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Chaleureux et émouvant, ce sont les mots qui viennent à l’esprit pour définir le moment passé ce jeudi soir Chez Pauline, avec Zacloud, le compagnon de toujours, la famille, les amis proches, les amis des Diables bleus et de Jeudidesmots, les habitués et les nouveaux venus, qui ont écouté et lu les poèmes de Narki Nal, et les hommages en son honneur.
L’éditrice, Carole Mesrobian, pour OXYBIA, a présenté le livre qui vient de sortir, et les éditions qui l’accueille : Oxybia, c’est le nom d’un résistant ligure à l’occupation romaine, le nom qu’il fallait pour accueillir la combattante que Narki-Nicole a toujours été. Oxybia, c’est aussi la maison d’édition des rares livres traduits de la grande poétesse italienne Ada Merini, dont le travail et l’écriture, sans concessions, dialogueront avec les poèmes de Narki Nal, qui brûlent d’une similaire passion.
Le livre est disponible sur internet, auprès de l’éditeur, au prix de 12 euros.
Et l’hommage sous forme de centon, écrit et lu par Eric-Ericiel :
JE SUIS VIVANTE
Samedi 6 août 2022.
JE SUIS VIVANTE
je suis vivante
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Il y a des foules impavides à la nausée
Pourtant l’incandescence des départs
Enflamme l’air de feux follets
Feux follets… la mort est là
Qui meurt de rire dans ces lumières de cimetières
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Vous êtes 10, vous êtes 100, ma famille, mes amis.
Pour moi vous brûlez. Je sens vos cœurs qui brûlent.
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JE SUIS VIVANTE
je suis vivante
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Il y a beaucoup de trains évanouis
Il y a beaucoup de cimetières dans les gares
Mémoires calcinées, cendres, larmes de pierre
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Il y a beaucoup de femmes ruisselantes, brûlées
Il y a parfois aussi des hommes sombres
Noyés par les douleurs d’aimer, pliés.
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JE SUIS VIVANTE
je suis vivante
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Vous amies Vous amours
Vos têtes éphémères effacent l’éternel
Et cultivent le désir de l’oubli.
Pourquoi n’ai-je pu vous retenir encore
Aussi violents furent mes sentiments
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Seule ma mémoire n’est pas éphémère
Et la perte qui vrille mon ventre à jamais
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JE SUIS VIVANTE
je suis vivante
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Je passe, je vous vois, vous êtes mon passé
Mon passé qui me regarde sans me voir
Mon passé qui défile comme je vais au fil de l’eau
Je suis celle qu’on quitte, celle qui se noie.
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Vous déclarez « tout passe »
Vous cultivez l’oubli
Mais rien ne passe jamais
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Pensées flottantes
Toute une vie à chercher le feu
Devenir feu
Mais ne brûle pas tout bois
Mais ne danse pas dans les flammes tout corps
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Mais où passent les corps ?
Ils vont à la dérive
Dérive du temps qui passe
Dérive de l’horreur
Mais où passent les corps ?
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Ce corps que j’ai détesté
Qui fut ma torture
Que j’ai haï parfois
Parfois affamé
Qui a débordé
Qui m’envahissait m’obsédait
Mon corps champ de bataille
Je l’aime maintenant
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Je suis
Je ne suis plus
Je suis
En mon être
En son essence
Rien n’est différent.
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Je suis vivante encore.