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C’est avec ce texte tendre et nostalgique de Giovanna Iorio que je finis l’année : avec ces roses qu’à Nice, on nomme « roses de baragne », ces fleurs robustes, qui croissent sur les haies des jardins, vergers et potagers, et que l’on hume en passant tant leur parfum est fort . Elles résistent au vent, aux pluies, au temps qui passe et les flétrit sans leur ôter la douceur des pétales …
Je vous en offre un plein bouquet, pour passer à l’année nouvelle, avec la force d’affronter comme elles ce qui vient, comme il vient. Forza, Forza – et tous mes voeux pour 2022 : que de nouvelles roses fleurissent tous vos jours.
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Penso alle rose invernali nel giardino che non c’è più. A dicembre diventavano scure. Erano le ultime rose ma avevano una strana forza. Nessuno se ne curava, crescevano e basta. A dicembre mio padre se ne ricordava all’improvviso: « Hai visto le rose? ».
Non era un tipo da rose, mio padre, ma quelle di dicembre lo riempivano di stupore. Nei giorni che precedevano il Natale ne portava in casa una e diceva: « Sentite che profumo! ».
Si riempiva le narici di quell’aroma, inebriato. Ci invitava a fare altrettanto, mettendoci la rosa sotto il naso come una medicina che dovevamo prendere tutti…
Era un profumo speciale che non trovo più. Qualche giorno fa mi sono fermata ad annusare una rosa bianca, profumava di nulla.
C’era, in quelle ultime rose, un segreto che non riuscivo a decifrare.
Mio padre era una formica, lavorava da mattina a sera soprattutto d’estate. C’era sempre il rischio che l’inverno arrivasse prima del previsto. La sua era una specie di gara con il freddo e il buio. Le rose di dicembre erano il segno che ce l’aveva fatta, l’inverno era alle porte e lui si poteva fermare.
Erano robuste, quelle rose, dondolavano sul gambo in giardino nonostante i morsi del gelo. Quel profumo che racchiudevano era il segreto di una rara forza.
« Forza, forza » mi diceva spesso mio padre negli ultimi tempi. Dove dovessi andarla a cercare la forza non me lo diceva. Ma forse quella rosa invernale che faceva annusare a tutti, forse era quella la forza, la cura per l’inverno imminente…
Giovanna Iorio
Je pense aux roses d’hiver du jardin qui n’est plus. En décembre, elles brunissaient. C’étaient les dernières roses mais elles avaient une force étrange. Personne ne s’en occupait, elles poussaient, c’est tout. En décembre, monpère, tout d’un coup, s’en souvenait : « Tu as vu les roses ? ».
Ce n’était pas le genre à penser aux roses, mon père, mais celles de décembre le remplissaient d’étonnement. Dans les jours qui précédaient Noël, il en amenait un dans la maison et disait : « Respirez ce parfum ! ».
Il se remplissait les narines de cet arôme, enivré. Il nous invitait à faire de même, nous mettant la rose sous le nez comme un médicament que nous devions tous prendre…
C’était un parfum spécial que je ne trouve plus. Il y a quelques jours je me suis arrêté pour sentir une rose blanche, elle n’avait pas d’odeur.
Il y avait, dans ces dernières roses, un secret que j’étais incapable de déchiffrer.
Mon père était une fourmi, il travaillait du matin au soir, surtout l’été. Il y avait toujours un risque que l’hiver arrive plus tôt que prévu. Pour lui, c’était une sorte de compétition contre le froid et l’obscurité. Les roses de décembre étaient le signe qu’il avait réussi, l’hiver était à nos portes, et il pouvait s’arrêter.
Elles étaient robustes, ces roses, elles oscillaient sur leur tige dans le jardin malgré la morsure du gel. Ce parfum qu’elles renfermaient était le secret d’une force rare.
« Allez, courage », me disait souvent mon père les derniers temps. Où je devrais aller chercher la force de ce courage, il ne me le disait pas. Mais peut-être que cette rose d’hiver qu’il faisait sentir à tout le monde, peut-être était-ce cela, la force du courage, le remède pour l’hiver imminent..
trad. Marilyne Bertoncini
Marilyne Bertoncini