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Ces textes en français seront lus lors de la présentation du projet à Nice, Chez Pauline, et à Paris le 10 juin, en marge du marché de la poésie, en lien avec le projet international d’Antje Stehn, également soutenu par Recours au poème où vous trouverez, dans le numéro de septembre-octobre, des informations sur les autres créations collectives d’Antje Stehn.
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Lors de la présentation de Capelli al Vento, au Piccolo Museo della poesia San Cristoforo a Piacenza, la chanson de Roberto Marzano (Genova) :
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contributions de :
– (14 et fin ) Negin Fallâhi (Iran, 1982 – France), poème traduit par Franck Merger&Niloufar Sadighi, Nancy R. Lange, Christine Durif-Bruckert, Dominique Bergougnoux, Claudine Bertrand.
– (13) Muriel Verstischel, Tatiana Gerkens, Claire Legat, Elisabeth Granjon, Diane Régimbald, Lo Moulis (poème et oeuvre textile)
– (12) Marc-Henri Arfeux, Gabriel Fabre/Lisa Dalfino, Nicole Pronier, Catherine Pont-Humbert, Jean-Claude Bourdet, Christophe Pineau-Thierry
– (11) Joëlle Petillot (ill et texte), Eva-Maria Berg, Danielle Péan-Leroux (portrait brodé), Dorothée Coll
– (10) Cécile A. Holdban, Jean-Pierre Otte (ill.), Anne Barbusse, Dominique Penez, Louise Caroline (ill.)
(9) Marilyne Bertoncini, Dominique Hecq, Eve de Laudec, Jean-Claude Bourdet
– (8) Laodina (pastel), Martine Morillon-Carreau, Martine Audet, Carole Mesrobian, Reni Koleva
– (7) mbp (illustration), Denise Desautels, Louise Dupré, Béatrice Pailler, Estelle Fenzy & Gwen Guégan (dessin) Anne-Lise Blanchard
– (6) Elizabeth Guyon-Spennato (poème et photos), Florence Dreux, René Chabrière, Josiane Guitard-Leroux (photos), Michel Lamart
– (5) Angèle Paoli, Marie Desvignes (peinture) & Marilyse Leroux, Christophe Condello, Josiane Guitard-Leroux (poème et photos)
– (4)Nadine Travacca, Viviane Ciampi, ValérY meYnadier, Chantal Plaine
– (3) Re Chab, Emmanuelle Sarrouy, Sandrine Davin, Patrick Williamson
– (2) Sophie Brassart, Béatrice Machet, Marilyne Bertoncini, Marilyse Leroux, Alix Lerman-Enriquez
– (1) Florence Daudé (poème et photos), Jacqueline Saint-Jean, Marc Ross, Lydia Padellec …
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14 et fin
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Negin Fallâh
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une barricade dans la tête
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les yeux de l’enfant, volés par le dictateur
la mère de l’enfant, volée
son père, volé
sa terre, volée
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le monde sur ma rétine
vide
néant
absurde,
sur la page : couleur
dans mes yeux : noir et blanc
un hiver s’écroule sur un enfant
.
sur la page : couleur
dans mes yeux : noir et blanc
mon obsession
pour un enfant sans espoir
ignorant même le mot désir !
.
je quitte les abymes de ma peine pour des terres plus sûres
ici pas de barricade
je bâtis une forteresse autour de mon corps
.
bercé du chant des montagnes un enfant s’endort
je crie – réveille-toi !
donne-moi la lumière de tes yeux
la terre de tes mains
le printemps de ta marche
.
pour changer le monde
.
trad. Franck Merger et Niloufar Sadighi
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Nancy R Lange
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chevelure fluide
je me souviens
auréole légère
autour de ma tête paisible
flottant tôt le matin
à la surface d’un lac
.
manteau ouvert cheveux longs
leur ondulation
compagne du claquement de mes talons
mes pas résolus
chaussés de bottes de cuir
.
adolescente
les routes du monde
.
cet horizon je le veux
pour moi et pour mes soeurs
ici et là-bas
grand ouvert
.
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La tondue
Christine Durif-Bruckert
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En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait des filles.
On allait même jusqu’à les tondre,
Paul Eluard 1
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À pleine main
Dans la chevelure maudite
Le ciseau avide
Agité
Veut que ça tombe vite
Plus vite.
La clameur est en fièvre
Les mèches frivoles
S’envolent
Trop lentes
Piétinées
Tondre et tailler
Les mauvaises herbes, la mauvaise vie
Les brûler
Mèches calcinées au bûcher.
.
La haine chante la trahison
Les amours coupables.
Lamelles d’écorces, lambeaux de corps
Gisants sur le sol.
L’arbre saigne.
Des odeurs de pluie de boue montent de la terre
Tournoient dans les cheveux de laine sous le regard hébété
D’une foule hélante
Comme un troupeau de bêtes affamées.
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Cheveux perdus
Crâne tondu
Il n’y a plus de corps.
Il s’en va
Se vide
Expurge les miasmes ennemis.
L’intimité tressaille
Gosier brûlé
Fureur
Le corps est pris
.
Un cortège carnavalesque
Excite le châtiment
Crache des feux d’orage
Silence écorchée
Balafre vivante
Elle regarde le sol
Là, mais plus là
Et sa bouche qui n’ose boire un peu d’air.
.
Dans la nuit glacée
Son crâne fendu offense la lumière.
Ombre misère
Crâne vif
Luisant de quelques reflets de ciel.
Proie.
La clameur la récupère
La met à genoux.
Zèle purificateur et virilité reconquise
A pleine main
La défigure
Sous un brouillard de déraison
Et de violences irréelles.
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1 « Comprenne qui voudra », poème de Paul Eluard écrit en 1944, à la Libération et publié clandestinement dans le recueil de poèmes « Au rendez-vous allemand », Éditions de Minuit, 1945
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Dominique Bergougnoux
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C’est un pays au goût de datte et de safran
où le rêve des femmes est derrière les barreaux
.
C’est un pays de soleil et d’ombre
où l’on étouffe les cris
.
C’est un pays où les femmes lancent leurs foulards
haut dans le ciel
en bravant la mort
.
C’est un pays où les femmes sont belles et fortes
où le courage s’écrit plus que jamais au féminin
.
Ô mes sœurs voir vos cheveux voler au vent
Vous savoir libres enfin !
.
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Claudine Bertrand
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MOTS MUETS
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Des choses restent tues
tu éprouves la blessure dans la pénombre
se referment les ténèbres sur les ténèbres
.
si tu repiquais les mots dans leur terreau
ils prendraient un autre aspect
derniers spasmes de la parole muselée
faire la « guerre » à la mort
la mettre en sursis
.
tu es en prière devant elle
comme devant la toile d’un grand maître
elle se transforme en métamorphoses
.
quelque chose enfoui
depuis longtemps se rue sur toi
tu es né dans le pays de la mort
elle te colle à la peau
.
Si tu meurs
c’est pour renaître
cheveux au vent
.
13
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Muriel Verstichel
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Il y a ce drap qui pèse sur ta tête
cette étoffe morne où glisse ta main
Sournoisement des limbes
creusent ta voix
jalouses de ta beauté
Il y a cette faille tenace où s’engouffre
ton petit monde pour te séquestrer
en basse-cour de folie
où les becs de pierre cassent
les têtes d’ange
Il y a ce drapeau d’ébène arraché
aux crânes des roses bleues
ta lessive tachée par la terre cuite
du mur où s’appuie le silence mondain
A l’heure où l’huile s’épuise
les lampes dénouent tes cheveux
un soulèvement de mèches
dans l’éclatement du poème
le reflet de ton visage
dans le plat d’argent
.
Ce qui reste…
Tatiana Gerkens
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Ce qui reste de ta peau lorsque la terre et les racines des arbres
nouée à leur force tranquille
ensevelie dans la trame d’un nouveau printemps
tu cherches le ciel et l’écheveau des océans
Ce qui reste de l’écume à ta peau de combattante
de tes doigts mêlés dans le souffre et le vent
lorsque ton chant dénude gorge et nuque
comme on s’offre en sacrifice
Ce qui reste des marées au secret des tisseuses
la mémoire ré-enfantée le rire des femmes
leurs blessures d’épis tressés si longues aux mains
dans l’ocre des sables et les nuits de sel
Ce qui reste de ta bouche censurée ma sœur
la lumière d’un nouveau jour ton silence qui brûle lorsque
d’un seul geste cheveux-sablier dans la paume de cette terre
et les racines des arbres nouées dénouées
Ce qui reste
La trajectoire des comètes les chevaux ensauvagés
et le parfum toison d’or d’ébène de cuivre ou d’argent
.
De ta puissance de femme
.
Ma sœur
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Redéployés…
Claire Legat
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Fille d’Iran
Elisabeth Granjon
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Tes mèches sont tombées
Comme larmes
Au pays de la répression
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A la recherche d’une paix
Qui saurait anesthésier ta colère
Tu rêves le cœur ouvert
.
Militer avec le vent
Bondir dans un stade
Danser ta liberté
.
T’envoler loin d’ici
Te suspendre à la lune
Tester la légèreté absolue
.
À la régalade
Boire les rayons du soleil
Et oublier le reste
.
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Tes longs cheveux sous la lumière voilée du soir
Diane Régimbald
.
toujours le vent caresse
les tissus de ta robe
tes longs cheveux
au même rythme que ton corps
dansent
le désir d’exister
comme femme libre
.
et tu chantes le renversement
des contraintes
et tu cries pour toutes celles
mortes d’avoir voulu être
.
nous nous baignons dans la mer
le soleil se couche au désir d’enlacer
nos prières sans dieu
tes prières d’être enfin
cheveux emmêlés au visage
.
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Les Echappées – ex voto
Lo Moulis
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tu portes
l’honneur du monde
un rêve ébloui
à tes épaules
.
depuis longtemps
le nom d’une douleur
âpre
vient heurter tes cheveux
.
une fugue
en promenade derrière la peau
tu enjambes les lignes
la vie est ici
.
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12
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Marc-Henri Arfeux
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Si l’herbe nue parcourt les horizons,
Comme les nuages, les grands oiseaux subtils
Et les montagnes au vent doré,
Qui donc encerclerait le jardin des visages ?
.
Pourtant, les longs cheveux de solitude
Ont oublié la lune et les fraîcheurs d’étoiles.
Nulle main ne les dénoue dans le parfum de l’aube.
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Ils restent sans musique
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Au plus profond des plis creusés pour eux
Par un destin de cendre et de miroirs brisés,
Qui porte des noms d’hommes.
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Celle qui fut goutte en un matin
Est engloutie,
Tous ses feuillages et ses rosiers
Vendus au prix de la poussière.
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Entre les mots de son absence,
Demeure la forme d’un regard.
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Gabriel Fabre (photo) Lisa Dalfino
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Boucles blondes
Nicole Pronnier
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Elle est enfin arrivée, la merveille, toute blonde et rose. Elle n’ose encore ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure et ses petites mains s’agitent au bord du drap.
Du bout des doigts, délicatement, je caresse le duvet qui recouvre son crâne. Il est si clair, si fin, aussi doux que de la soie.
À peine ai-je fini de m’émerveiller que la petite fille a déjà quitté son écrin. Elle gambade dans le jardin. Ses boucles blondes dansent sur ses épaules tandis qu’elle se précipite vers moi en riant pour se blottir dans mes bras.
Le temps a passé, trop vite à mon goût. La jeune fille qu’elle est devenue essaie de maîtriser sa chevelure indisciplinée. Elle passe et repasse l’appareil, mèche par mèche jusqu’à obtenir une coiffure bien lisse. Rien ne doit dépasser.
Si elle prend tant de temps à soigner ses cheveux, c’est qu’elle en fera don, lorsqu’ils auront atteint la bonne longueur, à une association qui répare les dégâts causés par cette fichue maladie : ce crabe vorace que l’on combat à coup de remèdes chimiques.
Je me demande si un jour c’est moi qui les porterai.
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Tête nue
Catherine Pont-Humbert
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Nuque tendre offerte au vent
Cheveux lâchés en indomptables tornades
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Le sol jonché de tissus arrachés aux sentences
Fantômes abandonnés aux clameurs
Quittés d’une seule haleine
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Tête nue de la colère
Sœurs aux cheveux légers jetés sur les frontières
Enroulés en tresses de vie
Défaite des barbelés
.
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Caresser mes cheveux au vent
Christophe Pineau-Thierry
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mes longs cheveux emprisonnent
des hommes vaillants que j’étouffe
moi la femme indocile et responsable
de toutes leurs dérisoires tourmentes
.
voyez mes cheveux qui s’envolent
déroulant le bandeau de notre liberté
et qui déploie les emblèmes gravées
de ces simples héroïnes qui combattent
.
pour conjurer toute haine ou vindicte
et avancer sur le chemin du partage
osez caresser mes cheveux au vent
j’accueillerai vos rêves d’immensité
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Chenille
Jean-Claude Bourdet
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11.
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Joelle Petillot
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Si vous barrez tous mes chemins, je volerai
si vous cousez ma bouche mon cri portera au-delà d’elle
vous pourrez coller mes pieds au sol il me portera malgré vous
votre haine me fertilise
votre colère me cuirasse
votre bêtise est un oiseau absurde
que j’assommerai de mon rire
les hommes qui marchent dans nos pas
sont forts de notre force, courageux de notre courage
ensemble nous sommes mur montagne soleil sable
quand vous vous n’êtes rien
je prends mon voile je le déploie dans le vent
vous n’aurez rien de moi
car
je suis l’océan
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Eva-Maria Berg
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si tous les voiles
noués de force
autour des cheveux des femmes
étaient défaits puis
attachés les uns aux autres
partout le soleil en serait obscurci
les humains
désapprendraient à lire
et ils ne se verraient plus
les plantes flétriraient
les animaux entreraient
en hibernation permanente
mais l´obscurité réveillerait
le souvenir des couleurs
dans les rêves des
enfants non-nés
(traduction de l’autrice avec l’aide de Marilyne Bertoncini)
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Portrait de Roya
Danielle Péan-Leroux (artiste textile)
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Le fil fait partie de ma vie, il est inscrit au plus profond de mon être, il m’est aussi précieux qu’un crayon. J’ai la certitude que mes gestes, répétés de façon incessante, sont inscrits dans une mémoire ancestrale, que la manière instinctive dont ma main s’exécute provient de ma lignée, de mes ancêtres tailleurs d’habits et brodeurs et qu’ainsi, j’établis une reliance entre présent et passé.
Cette photo de Roya Piraie devant la tombe de sa maman, tuée lors d’une manifestation suite au décès de Masha Amini, a fait le tour du monde et elle m’a beaucoup bouleversée. Bien sûr, il y a l’émotion de voir une jeune femme sur la tombe de sa maman, avec ce ressenti d’une profonde injustice. Mais il y a Roya… sa présence, cette action symbolique de s’être rasée le crâne. Et elle, paraissant si grave, forte et fragile à la fois.
Je le connais bien à présent son visage, parce que cette broderie, réalisée avec des cheveux, pour que ça ait un vrai sens, m’a pris… un certain temps…
C’est un hommage à Roya, mais au-delà, à toutes ces femmes qui se battent en Iran, pour leur droit à la liberté la plus élémentaire.
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Dorothée Coll
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Tête nue
Si je rasais mon crâne à blanc
Me reprocherait-on
De sortir tête nue ?
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Et si, de mes cheveux coupés
Je tissais un foulard
M’interdirait-on de le porter ?
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L’absurdité
Nourrit mon désir d’émancipation
La rage au cœur, cheveux flottant,
Mes boucles noires tendent au ciel leur hameçon
Si j’y monte pour cet affront
Il aura la bouche écorchée
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10.
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Tresses*
Cécile A. Holdban
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Tresses
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On peut regarder le monde avec des yeux de verre
comme une poupée mécanique
on peut réciter mille versets savants
et omettre de vivre
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De l’autre côté de la rue, on rit, on achète le pain
et on tue pour un mot
ici, je tresse les cheveux de mes filles
et j’en oublie que je suis libre
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Un nuage voile la lumière du jour
on ne voit que ce que l’on veut bien voir
le soleil aussi a des cheveux
ils sont plus beaux que tout.
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*Poème tressé de vers de Forough Farokhzad, de Cécile A. Holdban, et de sa fille Héloïse
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Présence d’une femme
Jean-Pierre Otte
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Zakhina
Anne Barbusse
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Zakhina vient toujours à l’atelier d’écriture cheveux voilés
je ne connais pas les cheveux de Zakhina
juste son sourire sa voix son prénom ses yeux
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un jour lors d’un atelier d’écriture Zakhina lit son texte
elle parle de ses cheveux
elle décrit ses cheveux
longs noirs frisés elle explique
les soins donnés à ses cheveux elle décrit à tous
ses cheveux sans la moindre hésitation elle décrit
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l’écriture a dévoilé les cheveux de Zakhina
le vent du texte a soufflé dans les cheveux de Zakhina
l’écriture a libéré toute une chevelure de mots
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Envol des cheveux retenus
Dominique Penez
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Wear and tear
Louise Caroline
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9
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Raiponce – notre réponse
Marilyne Bertoncini
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Rappelez-vous l’échelle de ses longs cheveux descendant de la tour
qui se dressait sans escalier ni porte au cœur d’une forêt
Les longs cheveux tressés descendant jusqu’à terre
et qui servaient d’échelle pour arriver à elle.
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Rappelez-vous la chanson de Raiponce,
tout comme un rossignol enfermée dans sa cage
son chant hissant au ciel sa soif de liberté
son désir et sa force de vivre.
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Ah, vous pouvez voiler les cheveux de Raiponce
vous pouvez les couper comme fit la sorcière
Toute femme résiste au secret de son cœur
anticipe le geste, jette le voile au feu
et chante à perdre haleine le chant de la révolte
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Ne jamais négliger la morale des contes –
Raiponce est La Réponse des femmes à l’oppression
Et rien ne les arrête, les vivaces raiponces
marchant ensemble pour l’avenir –
Mes sœurs dont la douleur est ferment de révolte.
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Rapunzel in the Wind
Dominique Hecq
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I open my Bachmann to check a verse. Turn to ‘Lieder auf der Flucht’. See that the bookmark is a long black hair; the page is stained with a fingerprint where I translated in pencil: ‘when love’s golden hair hangs you reach for it, the ladder to nothingness’. Wind patterns are displaced northward and southward seasonally. Currents change speed and direction according to seasonal winds whether one lives in the east or the west. Everyone knows that. But now that there are no more seasons and they kill for a curl of hair showing in the name of their god of love, the dead’s ashes mark books.
Raiponce dans le vent
Dominique Hecq
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J’ouvre mon Bachmann pour vérifier un vers. Reprends ‘Lieder auf der Flucht’. Je vois que le signet au creux de la page est un long cheveu noir ; la page est souillée d’une de mes empreintes là où j’ai traduit au crayon : ‘quand les cheveux dorés de l’amour pendent tu la saisis, l’échelle du néant’. Les ondes de vents se déplacent vers le nord ou vers le sud en fonction des saisons. Les courants subissent des variations de vitesse et de direction que l’on vive à l’est ou à l’ouest. Mais puisqu’il n’y a plus de saisons et qu’ils tuent pour une boucle de cheveux qui dépasse au nom de leur dieu d’amour, les cendres des mortes marquent les livres.
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Eve de Laudec
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Libres alezanes
vous galopez
au balancé de vos crinières
sans liens ni tresses
tels les chevaux que l’on ne dresse
.
Face au grillage
vous vous cabrez
la robe au rouge la mort aux dents
Sous vos sabots l’âcre poussière
chasse l’obscur et les démons
.
Dans leur clameur
oiseaux frondeurs
venus des lisières du désert
lissent les nœuds
et filent le crin des encolures
.
Tisser un nid
où se cacher
jusqu’au nouveau printemps
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Jean-Claude Bourdet
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Elle était si maigre
Squelette figé dans
L’horreur d’un camp
C’était au collège
J’étais innocent
Le regard hagard
Je l’avais oublié
Trois fils gris pendaient
Lentement bercés
Par quelque vent
Tu es revenue
Et ce petit matin
Je te rends hommage
Toi inconnue défaite
Espérance terrible
.
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8
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Femme seule, cheveux au vent
Laodina
.
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Au vent nu de ta liberté
Martine Morillon-Carreau.
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Mon amour ma femme aux cheveux de liberté
ma si belle dans le vent Toi
ma tant aimée ma merveilleuse
ma lutteuse ma courageuse ma femme
ma sœur ma mère mon amie
.
Homme j’avance ici avec toi dans le vent
Infini pour toi mon amour
toi mon amie aux noirs cheveux nus
.
Ma voix te soit souffle d’amour
au vent nu de ta liberté
Sinon oh que je meure
que je sois peut-être
pendu
.
au nom vivant de notre liberté !
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Fenêtre ouverte
Martine Audet
.
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Dans les veines du temps
Carole Mesrobian
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Dans les veines du temps
la lisière des mondes
dessinait mes épaules
autrefois découvertes
lorsque le chant volait
du vent dans mes cheveux
ce mouvement docile
d’un silence avalé
effacé-e séculaire
Depuis que l’ombre dure
entre mon visage et le ciel
il n’y a que ma peau
et ma vie circulaire
que je donne aux oiseaux
qui dévalent dans l’air
et sommeillent en haut
sur les cimes plénières
où devenir égaux
efface tous les mots
où demain doit se taire
.
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Le fil d’Ariane
Reni Koleva
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Aux femmes iraniennes
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Sur le cheveu rebelle sorti du voile
que la femme marche en funambule
en défiant sa peur du vide.
Des pas la suivent…
Le fil s’épaissit en tresse,
En corde
forte, résistante, robuste,
En chemin,
couvert des traces ensanglantées de ses pas.
.
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7
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Éblouissement
Denise Desautels
.
avec vous, nos sœurs iraniennes
Parfois on a besoin de dire non
à ce qui nous rompt, puis nous abandonne.
Besoin de s’élever haut, très haut
nos fils de vie de soie de feu – couleurs
et odeurs longues ou brèves.
Parce que tout tombe partout
au-dedans, ici, ailleurs.
Vivement debout
et nous voilà légères – vent de face.
Voyez nos chevelures improvisent – posture
chevilles, hanches, ailes, nuque, paupières
surplombent l’univers vaste.
Sans frontières
– tout ça.
Et tenir jusqu’à l’éblouissement.
.
.
Lumière!
Louise Dupré
.
Chevelure offerte
comme un vent
de révolte
tu chantes
la vie
la vie femme
qu’on appelle aussi désir
liberté
ou lumière douce
à répandre
sur le monde.
Te voici prête
à braver l’enfer
pour un seul carré
de ciel bleu.
.
.
L’Œil y vient avant même la main.
Béatrice Pailler
.
Ma liberté me couronne.
Cheveux donnés au vent
Nourris du chemin accompli d’hier
De l’horizon qui toujours appelle.
Une chevelure, roue solaire
Déployée sur la vie
Où les regards sombrent.
Une chevelure sans crainte, tutoyant le ciel,
Rêvant la caresse, celle de l’enfant,
De l’amant : la main du jeu.
Jamais prise, elle se donne.
Nue tête, front contre monde
Ma liberté me couronne.
.
.
.
Que craignent-ils
Estelle Fenzy
.
Que craignent-ils, fillette, de tes cheveux
.
Qu’ils ne s’animent se dressent
se tressent en barreaux
emprisonnent leur esprit
trop petit
.
Qu’ils ne s’écoulent
s’échappent
comme une hémorragie
heureuse
.
Qu’ils les avalent
effacent
dans leur épaisseur d’oubli
leur épaisseur de nuit
.
Qu’ils ne caressent
tes épaules
mieux que leurs mains
mieux que leurs regards
.
Qu’ils te protègent
que plus jamais
tu ne sois nue
sous ton blason
.
Laisse-les avoir peur, fillette, de tes cheveux
qui n’appartiennent à personne pas même au vent
Laisse-les parler d’ombre, d’acide et de renoncement
.
Le voile à tes pieds tombé s’embrase infiniment
.
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Anne-Lise Blanchard
.
Oui je m’assieds une fois encore
pour écrire
en souvenir –
à la mémoire
de Masha
.
qui courait
cheveux au vent
couronnés
de fleurs
.
dans sa longue robe
aux couleurs vives
ce bruit de tambour
en soi
tu vis
tu cours
tu cours
tu vis
en cheveux
.
et ta longue robe
aux fleurs colorées
danse
autour de toi
.
danse dans le ciel
.
et ta chevelure
dans le halo
d’une queue de comète
claque au vent
de la liberté
.
.
6
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Regards persans1
Elizabeth Guyon–Spennato
.
Ma Soeur d’Iran
Elizabeth Guyon-Spennato
.
.
Ma soeur d’Iran,
Tant que ton coeur souffre, comment je serais tranquille, moi ?
Jusqu’au jour où ton territoire trouvera la lumière,
Tes pas laisseront des traces dans le sang et la poussière
Quand tes cheveux voleront-ils enfin libres au vent comme les miens ?
Respect, respect
Ce n’est que quand tes droits seront enfin respectés que tu seras libre
Quand je suis venue au monde
Je ne savais vraiment pas
Que pour être libre
Il fallait me battre corps et âme
N’oublie pas mon frère
Que c’est par notre liberté que tu trouveras la tienne
.
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note : ces photos extraites du livre homonyme sont exposées du 17 février au 18 mars, à la boutique Agnès B., 31/33 cours Estienne d’Orves, à Marseille
.
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L’été s’achève bientôt
Florence Dreux
.
L’été s’achève bientôt
Et je reste absente
Sourde aux murmures
Du temps
L’étau se resserre
Seul l’esprit
Encore capte compte craint
Mais le cœur ?
Mais l’âme ?
L’été s’achève bientôt
Et je n’aurai pas su le voir
À moins que je ne saisisse
Oui ! – dernière chance ! –
Cette mèche
De toi
Ces cheveux
Libres
Dans le vent
.
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Cheveux dans du papier de soie
René Chabrière ( Re Chab )
..
Bien longtemps après,
j’ai trouvé dans une boîte
tout au fond du tiroir de la commode
dans du papier de soie
quelques mèches de cheveux
.
avec inscrit mon prénom,
d’une écriture fine et bleutée .
J’apprends que j’ai été blond
( C’est une façon de récupérer ,
un tout petit morceau d’enfance ).
.
Je me demande où est passé le reste de la coiffure,
peut-être oublié dans un coin,
ou bien récupéré par les oiseaux
qui en ont tapissé leur nid.
—
.
Josiane Guitard-Leroux
.
La Panoplie de Pénélope La Panoplie de Pénélope (détail) Monstrance (à gauche) & Etrange entrelacs de noeuds de nous
.
.
Des cheveux sur la langue
Michel Lamart
.
La Liberté
Tient à un cheveu
Celui des femmes
En cette Perse
Qui trop rime avec potence.
.
On pend ceux qui pensent
Mal au nom d’un Ciel
Saturé de cadavres d’enfants.
.
Quand religion
Et barbarie
Dictent la conduite
Des citoyens et citoyennes
On se prend à chanter
Ah ! Ça ira ! Ça Ira !
Ça IRAN !
.
5
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Chevelures
Angèle Paoli
.
Ah ! la chevelure
argent d’Elvire
son fin visage de slave
la caméra clignant
des yeux pour elle
seule savants enroulements
à sa nuque
tourne pour mieux
saisir l’art des volutes
se déplace sur les lèvres
sur la parure de perles
.
le charme d’Elvire
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ses savantes œillades
ses sourires assortis
au violine des bagues
beauté juvénile encore
dans la brillance de l’âge
qui se dessine épouse
le velours de ses formes
amples et rondes
…
lire le poème complet ici :
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Marie Desvignes & Marilyse Leroux
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Elles
Christophe Condello
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Pourront-elles apercevoir
à nouveau
les ailes de l’horizon
la chevelure de l’aube
réapparaître
dans la brise et la lumière
atteindre
les lieux tant reculés
de la quiétude
leurs murmures
poussière immensément rendue
à ce qui papillote
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Josiane Guitard
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JUSTE VIVRE LIBRE
Josiane Guitard
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Jouissance juvénile de l’autonomie
Usurpation ubuesque d’un pouvoir
Saveur savoureuse de la transgression
Tentation terrifiante du possible
Esquisseéclatante d’indépendance
Vertigineuse velléité de liberté
Inépuisable instinct de vie
Vigoureuse volonté de choix
Ravissante rêverie de cheveux au vent
Emblématique espérance de dévoilement
Liminaire légendaire d’audace
Injustice incessante pour elles
Bataille bercée par la joie
Réaction réticulaire pour toutes
Exquise ébauche de libération
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4
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Message personnel
Nadine Travacca
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Planté dru tout autour de la tête
Long brun
Hirsute au réveil
Le cheveu se cramponne
Brossage à l’aveugle
En bandeaux au chevet du visage
Volets battants sans attaches
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Fouillis de mèches odorantes
La chevelure griffe l’air
De son sceau
Marque le territoire
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Pour Mahsa Amini, in memoriam
Viviane Ciampi (France/Italie)
..
Coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !
J’ai attendu longtemps qu’une main me libère.
Mon cou craque, mon dos craque, mes reins éclatent
coup après coup. Les loups jouissent coup après coup.
Rires infâmes de la foule.
Mon corps est une île de douleur.
Mais toi qui sais, toi qui compatis
toi qui n’as pas les yeux affamés de sang, ni regard évasif,
toi qui montes les marches de ma peur, en mémoire de moi
coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !
Je les vois descendre comme neige qui recouvre l’ignorance
d’une police morale et mortelle qui nourrit ses larves
qui torture et tue. Et toi qui me savais enfant
dans un corps de femme, en mémoire de moi
coupe tes cheveux, coupe ! Coupe tes cheveux, coupe !
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Au chant des Ciseaux
ValérY meYnadier
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Les corps pendus oscillent
Deviennent chevelures de chair, au vent
Au vent battant
De-vent les yeux grands ouverts, d’un peuple qui ne baisse pas les yeux
.
Bientôt, là-bas, sous les têtes voilées
Plus de cheveux à cacher
Le chant des ciseaux, dernier acte avant exécution
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S’il le faut, Liberté en main, elles iront sur la place publique, & se couperont les têtes
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C’est ça que vous voulez ?
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Un pays sans femmes, vous oubliez d’où vous venez
Où vous allez, parfois, entre nos cuisses
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En cette année 2023, dans vos bouches de renégats, Édicteurs de lois funestes
Je rêve des baillons de cheveux plein de poux importés de tous les pays du monde
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& que l’étouffement soit, au nom de TOUTES, & tous
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Nouveau départ
Chantal Plaine
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Face à la glace, je les regarde tomber. Résolument.
C’est une inconnue maintenant qui me fixe, le regard douloureux mais déterminé.
Je n’ai pas voulu les voir partir par poignées, j’ai choisi d’anticiper.
Ni perruque, ni foulard, j’irai tête nue. La seule chose que je sois encore libre de choisir.
Perdre mon identité de femme en faisant ce choix ?
Provocation ?
Non, acceptation pleine et entière de cette nouvelle moi.
L’insouciance, la frivolité sont tombées avec mes cheveux.
Me voici prête au combat.
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3
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les âmes fatiguées se répondent
Re Chab
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… Même si mon corps maladroit
glissait sur la boue gelée,
je suivais le déplacement de l’air,
ralenti par les branches
où mes cheveux se prenaient,
pensant suivre votre piste.
Sans doute les animaux s’enfuyaient
à votre approche, sentant une main froide
mais je ne vous voyais pas,
et même vos pas ne s’imprimaient pas dans la neige.
Qui êtes-vous
ombres trépassées, fantômes familiers,
pour revenir habiter dans ces lieux
où les vivants sont prêts à s’effacer ?
.
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Elles cheveux au vent
Emmanuelle Sarrouy
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Cheveux au vent elles
Affichent leur
Puissance de liberté elles
Réclament plus grande
Considération elles
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Chantent a cappella
Capelli al vento
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Leurs cheveux sont
Nos cheveux sont
Armes égales et
Roses multicolores
Pétales lancés
En résistance
Aux quatre vents
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Elles cheveux au vent
Femmes Iraniennes
Et de toutes contrées
Chantent inlassablement
.
A cappella
Capelli al vento
Verso la libertà
.
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Elle
Sandrine Davin
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– Elle –
Elle est là sur cette terre
Sur sa terre
Natale et de cœur
Les yeux tournés vers l’ailleurs
– Elle –
Elle est là sur cette terre
Genoux à terre
Le voile entre les mains
Une arme au creux des reins
– Elle –
Une larme de sang sur la joue
Son nom, sa terre, plus rien
Non plus rien du tout …
.
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Les cheveux
Patrick Williamson
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Tout au fond, c’est ouvert et non structuré,
intermédiaire, extrêmement organisé, donc
source primordiale de force, soulevant
le voile, une structure complexe
qui s’écoule à mesure que gonflent les cheveux
gras, qui fait que ces cheveux répugnent
à ces hommes qui te comparent
à un jardin aux grappes suspendues,
à des crochets, chaînes, scorpions, corps mous
de vers segmentés, oubliant
qu’on pense la tige morte,
tandis qu’à l’intérieur se poursuit la croissance, le bulbe
vivant produit, maintient, et grâce aux cellules souches
les cheveux repoussents, se répare votre peau blessée.
trad. Marilyne Bertoncini
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2
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Marie l’Egyptienne, Notre-Dame d’Ecouis, 14ème siècle –
Man Ray – La Chevelure, 1929 – collection Fondazione Marconi
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Tu es venu vers moi
Sophie Brassart
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Tu es venu vers moi, cuir, écharpe
Et j’ai désiré vivre où brûle ta caresse
La moto fendait l’avenue en deux
en nous, attelage happé par son but
.
Et j’ai désiré être neuve
Maintenant se désalignaient
les immeubles, les cheveux éclatants
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Etre possible
Fragment. Opacité, oubli des phares rouges
Mon sein petit dans ton dos
errant et goûtant l’errance
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Offre scellée d’un vertige
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Tȟaté ((l’esprit du vent dans la mythologie Lakota-Sioux)
Béatrice Machet
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Le vent chante les chevelures
Marilyne Bertoncini
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La cime des arbres peigne le vent
le vent caresse la chevelure des branches
.
et la toison de l’herbe
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Le vent est libre et chante
dans les cheveux défaits des forêts
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il effleure en passant la tête des primevères
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ou s’attarde un moment pour cueillir le parfum
du jasmin étoilé sur le mur du jardin
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Le vent porte aux étoiles la chanson de la terre,
décoiffe les comètes, fait tourner les planètes
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et c’est tout l’univers qui chante avec le vent
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Le vent est libre et chante quand les cheveux des femmes
sont fleurs épanouies au soleil de la vie.
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Jin Jiyan Azadi
Marilyse Leroux
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La brosse à cheveux
Marilyse Leroux (France)
La cérémonie dominicale avait son autel, entre mousse et cuvette. La brosse en corne attaquait mes cheveux. Longs. Trop longs. Jamais coupés. Les nœuds résistaient à l’approche de la nuque, aussi fins que des pattes d’araignée. Remonter, descendre, la main de ma mère empruntait sans ciller la voie du martyr. Je serrais les dents à chaque passage, les comptant un à un. Un coup de lame abrégeait parfois le sacrifice.
Mon regard fuyait par la fenêtre où le ciel dénouait ses nuages. Un air de réclame en vogue et, bientôt, sous le gant, mille aiguilles attaquaient mes paupières. Aucune consolation, aucune échappée. Fallait-il que je résiste ou que je cède au mouvement ?
Le broc d’eau attendait son moment au pied de la table de toilette. Témoin silencieux d’une enfance à souffrir, pour plus tard.
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Chevelures d’Iran
Alix Lerman Enriquez
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Femmes d’Iran, on brûle vos mèches de cheveux,
Que vous avez voulu détacher, voir flotter à l’air libre du vent,
Comme les vagues brisées par l’écume de votre colère,
Comme les ailes cassées d’un oiseau captif, oublié.
Là-bas, la mer caspienne vous encercle, vous fait prisonnières.
Vos cheveux sont à terre, comme est à terre votre liberté.
Et les voiles des bateaux restés à quai s’enlisent
Sous vos algues marines, sous vos flammes ambrées.
Vos chevelures de femmes flottent sous le soleil indigné
Comme l’étendard de votre courage,
Comme l’étendard de votre dignité.
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1
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Les Cheveux des arbres
Florence Daudé
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Vers qui remontent -ils ces cheveux gris,
Tentacules d’une ancienne mer
Portant leurs sédiments aux arbres d’aujourd’hui ?
Quels socles antédiluviens gardent-ils dans leur moirure?
Ridules de terres infranchissables
Scarifiant patiemment, sans fatigue, la peau de notre terre.
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Crâne lisse
Jacqueline Saint-Jean
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Crâne lisse calebasse
esclave ou rebelle
.
tu te souviens là-bas
du vent soulevant
ta folle crinière
.
Qui dira jamais
le sort des chevelures
cachées enserrées tondues
scalpées arrachées vendues
.
mais ailleurs tressées sculptées
en chemins de mythes
ou déployées ondoyantes
ruisselant sur le paysage
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Cheveux de l’air
Marc Ross
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Ô cheveux de l’air tressés ou en bataille !
Le bon vent se sent de mèche avec vous
Pour vous servir d’emblème tel un drapeau
Au nez et à la barbe des hommes archaïques
.
À l’entendre souffler errer de tous côtés
On dirait bien qu’il a pour métier aussi
De prendre un air meilleur pour vous approcher
Sécher une fois pour toutes les larmes de douleur
.
Qu’il plaise ou non au ciel aux bourreaux d’ici-bas
N’ayant en tête que murs dressés autour de vous
Des miroirs se dévoilent la lumière se raconte
Des visages de femmes se préparent à la fête.
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Cri incandescent des femmes debout
Lydia Padellec
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Cri incandescent des femmes debout
Des femmes qui jettent voile au feu
Cheveux au vent Sang craché
Au visage âpre du patriarcat
Femmes d’Iran
Femmes d’Afghanistan
Femmes de tous pays
Dont les droits sont bafoués chaque jour
Cut hair, cut hair
Cut hair, cut hair
Cut hair cut hair !
Coupe les cheveux coupe les cheveux
Et brandis-les vers le ciel
Telle la torche flamboyante
De la Liberté !
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2 Comments
Connaissez-vous Elizabeth Guyon-Spennato ? | Littérature Portes Ouvertes
[…] Quant aux contributions elles-mêmes, vous les retrouverez sous forme d’anthologie numérique sur le site Jeudidesmots.com : https://embarquementpoetique.com/atelier-de-creation-cheveux-au-vent-conditions-de-participation/ […]
Lectures publiques 2023 | Site principal Alain Marc
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