runes sortaient
de son haleine
devenaient cristal
en hiver
la menaçaient
de leurs flocons
de dire
ce pays lointain.
.
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Sibylle Bolli
.
L’axe du soleil
l’île était belle
et tu resplendissais
moi j’égrainais les Minotaures
à l’ombre des murs
rarement flottait jusqu’à moi
le parfum des cistes et des bleus
déboulant par-dessus nos ruines
tu me saisissais alors
dans ta bouche d’aède
et je pouvais danser
un court instant sans point fixe
sur le dos tavelé de la mort
.
l’île était belle
tu resplendissais
toujours je cherche notre langage
la rune de l’olivier celle
de l’amandier et plus loin
ton fugace reflet d’aimer
enfoui dans mon labyrinthe
.
il me faut notre alphabet
de sauges et de cris
de béantes blessures
seulement ainsi je
pourrai te danser
sans point fixe
sur le dos tavelé de la mort
.
.
.
Jean-Charles Paillet
.
Des pans de murs
en mal de solitude
des ronces au galop
une ancienne maison
à délivrer du silence
.
Si loin le premier matin
le géranium à la fenêtre
la fête autour du puits
.
et sur le pas de la porte
la silhouette d’un vieux
courbée du poids de la terre
.
S’attarder
en ce lieu
hors du temps
de murs effondrés
et de ronces
témoigne
d’un recueillement
.
.
Stéphanie Vermot-Petit
.
Little Girls
.
Il a neigé sur Odessa, sur Hiroshima, sur Guernica, dans la vallée de la Beeka. Il a neigé sur Marioupol, sur Mayenne, Marseille et Montecassino : Tokyo, Kiev et Caen et puis Kharkiv, Beyrouth, Dresden, London et puis Savone. Qu’avez-vous fait de mon pays ? J’ai tiré le fil traître dans sa cachette, la chevillette de la maison de la honte, et tout s’est détricoté : maille par maille, mur par mur, pas de pitié pour ceux qui résistent. Un jour le monde sera aussi blême qu’une lune privée de sa nuit, une lune aux joues criblées d’acné, à la bouche arrondie en un rictus horrifié : son unique œil condamné à la lumière. Ils pourront bien se réunir à l’endroit où poussaient autrefois les arbres, les druides : leur ancien dieu n’y verra que du blanc. Voilà ce que deviendront les pays, les peuples, les devins, les dieux, le cœur pris dans les glaces éternelles. Oiseau de mauvais augure, quand donc te tairas-tu ?
.
.
Emanuella Rizzo
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Non dimentico
alberi fitti di foglie,
riflessi d’argento,
su rami ricurvi,
mentre
la storia si ripete.
Non si cancellano
millenni di storia
incisi su cortecce
di vita.
La storia dei miei
ulivi
di un Salento assolato
è scritta
nella mia anima
per sempre.
.
Onore÷ ieri, ora e per sempre a chi è riuscito a salvare la nostra storia scritta su cortecce d’ulivo.
.
.
je n’oublie pas
les arbres au feuillage dru,
les reflets d’argent,
sur la courbe des branches,
Alors que
l’histoire se répète.
Rien n’annule
les millénaires
incisés sur l’écorce
de vie.
L’histoire de mes
oliviers
du Salento ensoleillé
est inscrite
dans mon âme
à jamais.
.
Honneur… hier, maintenant et à jamais à ceux qui ont su préserver notre histoire écrite sur les écorces d’olivier.
Trad. Marilyne Bertoncini
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Anne Barbusse
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défricher/déchiffrer
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sarcler la ruine-blessure (l’espace donne quand le temps retire) outils et métal déshabiller la terre pirate dénuder
pierres et mots (re)monter murets désossés corps de l’enclos déstructurer les chênes sur peau calcaire ronces et aubépine labourer les restes (un cul de chaudron, gond rouillé)
défricher les siècles aux arêtes disloquées nettoyer poussière réfractaire mortier griffes de racines crues (un seul merisier sauvage peut desceller le chambranle) au seuil gravier et surgeons
déchiffrer/défricher la langue de la ruine (sourde et muette) la langue plate à l’arase scier les rejets buis secs pierres sèches (ôter dépôt d’humus) puis questionner l’angle de la langue perpendiculaire et la mousse joufflue blocs tombés sur l’automne alors biffer le cadastre ôter lierre et saxifrages dénuder (petites pierres au centre, entre les grosses, les plates, celles qui font date) niches ensablées hisser les toutes tombées depuis quand et poser les mains sur autres mains les mortes celles qui ont osé cartographier la forêt (cercle bivalve des fours à pain)
la langue des siècles déchiffrer (l’automne et la ruine) la toute tombée (de tous ses troncs la forêt de nuit engloutit la ruine) réassembler pierres imbriquer linteaux de fenêtres encastrer mains griffées de lianes/branches mains des autres siècles (avec le sang) les terrés des bois charbonniers chevriers ont écrit quadrillage – sur le flanc de la terre-montagne de la terre-forêt abris de pierres comme des parias (cyclopéennes ou tuiles cassées) tessons de cruche paysans grouillants/bêtes allaitantes flanc de falaise grotte muée à gorge ruine préhistorique de la ronce mains adjacentes et le sang
alphabet tronqué de la ruine (manquent les poutres manquent les chevrons manquent les tuiles) madrier émacié veiné de pluie châtaignier écorcé plein ciel chaque recoin sarcler démuseler l’énigme fouiller la chair évidée des mondes pauvres (petite archéologie du détail) taillée la pierre angulaire où mortier réfractaire où brique pleine où les lauzes plates (poser le pain)
défricher/déchiffrer ruines (tant de pierres plates pour faire pain) avec les mains-outils mais qui était là qui faisait quoi (bêtes ou hommes) cuisait le pain démêlait monde dépierrait (pommes de terre) terre-pierres d’Ardèche (ils marchaient entre les ruines devenues, ils vivaient) murs-pierres et la forêt mêmes chênes et les fantômes y déceler les restes morts/ongles cassés (un habitat est un texte maladroit tracé sans lettres sur les terres drues)
décrypter dédales-effondrements et murets/escaliers en bas la brume effiloche les vivants les restants dans bois pierre terre la ruine et elle regarde les mains qui la font le temps qui la défait squelette nu ni chaux ni enduit (qu’y faisait-on qu’y vivait-on) deux pierres plates saillantes (poser le pain) épeler la quinconce disloquée pierreuse ne pas faire tomber la dernière la blessure entrelacs d’enclos labyrinthés dessous la bergerie la noble morte dessous les chênes caves branlantes poussent les arbres regarde fantôme à voix calcaire ethnographie d’une vie mais dis la ruine ta langue de ruine
sarcler les ruines-énigmes les ronces la terre la peur la mort déjà calcaire désensabler anfractuosités rentrer les bêtes rentrer le temps empiler faîtage vitaliser les ronces la terre la morte
(la ruine aboutit à plus que nous-mêmes, elle interroge comment l’homme habite le monde comment il circonvient son destin puis abandonne, le déshabite)
.
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Anne-Lise Blanchard
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Bouquets d’étoiles distordues bouquet
d’ellébores bouquets de mort
la terre se tarit sous le feu cèdres
et cyprès pleurent larmes de pierre
ô terre du Levant ton peuple
arpente les cachettes de la douleur
traque une nuit de soufre de cendres
devenue routine que n’érafle plus l’espoir
pierres de chair incandescentes témoins
de l’avènement d’une Humanité
en ses rêves de terres fécondes
ô terre du Levant
Ta paume comme une rose ouverte1
tu nous enfantais notre ingratitude
te supplicie à ciel ouvert
dans l’inconnue des marges et variables
et nos paupières se resserrent
sur ton alphabet de runes devant
la mer verrouillée ô terre du Levant
Anne-Lise Blanchard
_
1 Guy Goffette
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Marilyne Bertoncini
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Lasciate ogni speranza…
Voi ch’entrate1
parmi les lichens gris du souvenir
entre les rochers moussus
au ras d’une eau où flottent
les déchets de la mémoire
et une rose pathétique
une rose synthétique
qui naguère pour une âme fut
l’Unique
.
Las ! les épaves de nos vies
s’éloignent indolentes
avec les dieux déchus
que porte une eau indifférente.
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1 – Dante, La Divina Commedia
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Cécile Oumhani
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Écrits du vent et de la pluie
journal d’un lent passé
qui lira leur encre
trempée à la sève des nuages ?
ils s’enchevêtrent aux entailles
de canifs inconnus
saisons posées puis laissées
simples oiseaux en transit
au grand débarras de nos rêves
des voix soupirent
égarées dans la nuit des pierres
une plante en chemin vers le jour
germe en secret
nourrie par la parole des mains
au doux faufil de la lumière
.
à l’infini les vies se nouent
puis se renouent
passées de main en main
l’eau du temps
sans relâche lave
leurs désirs en éclats
quelles ombres se penchent
et murmurent au soir
depuis l’arche du vieux pont ?
mots du vent et de la pluie
patients bris de pierres
offerts à l’énigme du jour
.
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Brigitte Besos
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L’Arbre-mémoire
.
L’ olivier millénaire a entrouvert l’ azur
Au-dessus des murets qui effritent leurs pierres…
Une force émeraude, ombragée de vieux lierre
Rejaillit de la roche en montant vers le ciel.
L’ Arbre écarte ses hautes ramures de chevreuil
Encore enchantées par les feuilles :
Quatre troncs en tourelle hachurant le vide
Château en ruines pour habiter ailleurs
L’entre-espace fuyant aux meurtrières du temps …
A bout d’usure entre les chemins creux ,
L’Arbre dresse sa tour végétale
Sous les restanques bleues
Des citernes aux voix anciennes,
Redonnant par milliers des olives rosées d’encre noire.
Que d’onctions et de signes en lettres sacrées
Pour bénir d’huile d’or, les vivants et les morts !
L’ Arbre chuchote ses mystères de lézardes
Infiltrées de clairs de lune et de cris d’oiseaux.
Dans le tréfonds de ses trous , bosses et arcades,
Vit un peuple de fées et de diables cornus
Aux chants glacés de nuit et secrets de rosée…
Un souffle entorsadé de vent et de sève dorée
Incante ses troncs gris aux fémurs de bois noir
Tout annelés d’ ivoire…
Le cours du temps s’inverse au fond de l’Arbre sage
Qui prend racine en la lumière des collines .
La nuit, à travers l’olivier en clair obscur bleu vert ,
Un masque ancien perce soudain mes yeux ouverts
De visions claires et de poussière d’étoiles…
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Gérard Le Goff
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Coecilian
J’ai fait inscrire sur un entablement de mon manoir ces mots orgueilleux peut-être : « Ici j’ai découvert la vérité du monde.«
Saint-Pol Roux
Elles semblent rivées au ciel bas
ces tours brumeuses,
sans une racine pour les lier au sol.
Des lambeaux de murailles
esquissent une ossature d’ombre
et révèlent au bas de la falaise
le mirage mouvant de la mer,
dont l’orbe incertain
s’inscrit dans les ajours de la pâleur.
Des semblants de ponts coupés
s’échinent à ne plus rien joindre.
Château rêvé par un voyant
pour découvrir la vérité du monde.
Maison battue par la galerne,
giflée par la tempête, mais tenant bon.
Manoir incendié par la guerre,
détruit par la furie des hommes,
devenu fantôme de rocaille et d’herbes folles.
Au loin, la lande rase
brodée de bruyère mauve
que rehausse l’or de fleurs sauvages,
les alignements de pierres levées,
si drues contre le vent,
attestent la permanence des légendes.
De grands oiseaux gris et blancs
tournoient avec l’arroi des nuages
et emportent au loin de Coecilian,
mêlées au-dessus de l’écume,
les espérances des justes
et la haine des bourreaux.
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Diane Regimbald
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Allées des langues
.
le sommet s’étourdit du vent
des langues
qui se défont
s’atrophient se démembrent
se refont
au vif de lumière
.
des étiolements de matières
et des apparitions parfois
de lettres perdues
presque effacées
presque duveteuses
du vert des mousses
.
la disparition signe l’absence
et l’oubli
des pierres défaites
comme poudre de craie
des voix en écho manifestent les désolations
voix inattendues
dans l’étreinte appelée
.
je me retourne
comme statue de sel je reste là
figée
témoin des mouvements des idiomes
regard marqué par ce qui est encore inscrit
dans l’entaille
.
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1 Comment
Urbex dans Embarquement poétique – Attrape-rêves
[…] Ru(I)nes – runes & ruines (7 & 8) sur Embarquement poétique, voici un nouveau texte, Urbex, (après ce premier sur les ruines de […]