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ROMANCES
Le titre rappelle les 18 romances de Federico Garcia Lorca : en ces poèmes comme en ceux du poète espagnol, sont présents la sensualité, l’usage de la métaphore, les symboles de la nuit, de la lune pour évoquer l’absence, la mort, la perte de l’amour.
Deux voix se répondent, celle de Jorge Hu poète mexicain et celle de Sara Timóteo poète portugaise qui a fait le choix d’écrire en français. L’un et l’autre évoquent le manque et l’attente, ainsi que la perte de l’amour. Ils nous donnent à entendre une joute amoureuse et poétique où se joue encore et toujours le paradoxe amoureux quand le désir enchaîne et libère tout à la fois et emporte en un va et vient incessant entre se perdre et renaître.
Les poèmes de Jorge Hu, en un lyrisme ample, conjuguent poèmes versifiés et poèmes en prose ; en écho à ses poèmes, les brefs poèmes de Sara Timóteo, en peu de vers parfois des tercets voire des distiques, confirment les plaintes, les regrets et la perte du désir évoqués par Jorge Hu, lorsque l’autre est «en attente/ au seuil de ce rêve», mais aussi quand l’autre a pu enlever « le joug de tes sens pour savourer la liberté »
(…)
Comme dans la pure tradition lyrique médiévale, ici comme dans de nombreuses ballades, l’amant est prisonnier de son amour, la métaphore du prisonnier et de l’amour-prison s’inscrivent dans cette dialectique amoureuse. Un amour qui trouve refuge dans un jardin mythique, s’y réfugie, le jardin alors symbolise le retour à la lumière du jour après avoir vécu l’enfermement, «dans ce cachot froid et humide».
(…)
Jorge Hu et Sara Timóteo illustrent bien en ce recueil que la poésie espagnole et hispanophone ainsi que la poésie portugaise sont des plus fécondes dans la tradition lyrique et que l’âme portugaise sait porter haut la «saudade».
(extrait de la préface de Ghislaine Lejard
,
Preso de ti
Me reconozco,
soy tendencioso,
me complazco perdiendo mi libertad,
por supuesto entre tus brazos revestidos de pétalos
y púas,
en mazmorras y calabozos manantiales de gozo.
Importa poco si en inanición del mundo me pierdo
en la hambruna más atroz,
o si se cae a pedazos la torre Eiffel,
o en mi jardín emerge el muro de Berlín.
Casi inmortal florezco como tulipán que el sol busca
en el brillo de tus ojos,
que se comieron al sol cuando bebiste del río que de
mí descubres,
cada que el calor nos gana,
casi siempre cada mañana,
cuando en seducción los diez sentidos cómplices,
nublan todo lo demás que está más allá de nuestra
cama.
J. H.
.
:
Je me souviens du jardin
où, à la hâte, j’ai enlevé
le joug de tes sens
pour savourer la liberté – mais tu as choisi
de me garder dans l’ignorance du désir
et tu m’as ensuite déshabillée pour que je
goûte à la servitude.
S. T.
.
Primicia
Primer amor,
no tiene que ver con el tiempo,
no es el más añejo,
no se esconde en la memoria,
no está perdido entre besos superpuestos,
no sé si sea el último,
pero hoy me inflama de dicha,
justifica pérdidas y me alienta a esperar cada
mañana,
para crecerle mis ganas de que me vea,
para sacarle de monótonas experiencias,
cuando se sienten ganas de no separarte,
sabes reconocer la primicia del amor,
sin reclamar las cortas horas de un día,
para justificar su ausencia,
sólo cuando duermes para seguirle soñando,
es el círculo que me ingenio para verle,
cuando no está,
para que,
aun distante,
la tenga cerca…
En conclusión: mi primer amor eres tú,
hoy lo tengo en cuenta.
J. H.
.
:
La mer renaît
dans tes yeux
et je me perds à nouveau
dans les marées de ton corps
S. T.
.
Otra vez
Otra vez me equivoqué,
confundí tus labios besando mi boca en la boca de
cualquier desconocida,
y creí reconocer tu aliento mientras rodaba tu
imagen borrosa entre los recuerdos,
y en el delirio sacié toda la ausencia contenida en
mis pupilas cerrando los ojos.
Mientras ella musitaba cariño furtivo,
logré perder la noción del dolor de no tocar tus
quimeras,
anhelando ser sofocadas,
y que aún son motivo de mis húmedas madrugadas.
Solo lloré después,
porque sobrevivo al calor como siempre,
para descubrir que, más nunca,
desde tu marcha,
no he vuelto a hacer el amor.
J. H
:
:
J’ai oublié ce qu’est
de toucher ton corps;
les eaux ne grondent plus
sur mes lèvres
et tous les fruits ont séché
et sont morts
en l’absence de tes yeux
S. T.
