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L’émoi du jour présente la poète Enza Palamara, qui lira des extraits de son recueil Ce que dit le nuage, le samedi 5 février, au musée Fabre de Montpellier lors d’une manifestation organisée avec la Maison de la Poésie Jean Joubert – sa directrice, Annie Estèves présente cet ouvrage dans les critiques de Recours au Poème.
Dans la période troublée que nous traversons, son invitation à investir le nuage pour mieux habiter le monde me semble nécessaire – ce livre est un délicat joyau et un parcours mystique et sensoriel : en de brefs poèmes, il interroge les dessins au fusain réalisés par l’autrice au sortir d’une longue maladie,
Qui fait surgir
de mes doigts
ces images
semblables à celles
qui illuminaient
mon enfance ?
Résurrection
des émois
les plus tendres
Ces fils des « gribouillis » au fusain, devenus délicats dessins, et nuages, ponctuent le livre. A travers eux, la poète dialogue avec l’infime brin d’herbe ou la fleur – et c’est à l’âme que l’on parle, et qu’on renoue les fils qui nous manquent souvent, dans notre monde projeté à toute vitesse vers un avenir incertain : le propre du nuage, c’est de proposer un suspens – la pause du regard et de la pensée, pour rêver – donc créer – d’autres perspectives.
Le Nuage
reçoit
les élans nus
les énergies
qui le pressent
*
Le Nuage
cache le Tout
l’âme de l’Âme
le soulève
sans relâche
anime
ses mouvements
*
Le Nuage
est le Lieu
où circule l’Esprit
Percevoir
cette circulation
à travers
un tendre et aveugle
élan d’amour
*
Vivre dans un nuage
n’est-ce pas
habiter
un vrai lieu ?
Les frontières
sont abolies
le temps et l’espace
se confondent
extraits de Ce que dit le nuage, POESIS, 2022