.

Ces textes en français seront lus lors de la présentation du projet à Nice, Chez Pauline, et à Paris le 10 juin, en marge du marché de la poésie, en lien avec le projet international d’Antje Stehn, également soutenu par Recours au poème où vous trouverez, dans le numéro de septembre-octobre, des informations sur les autres créations collectives d’Antje Stehn.

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Lors de la présentation de Capelli al Vento, au Piccolo Museo della poesia San Cristoforo a Piacenza, la chanson de Roberto Marzano (Genova) :

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contributions de :


– (14 et fin ) Negin Fallâhi (Iran, 1982 – France), poème traduit par Franck Merger&Niloufar Sadighi, Nancy R. Lange, Christine Durif-Bruckert, Dominique Bergougnoux, Claudine Bertrand.
– (13) Muriel Verstischel, Tatiana Gerkens, Claire Legat, Elisabeth Granjon, Diane Régimbald, Lo Moulis (poème et oeuvre textile)
– (12) Marc-Henri Arfeux, Gabriel Fabre/Lisa Dalfino, Nicole Pronier, Catherine Pont-Humbert, Jean-Claude Bourdet, Christophe Pineau-Thierry
– (11) Joëlle Petillot (ill et texte), Eva-Maria Berg, Danielle Péan-Leroux (portrait brodé), Dorothée Coll
– (10) Cécile A. Holdban,   Jean-Pierre Otte (ill.), Anne Barbusse, Dominique Penez, Louise Caroline (ill.)
(9) Marilyne Bertoncini, Dominique Hecq, Eve de Laudec, Jean-Claude Bourdet
– (8) Laodina (pastel), Martine Morillon-Carreau, Martine Audet, Carole Mesrobian, Reni Koleva
– (7) mbp (illustration), Denise Desautels, Louise Dupré, Béatrice Pailler, Estelle Fenzy & Gwen Guégan (dessin) Anne-Lise Blanchard
– (6) Elizabeth Guyon-Spennato (poème et photos), Florence Dreux, René Chabrière, Josiane Guitard-Leroux (photos), Michel Lamart
– (5) Angèle Paoli, Marie Desvignes (peinture) & Marilyse Leroux, Christophe Condello, Josiane Guitard-Leroux (poème et photos)
– (4)Nadine Travacca, Viviane Ciampi, ValérY meYnadier, Chantal Plaine
– (3) Re Chab, Emmanuelle Sarrouy, Sandrine Davin, Patrick Williamson
– (2) Sophie Brassart, Béatrice Machet, Marilyne Bertoncini, Marilyse Leroux, Alix Lerman-Enriquez
– (1) Florence Daudé (poème et photos), Jacqueline Saint-Jean, Marc Ross, Lydia Padellec …

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14 et fin

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mbp composition numérique

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Negin Fallâh

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une barricade dans la tête

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les yeux de l’enfant, volés par le dictateur

la mère de l’enfant, volée

son père, volé

sa terre, volée

.

le monde sur ma rétine

vide 

néant

absurde,

sur la page : couleur

dans mes yeux : noir et blanc

un hiver s’écroule sur un enfant

.

sur la page : couleur

dans mes yeux : noir et blanc

mon obsession

pour un enfant sans espoir 

ignorant même le mot désir !

.

je quitte les abymes de ma peine pour des terres plus sûres

ici pas de barricade

je bâtis une forteresse autour de mon corps

.

bercé du chant des montagnes un enfant s’endort

je crie – réveille-toi !

donne-moi la lumière de tes yeux

la terre de tes mains

le printemps de ta marche

.

pour changer le monde

.

trad. Franck Merger et Niloufar Sadighi

.

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Nancy R Lange

.

chevelure fluide

je me souviens

auréole légère

autour de ma tête paisible

flottant tôt le matin

à la surface d’un lac

.

manteau ouvert cheveux longs

leur ondulation

compagne du claquement de mes talons

mes pas résolus

chaussés de bottes de cuir

.

adolescente

les routes du monde

.

cet horizon je le veux 

pour moi et pour mes soeurs

ici et là-bas

grand ouvert

.

.

La tondue 

Christine Durif-Bruckert

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En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait des filles.
On allait même jusqu’à les tondre,

Paul Eluard 1

.

À pleine main

Dans la chevelure maudite

Le ciseau avide

Agité

Veut que ça tombe vite

Plus vite.

La clameur est en fièvre

Les mèches frivoles

S’envolent

Trop lentes

Piétinées

Tondre et tailler

Les mauvaises herbes, la mauvaise vie

Les brûler

Mèches calcinées au bûcher.

.

La haine chante la trahison

Les amours coupables.

Lamelles d’écorces, lambeaux de corps

Gisants sur le sol.

L’arbre saigne.

Des odeurs de pluie de boue montent de la terre

Tournoient dans les cheveux de laine sous le regard hébété

D’une foule hélante

Comme un troupeau de bêtes affamées.

.

Cheveux perdus

Crâne tondu

Il n’y a plus de corps.

Il s’en va

Se vide

Expurge les miasmes ennemis.

L’intimité tressaille

Gosier brûlé

Fureur

Le corps est pris

.

Un cortège carnavalesque

Excite le châtiment

Crache des feux d’orage

Silence écorchée

Balafre vivante

Elle regarde le sol

Là, mais plus là

Et sa bouche qui n’ose boire  un peu d’air.

.

Dans la nuit glacée

Son crâne fendu offense la lumière.

Ombre misère

Crâne vif

Luisant de quelques reflets de ciel.

Proie.

La clameur la récupère

La met à genoux.

Zèle purificateur et virilité reconquise

A pleine main

La défigure

Sous un brouillard de déraison

Et de violences irréelles.

.


1 « Comprenne qui voudra », poème de Paul Eluard écrit en 1944, à la Libération et publié clandestinement dans le recueil de poèmes « Au rendez-vous allemand », Éditions de Minuit, 1945

.

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Dominique Bergougnoux

.

C’est un pays au goût de datte et de safran
où le rêve des femmes est derrière les barreaux

.

C’est un pays de soleil et d’ombre
où l’on étouffe les cris

.

C’est un pays où les femmes lancent leurs foulards
haut dans le ciel
en bravant la mort

.

C’est un pays où les femmes sont belles et fortes
où le courage s’écrit plus que jamais au féminin

.

Ô mes sœurs voir vos cheveux voler au vent
Vous savoir libres enfin !

.

.

Claudine Bertrand

.

 MOTS MUETS

.

Des choses restent tues

tu éprouves la blessure dans la pénombre

se referment les ténèbres sur les ténèbres

.

si tu repiquais les mots dans leur terreau

ils prendraient un autre aspect

derniers spasmes de la parole muselée

faire la « guerre » à la mort

la mettre en sursis

.

tu es en prière devant elle

comme devant la toile d’un grand maître

elle se transforme en métamorphoses

.

quelque chose enfoui

depuis longtemps se rue sur toi

tu es né dans le pays de la mort

elle te colle à la peau

.

Si tu meurs

c’est pour renaître

cheveux au vent

.

13

Assomption de Marie-Madeleine, cathédrale Saint Jean, Torun (Pologne) (wikimedia commons)

.

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Muriel Verstichel

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Il y a ce drap qui pèse sur ta tête

cette étoffe morne où glisse ta main

Sournoisement des limbes

creusent ta voix 

jalouses de ta beauté

Il y a cette faille tenace où s’engouffre

ton petit monde pour te séquestrer

en basse-cour de folie

où les becs de pierre cassent

     les têtes d’ange

Il y a ce drapeau d’ébène arraché

aux crânes des roses bleues

ta lessive tachée par la terre cuite

du mur où s’appuie le silence mondain

A l’heure où l’huile s’épuise

les lampes dénouent tes cheveux

un soulèvement de mèches

dans l’éclatement du poème

le reflet de ton visage

     dans le plat d’argent

                             

.

Ce qui reste…

Tatiana Gerkens

.

Ce qui reste de ta peau lorsque la terre et les racines des arbres

nouée à leur force tranquille

ensevelie dans la trame d’un nouveau printemps

tu cherches le ciel et l’écheveau des océans

Ce qui reste de l’écume à ta peau de combattante

de tes doigts mêlés dans le souffre et le vent

lorsque ton chant dénude gorge et nuque

comme on s’offre en sacrifice

Ce qui reste des marées au secret des tisseuses

la mémoire ré-enfantée le rire des femmes

leurs blessures d’épis tressés si longues aux mains

dans l’ocre des sables et les nuits de sel

Ce qui reste de ta bouche censurée ma sœur

la lumière d’un nouveau jour ton silence qui brûle lorsque

d’un seul geste cheveux-sablier dans la paume de cette terre

et les racines des arbres nouées dénouées

Ce qui reste

La trajectoire des comètes les chevaux ensauvagés

et le parfum toison d’or d’ébène de cuivre ou d’argent

.

De ta puissance de femme

.

Ma sœur

.

.

Redéployés…

Claire Legat

.

.

.

.

.

.

Fille d’Iran

Elisabeth Granjon

.

Tes mèches sont tombées

Comme larmes

Au pays de la répression

.

A la recherche d’une paix

Qui saurait anesthésier ta colère

Tu rêves le cœur ouvert

.

Militer avec le vent

Bondir dans un stade

Danser ta liberté

.

T’envoler loin d’ici

Te suspendre à la lune

Tester la légèreté absolue

.

À la régalade

Boire les rayons du soleil

Et oublier le reste

.

.

Tes longs cheveux sous la lumière voilée du soir

Diane Régimbald

.

toujours le vent caresse

les tissus de ta robe

tes longs cheveux

au même rythme que ton corps

dansent

le désir d’exister

comme femme libre

.

et tu chantes le renversement

des contraintes

et tu cries pour toutes celles

mortes d’avoir voulu être

.

nous nous baignons dans la mer

le soleil se couche au désir d’enlacer

nos prières sans dieu

tes prières d’être enfin

cheveux emmêlés au visage

.

.

Les Echappées – ex voto

Lo Moulis

.

.

tu portes

l’honneur du monde

un rêve ébloui

à tes épaules

.

depuis longtemps

le nom d’une douleur

âpre

vient heurter tes cheveux

.

une fugue

en promenade derrière la peau

tu enjambes les lignes

la vie est ici

.

.

12

.

Marc-Henri Arfeux

.

Si l’herbe nue parcourt les horizons,

Comme les nuages, les grands oiseaux subtils

Et les montagnes au vent doré,

Qui donc encerclerait le jardin des visages ?

.

Pourtant, les longs cheveux de solitude

Ont oublié la lune et les fraîcheurs d’étoiles.

Nulle main ne les dénoue dans le parfum de l’aube.

.

Ils restent sans musique

.

Au plus profond des plis creusés pour eux

Par un destin de cendre et de miroirs brisés,

Qui porte des noms d’hommes.

.

Celle qui fut goutte en un matin

Est engloutie,

Tous ses feuillages et ses rosiers

Vendus au prix de la poussière.

.

Entre les mots de son absence,

Demeure la forme d’un regard.

.

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Gabriel Fabre (photo) Lisa Dalfino

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oeuvre de Lisa Dalfino, exposition 2011 biennale San Remiggio – photo Gabriel Fabre
détail

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Boucles blondes

Nicole Pronnier

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Elle est enfin arrivée, la merveille, toute blonde et rose. Elle n’ose encore ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure et ses petites mains s’agitent au bord du drap.

Du bout des doigts, délicatement, je caresse le duvet qui recouvre son crâne. Il est si clair, si fin, aussi doux que de la soie.

À peine ai-je fini de m’émerveiller que la petite fille a déjà quitté son écrin. Elle gambade dans le jardin. Ses boucles blondes dansent sur ses épaules tandis qu’elle se précipite vers moi en riant pour se blottir dans mes bras.

Le temps a passé, trop vite à mon goût. La jeune fille qu’elle est  devenue essaie de maîtriser sa chevelure indisciplinée. Elle passe et repasse l’appareil, mèche par mèche jusqu’à obtenir une coiffure bien lisse. Rien ne doit dépasser.

Si elle prend tant de temps à soigner ses cheveux, c’est qu’elle en fera don, lorsqu’ils auront atteint la bonne longueur, à une association qui répare les dégâts causés par cette fichue maladie : ce crabe vorace que l’on combat à coup de remèdes chimiques.

Je me demande si un jour c’est moi qui les porterai.

.

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Tête nue

Catherine Pont-Humbert

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Nuque tendre offerte au vent

Cheveux lâchés en indomptables tornades

.

Le sol jonché de tissus arrachés aux sentences

Fantômes abandonnés aux clameurs

Quittés d’une seule haleine

.

Tête nue de la colère

Sœurs aux cheveux légers jetés sur les frontières

Enroulés en tresses de vie

Défaite des barbelés

.

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Caresser mes cheveux au vent

Christophe Pineau-Thierry

.

mes longs cheveux emprisonnent

des hommes vaillants que j’étouffe

moi la femme indocile et responsable

de toutes leurs dérisoires tourmentes

.

voyez mes cheveux qui s’envolent

déroulant le bandeau de notre liberté

et qui déploie les emblèmes gravées

de ces simples héroïnes qui combattent

.

pour conjurer toute haine ou vindicte

et avancer sur le chemin du partage

osez caresser mes cheveux au vent

j’accueillerai vos rêves d’immensité

.

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Chenille

Jean-Claude Bourdet

.

.

11.

..

Joelle Petillot

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Joëlle Petillot

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Si vous barrez tous mes chemins, je volerai

si vous cousez ma bouche mon cri portera au-delà d’elle

vous pourrez coller mes pieds au sol il me portera malgré vous

votre haine me fertilise

votre colère me cuirasse

votre bêtise est un oiseau absurde

que j’assommerai de mon rire

 les hommes qui marchent dans nos pas

sont forts de notre force, courageux de notre courage

ensemble nous sommes mur montagne soleil sable

quand vous vous n’êtes rien

je prends mon voile je le déploie dans le vent

vous n’aurez rien de moi

car

je suis l’océan

.

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Eva-Maria Berg

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si tous les voiles

noués de force

autour des cheveux des femmes

étaient défaits puis

attachés les uns aux autres

partout le soleil en serait obscurci

les humains

désapprendraient à lire

et ils ne se verraient plus

les plantes flétriraient

les animaux entreraient

en hibernation permanente

mais l´obscurité réveillerait

le souvenir des couleurs                                           

dans les rêves des

enfants non-nés

(traduction de l’autrice avec l’aide de Marilyne Bertoncini)

.

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Portrait de Roya

Danielle Péan-Leroux (artiste textile)

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Danielle Péan-Leroux – portrait de Roya en broderie de cheveux

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Le fil fait partie de ma vie, il est inscrit au plus profond de mon être, il m’est aussi précieux qu’un crayon. J’ai la certitude que mes gestes, répétés de façon incessante, sont inscrits dans une mémoire ancestrale, que la manière instinctive dont ma main s’exécute provient de ma lignée, de mes ancêtres tailleurs d’habits et brodeurs et qu’ainsi, j’établis une reliance entre présent et passé.

Cette photo de Roya Piraie devant la tombe de sa maman, tuée lors d’une manifestation suite au décès de Masha Amini, a fait le tour du monde et elle m’a beaucoup bouleversée. Bien sûr, il y a l’émotion de voir une jeune femme sur la tombe de sa maman, avec ce ressenti d’une profonde injustice. Mais il y a Roya… sa présence, cette action symbolique de s’être rasée le crâne. Et elle, paraissant si grave, forte et fragile à la fois.

Je le connais bien à présent son visage, parce que cette broderie, réalisée avec des cheveux, pour que ça ait un vrai sens, m’a pris… un certain temps…

C’est un hommage à Roya, mais au-delà, à toutes ces femmes qui se battent en Iran, pour leur droit à la liberté la plus élémentaire.

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Dorothée Coll

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Tête nue
Si je rasais mon crâne à blanc
Me reprocherait-on
De sortir tête nue ?

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Et si, de mes cheveux coupés
Je tissais un foulard
M’interdirait-on de le porter ?

.
L’absurdité
Nourrit mon désir d’émancipation
La rage au cœur, cheveux flottant,
Mes boucles noires tendent au ciel leur hameçon
Si j’y monte pour cet affront
Il aura la bouche écorchée

.

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10.

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Tresses*

Cécile A. Holdban

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Cécile A. Holdban, Autoportrait au poisson, collage et aquarelle

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Tresses

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On peut regarder le monde avec des yeux de verre

comme une poupée mécanique

on peut réciter mille versets savants

et omettre de vivre

.

De l’autre côté de la rue, on rit, on achète le pain

et on tue pour un mot

ici, je tresse les cheveux de mes filles

 et j’en oublie que je suis libre

.

Un nuage voile la lumière du jour

on ne voit que ce que l’on veut bien voir

le soleil aussi a des cheveux

ils sont plus beaux que tout.

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*Poème tressé de vers de Forough Farokhzad, de Cécile A. Holdban, et de sa fille Héloïse

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Présence d’une femme

Jean-Pierre Otte

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Jean-Pierre Otte, Présence d’une femme, peinture à la cire.

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Zakhina

Anne Barbusse

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Zakhina vient toujours à l’atelier d’écriture cheveux voilés

je ne connais pas les cheveux de Zakhina

juste son sourire sa voix son prénom ses yeux

.

un jour lors d’un atelier d’écriture Zakhina lit son texte

elle parle de ses cheveux

elle décrit ses cheveux

longs noirs frisés elle explique

les soins donnés à ses cheveux elle décrit à tous

ses cheveux sans la moindre hésitation elle décrit

.

l’écriture a dévoilé les cheveux de Zakhina

le vent du texte a soufflé dans les cheveux de Zakhina

l’écriture a libéré toute une chevelure de mots

.

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Envol des cheveux retenus

Dominique Penez

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Wear and tear

Louise Caroline

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Louise Caroline, stylo-bille sur papier

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9

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mbp – composition digitale

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Raiponce – notre réponse

Marilyne Bertoncini

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Rappelez-vous l’échelle de ses longs cheveux descendant de la tour

qui se dressait sans escalier ni porte au cœur d’une forêt

Les longs cheveux tressés descendant jusqu’à terre

et qui servaient d’échelle pour arriver à elle.

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Rappelez-vous la chanson de Raiponce,

tout comme un rossignol enfermée dans sa cage

son chant hissant au ciel sa soif de liberté

son désir et sa force de vivre.

.

Ah, vous pouvez voiler les cheveux de Raiponce

vous pouvez les couper comme fit la sorcière

Toute femme résiste au secret de son cœur

anticipe le geste, jette le voile au feu

et chante à perdre haleine le chant de la révolte

.

Ne jamais négliger la morale des contes –

Raiponce est La Réponse des femmes à l’oppression

Et rien ne les arrête, les vivaces raiponces

marchant ensemble pour l’avenir –

Mes sœurs dont la douleur est ferment de révolte.

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Rapunzel in the Wind

Dominique Hecq

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I open my Bachmann to check a verse. Turn to ‘Lieder auf der Flucht’. See that the bookmark is a long black hair; the page is stained with a fingerprint where I translated in pencil: ‘when love’s golden hair hangs you reach for it, the ladder to nothingness’. Wind patterns are displaced northward and southward seasonally. Currents change speed and direction according to seasonal winds whether one lives in the east or the west. Everyone knows that. But now that there are no more seasons and they kill for a curl of hair showing in the name of their god of love, the dead’s ashes mark books.

Raiponce dans le vent

Dominique Hecq

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J’ouvre mon Bachmann pour vérifier un vers. Reprends ‘Lieder auf der Flucht’. Je vois que le signet au creux de la page est un long cheveu noir ; la page est souillée d’une de mes empreintes là où j’ai traduit au crayon : ‘quand les cheveux dorés de l’amour pendent tu la saisis, l’échelle du néant’. Les ondes de vents se déplacent vers le nord ou vers le sud en fonction des saisons. Les courants subissent des variations de vitesse et de direction que l’on vive à l’est ou à l’ouest. Mais puisqu’il n’y a plus de saisons et qu’ils tuent pour une boucle de cheveux qui dépasse au nom de leur dieu d’amour, les cendres des mortes marquent les livres.

.

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Eve de Laudec

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Libres alezanes

vous galopez

au balancé de vos crinières

sans liens ni tresses                          

tels les chevaux que l’on ne dresse

.

Face au grillage

vous vous cabrez

la robe au rouge la mort aux dents

Sous vos sabots l’âcre poussière

chasse l’obscur et les démons

.

Dans leur clameur

oiseaux frondeurs

venus des lisières du désert

lissent les nœuds                                             

et filent le crin des encolures

.

Tisser un nid

où se cacher

jusqu’au nouveau printemps

.

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Jean-Claude Bourdet

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Elle était si maigre

Squelette figé dans

L’horreur d’un camp

C’était au collège

J’étais innocent

Le regard hagard

Je l’avais oublié

Trois fils gris pendaient

Lentement bercés

Par quelque vent

Tu es revenue

Et ce petit matin

Je te rends hommage

Toi inconnue défaite

Espérance terrible

.

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8

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Femme seule, cheveux au vent

Laodina

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Laodina, pastel « femme seule, cheveux au vent »

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Au vent nu de ta liberté

Martine Morillon-Carreau.

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Mon amour ma femme aux cheveux de liberté
ma si belle dans le vent Toi
ma tant aimée ma merveilleuse
ma lutteuse ma courageuse ma femme
ma sœur ma mère mon amie

.


Homme j’avance ici avec toi dans le vent
Infini pour toi mon amour
toi mon amie aux noirs cheveux nus

.


Ma voix te soit souffle d’amour
au vent nu de ta liberté
Sinon oh que je meure
que je sois peut-être
pendu

.

au nom vivant de notre liberté !

.

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Fenêtre ouverte

Martine Audet

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composition digitale mbp

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S’ouvre une fenêtre
et vos cheveux soudain
emportent le vent

.

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Dans les veines du temps

Carole Mesrobian

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Dans les veines du temps

la lisière des mondes

dessinait mes épaules

autrefois découvertes

lorsque le chant volait

du vent dans mes cheveux

ce mouvement docile

d’un silence avalé

effacé-e séculaire

Depuis que l’ombre dure

entre mon visage et le ciel

il n’y a que ma peau

et ma vie circulaire

que je donne aux oiseaux

qui dévalent dans l’air

et sommeillent en haut

sur les cimes plénières

où devenir égaux

efface tous les mots

où demain doit se taire

.

.

Le fil d’Ariane

Reni Koleva

.

                     Aux femmes iraniennes

.

Sur le cheveu rebelle sorti du voile

que la femme marche en funambule

en défiant sa peur du vide.

Des pas la suivent…

Le fil s’épaissit en tresse,

En corde

forte, résistante, robuste,

En chemin,

couvert des traces ensanglantées de ses pas. 

.

.

7

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composition digitale mbp

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Éblouissement

Denise Desautels

.
avec vous, nos sœurs iraniennes
Parfois on a besoin de dire non
à ce qui nous rompt, puis nous abandonne.
Besoin de s’élever haut, très haut
nos fils de vie de soie de feu – couleurs
et odeurs longues ou brèves.
Parce que tout tombe partout
au-dedans, ici, ailleurs.
Vivement debout
et nous voilà légères – vent de face.
Voyez nos chevelures improvisent – posture
chevilles, hanches, ailes, nuque, paupières
surplombent l’univers vaste.
Sans frontières
– tout ça.
Et tenir jusqu’à l’éblouissement.

.

.

Lumière!

Louise Dupré

.

Chevelure offerte

comme un vent

de révolte

tu chantes

la vie

la vie femme

qu’on appelle aussi désir

liberté

ou lumière douce

à répandre

sur le monde.

Te voici prête

à braver l’enfer

pour un seul carré

de ciel bleu.

.

.

L’Œil y vient avant même la main.

Béatrice Pailler

.

Ma liberté me couronne.

Cheveux donnés au vent

Nourris du chemin accompli d’hier

De l’horizon qui toujours appelle.

Une chevelure, roue solaire

Déployée sur la vie

Où les regards sombrent.

Une chevelure sans crainte, tutoyant le ciel,

Rêvant la caresse, celle de l’enfant,

De l’amant : la main du jeu.

Jamais prise, elle se donne.

Nue tête, front contre monde

Ma liberté me couronne.

.

.

Illustration de Gwen Guégan

.

Que craignent-ils

Estelle Fenzy

.

Que craignent-ils, fillette, de tes cheveux

Qu’ils ne s’animent se dressent

se tressent en barreaux

emprisonnent leur esprit

trop petit 

.

Qu’ils ne s’écoulent

s’échappent

comme une hémorragie

heureuse 

.

Qu’ils les avalent

effacent

dans leur épaisseur d’oubli

leur épaisseur de nuit 

.

Qu’ils ne caressent

tes épaules

mieux que leurs mains

mieux que leurs regards

.

Qu’ils te protègent

que plus jamais

tu ne sois nue

sous ton blason

.

Laisse-les avoir peur, fillette, de tes cheveux

qui n’appartiennent à personne pas même au vent

Laisse-les parler d’ombre, d’acide et de renoncement

.

Le voile à tes pieds tombé s’embrase infiniment

.

.

Anne-Lise Blanchard

.

Oui je m’assieds une fois encore
pour écrire
en souvenir –
à la mémoire
de Masha

.
qui courait
cheveux au vent
couronnés
de fleurs

.
dans sa longue robe
aux couleurs vives
ce bruit de tambour
en soi
tu vis
tu cours
tu cours
tu vis
en cheveux

.
et ta longue robe
aux fleurs colorées
danse
autour de toi

.
danse dans le ciel

.
et ta chevelure
dans le halo
d’une queue de comète
claque au vent
de la liberté

.

.

6

.

Regards persans1

Elizabeth GuyonSpennato

.

Ma Soeur d’Iran

Elizabeth Guyon-Spennato

.

.

Ma soeur d’Iran,
Tant que ton coeur souffre, comment je serais tranquille, moi ?
Jusqu’au jour où ton territoire trouvera la lumière,
Tes pas laisseront des traces dans le sang et la poussière

Quand tes cheveux voleront-ils enfin libres au vent comme les miens ?
Respect, respect
Ce n’est que quand tes droits seront enfin respectés que tu seras libre
Quand je suis venue au monde
Je ne savais vraiment pas
Que pour être libre
Il fallait me battre corps et âme
N’oublie pas mon frère
Que c’est par notre liberté que tu trouveras la tienne

.

.

note : ces photos extraites du livre homonyme sont exposées du 17 février au 18 mars, à la boutique Agnès B., 31/33 cours Estienne d’Orves, à Marseille

.

.

L’été s’achève bientôt

Florence Dreux

.

L’été s’achève bientôt

Et je reste absente

Sourde aux murmures

Du temps

L’étau se resserre

Seul l’esprit

Encore capte compte craint

Mais le cœur ?

Mais l’âme ?

L’été s’achève bientôt

Et je n’aurai pas su le voir

À moins que je ne saisisse

Oui ! – dernière chance ! –

Cette mèche

De toi

Ces cheveux

Libres

Dans le vent

.

.

Cheveux dans du papier de soie

René Chabrière ( Re Chab )

..

Bien longtemps après,

j’ai trouvé dans une boîte

tout au fond du tiroir de la commode

dans du papier de soie

quelques mèches de cheveux

.

avec inscrit mon prénom,

d’une écriture fine et bleutée .

J’apprends que j’ai été blond

( C’est une façon de récupérer ,

un tout petit morceau d’enfance ).

.

Je me demande où est passé le reste de la coiffure,

peut-être oublié dans un coin,

ou bien récupéré par les oiseaux

qui en ont tapissé leur nid.

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Josiane Guitard-Leroux

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Des cheveux sur la langue

Michel Lamart

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La Liberté
Tient à un cheveu
Celui des femmes
En cette Perse
Qui trop rime avec potence.

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On pend ceux qui pensent
Mal au nom d’un Ciel
Saturé de cadavres d’enfants.

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Quand religion
Et barbarie
Dictent la conduite
Des citoyens et citoyennes
On se prend à chanter
Ah ! Ça ira ! Ça Ira !
Ça IRAN !

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5

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Chevelures

Angèle Paoli

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Ah ! la chevelure

argent     d’Elvire

son fin visage de slave

la caméra clignant

des yeux    pour elle

seule     savants enroulements

à sa nuque

tourne     pour mieux

saisir l’art des volutes

se déplace    sur les lèvres

sur la parure de perles

.

le charme d’Elvire

.

ses savantes œillades

ses sourires    assortis

au violine des bagues

beauté juvénile    encore

dans la brillance de l’âge

qui se dessine    épouse

le velours de ses formes  

amples et rondes

lire le poème complet ici :

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Marie Desvignes & Marilyse Leroux

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Elles

Christophe Condello

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Pourront-elles apercevoir

à nouveau

les ailes de l’horizon

la chevelure de l’aube

réapparaître

dans la brise et la lumière

atteindre

les lieux tant reculés

de la quiétude

leurs murmures

poussière immensément rendue

à ce qui papillote

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Josiane Guitard

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JUSTE VIVRE LIBRE 

Josiane Guitard

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Jouissance juvénile de l’autonomie
Usurpation ubuesque d’un pouvoir
Saveur savoureuse de la transgression
Tentation terrifiante du possible
Esquisseéclatante d’indépendance

Vertigineuse velléité de liberté
Inépuisable instinct de vie
Vigoureuse volonté de choix
Ravissante rêverie de cheveux au vent
Emblématique espérance de dévoilement

Liminaire légendaire d’audace
Injustice incessante pour elles
Bataille bercée par la joie
Réaction réticulaire pour toutes
Exquise ébauche de libération 

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4

Composition Marilyne Bertoncini (original : Marie-Madeleine, de Cosimo Rosselli – musée des beaux arts Lille)

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Message personnel

Nadine Travacca

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Planté dru tout autour de la tête

Long brun

Hirsute au réveil

Le cheveu se cramponne

Brossage à l’aveugle

En bandeaux au chevet du visage

Volets battants sans attaches

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Fouillis de mèches odorantes

La chevelure griffe l’air

De son sceau

Marque le territoire

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Pour  Mahsa Amini, in memoriam

Viviane Ciampi (France/Italie)

..

Coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !

J’ai attendu longtemps qu’une main me libère.

Mon cou craque, mon dos craque, mes reins éclatent

coup après coup. Les loups jouissent coup après coup.
Rires infâmes de la foule.

Mon corps est une île de douleur.

Mais toi qui sais, toi qui compatis

toi qui n’as pas les yeux affamés de sang, ni regard évasif,

toi qui montes les marches de ma peur, en mémoire de moi

coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !

Je les vois descendre comme neige qui recouvre l’ignorance

d’une police morale et mortelle qui nourrit ses larves

qui torture et tue. Et toi qui me savais enfant

dans un corps de femme, en mémoire de moi

coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !

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Au chant des Ciseaux

ValérY meYnadier

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Les corps pendus oscillent

Deviennent chevelures de chair, au vent

Au vent battant

De-vent les yeux grands ouverts, d’un peuple qui ne baisse pas les yeux

.

Bientôt, là-bas, sous les têtes voilées

Plus de cheveux à cacher

Le chant des ciseaux, dernier acte avant exécution

S’il le faut, Liberté en main, elles iront sur la place publique, & se couperont les têtes

.

C’est ça que vous voulez ?

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Un pays sans femmes, vous oubliez d’où vous venez

Où vous allez, parfois, entre nos cuisses

.

En cette année 2023, dans vos bouches de renégats, Édicteurs de lois funestes

Je rêve des baillons de cheveux plein de poux importés de tous les pays du monde

 .

& que l’étouffement soit, au nom de TOUTES, & tous

.

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Nouveau départ

Chantal Plaine

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Face à la glace, je les regarde tomber. Résolument.

C’est une inconnue maintenant qui me fixe, le regard douloureux mais déterminé.

Je n’ai pas voulu les voir partir par poignées, j’ai choisi d’anticiper.
Ni perruque, ni foulard, j’irai tête nue. La seule chose que je sois encore libre de choisir.

Perdre mon identité de femme en faisant ce choix ?

Provocation ?

Non, acceptation pleine et entière de cette nouvelle moi.

L’insouciance, la frivolité sont tombées avec mes cheveux.

Me voici prête au combat.

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3

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Marie-Madeleine, Gregor Erhart, 16ème siècle (musée du Louvre) & Marya-Magdalena, A F. Sandys 1829-1904 (Delaware art museum)

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les âmes fatiguées se répondent 

Re Chab

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… Même si mon corps maladroit

glissait sur la boue gelée,

je suivais le déplacement de l’air,

ralenti par les branches

où mes cheveux se prenaient,

pensant suivre votre piste.

Sans doute les animaux s’enfuyaient

à votre approche, sentant une main froide

mais je ne vous voyais pas,

et même vos pas ne s’imprimaient pas dans la neige.

Qui êtes-vous

ombres trépassées, fantômes familiers,

pour revenir habiter dans ces lieux

où les vivants sont prêts à s’effacer ?

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Elles cheveux au vent

Emmanuelle Sarrouy

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Cheveux au vent elles

Affichent leur

Puissance de liberté elles

Réclament plus grande

Considération elles

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Chantent a cappella

Capelli al vento

.

Leurs cheveux sont

Nos cheveux sont

Armes égales et

Roses multicolores

Pétales lancés

En résistance

Aux quatre vents

.

Elles cheveux au vent

Femmes Iraniennes

Et de toutes contrées

Chantent inlassablement

.

A cappella

Capelli al vento

Verso la libertà

.

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Elle

Sandrine Davin

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– Elle –

Elle est là sur cette terre

Sur sa terre

Natale et de cœur

Les yeux tournés vers l’ailleurs

– Elle –

Elle est là sur cette terre

Genoux à terre

Le voile entre les mains

Une arme au creux des reins

– Elle –

Une larme de sang sur la joue

Son nom, sa terre, plus rien

Non plus rien du tout …

.

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Les cheveux

Patrick Williamson

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Tout au fond, c’est ouvert et non structuré,

intermédiaire, extrêmement organisé, donc

source primordiale de force, soulevant

le voile, une structure complexe

qui s’écoule à mesure que gonflent les cheveux

gras, qui fait que ces cheveux répugnent

à ces hommes qui te comparent

à un jardin aux grappes suspendues,

à des crochets, chaînes, scorpions, corps mous

de vers segmentés, oubliant

qu’on pense la tige morte,

tandis qu’à l’intérieur se poursuit la croissance, le bulbe

vivant produit, maintient, et grâce aux cellules souches

les cheveux repoussents, se répare votre peau blessée.

trad. Marilyne Bertoncini

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2

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Marie l’Egyptienne, Notre-Dame d’Ecouis, 14ème siècle –
Man Ray – La Chevelure, 1929 – collection Fondazione Marconi

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Tu es venu vers moi

Sophie Brassart

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Tu es venu vers moi, cuir, écharpe

Et j’ai désiré vivre où brûle ta caresse

La moto fendait l’avenue en deux

en nous, attelage happé par son but

.

Et j’ai désiré être neuve

Maintenant se désalignaient

les immeubles, les cheveux éclatants

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Etre possible

Fragment. Opacité, oubli des phares rouges

Mon sein petit dans ton dos

errant et goûtant l’errance

.

Offre scellée d’un vertige

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Tȟaté ((l’esprit du vent dans la mythologie Lakota-Sioux)

Béatrice Machet

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Le vent chante les chevelures

Marilyne Bertoncini

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La cime des arbres peigne le vent

le vent caresse la chevelure des branches

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et la toison de l’herbe

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Le vent est libre et chante

dans les cheveux défaits des forêts

.

il effleure en passant la tête des primevères

.

ou s’attarde un moment pour cueillir le parfum

du jasmin étoilé sur le mur du jardin

.

Le vent porte aux étoiles la chanson de la terre,

décoiffe les comètes, fait tourner les planètes

.

et c’est tout l’univers qui chante avec le vent

.

Le vent est libre et chante quand les cheveux des femmes

sont fleurs épanouies au soleil de la vie.

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Jin Jiyan Azadi

Marilyse Leroux

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La brosse à cheveux

Marilyse Leroux (France)

La cérémonie dominicale avait son autel, entre mousse et cuvette. La brosse en corne attaquait mes cheveux. Longs. Trop longs. Jamais coupés. Les nœuds résistaient à l’approche de la nuque, aussi fins que des pattes d’araignée. Remonter, descendre, la main de ma mère empruntait sans ciller la voie du martyr. Je serrais les dents à chaque passage, les comptant un à un. Un coup de lame abrégeait parfois le sacrifice.
Mon regard fuyait par la fenêtre où le ciel dénouait ses nuages. Un air de réclame en vogue et, bientôt, sous le gant, mille aiguilles attaquaient mes paupières. Aucune consolation, aucune échappée. Fallait-il que je résiste ou que je cède au mouvement ?
Le broc d’eau attendait son moment au pied de la table de toilette. Témoin silencieux d’une enfance à souffrir, pour plus tard.

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Chevelures d’Iran

  Alix Lerman Enriquez

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Femmes d’Iran, on brûle vos mèches de cheveux,

Que vous avez voulu détacher, voir flotter à l’air libre du vent,

Comme les vagues brisées par l’écume de votre colère,

Comme les ailes cassées d’un oiseau captif, oublié.

Là-bas, la mer caspienne vous encercle, vous fait prisonnières.

Vos cheveux sont à terre, comme est à terre votre liberté.

Et les voiles des bateaux restés à quai s’enlisent

Sous vos algues marines, sous vos flammes ambrées.

Vos chevelures de femmes flottent sous le soleil indigné

Comme l’étendard de votre courage,

Comme l’étendard de votre dignité.                                                 

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1

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Les Cheveux des arbres

Florence Daudé

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Vers qui remontent -ils ces cheveux gris,

Tentacules d’une ancienne mer

Portant leurs sédiments aux arbres d’aujourd’hui ?

Quels socles antédiluviens gardent-ils dans leur moirure?

Ridules de terres infranchissables

Scarifiant patiemment, sans fatigue, la peau de notre terre.

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Crâne lisse

Jacqueline Saint-Jean

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Crâne lisse calebasse

esclave ou rebelle

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tu te souviens là-bas

du vent soulevant

ta folle crinière

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Qui dira jamais

le sort des chevelures

cachées enserrées tondues

scalpées arrachées vendues

.

mais ailleurs tressées sculptées

en chemins de mythes

ou déployées ondoyantes

ruisselant sur le paysage

.

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Cheveux de l’air

Marc Ross

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Ô cheveux de l’air tressés ou en bataille !

Le bon vent se sent de mèche avec vous

Pour vous servir d’emblème tel un drapeau

Au nez et à la barbe des hommes archaïques

.

À l’entendre souffler errer de tous côtés

On dirait bien qu’il a pour métier aussi

De prendre un air meilleur pour vous approcher

Sécher une fois pour toutes les larmes de douleur

.

Qu’il plaise ou non au ciel aux bourreaux d’ici-bas

N’ayant en tête que murs dressés autour de vous

Des miroirs se dévoilent la lumière se raconte

Des visages de femmes se préparent à la fête.

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Cri incandescent des femmes debout

Lydia Padellec

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Cri incandescent des femmes debout

Des femmes qui jettent voile au feu

Cheveux au vent Sang craché

Au visage âpre du patriarcat

Femmes d’Iran

Femmes d’Afghanistan

Femmes de tous pays

Dont les droits sont bafoués chaque jour

Cut hair, cut hair

Cut hair, cut hair

Cut hair cut hair !

Coupe les cheveux coupe les cheveux

Et brandis-les vers le ciel

Telle la torche flamboyante

De la Liberté !

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Capelli al vento – sculpture d’Antje Stehn