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1 – Joëlle Abed – Alain FC Morinais – Jacques Cauda (texte et dessin) – Alix Lerman-Enriquez – Marion Lafage (texte et photo) – Jean-Michel Sananes – Jean-Christophe Belleveaux – Nicole Barrière – Alain Freixe – Anne Soy.
2 – Susy Desrosiers – Jacques Merceron – Gérard Le Goff (texte et collage) – Anne-Marie Jorge Pralong-Valour – Eva-Maria Berg – Alain Helissen – Viviane Ciampi (texte et collage) – Elizabeth Guyon-Spennato –
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Joëlle Abed
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il faudra leur expliquer
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ces marques sur mon visage
sont les chemins sans issue que j’ai empruntés
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jusqu’à
rebroussant chemin
l’oiseau qui s’est proposé comme lampe frontale
mais qui n’a rien effacé derrière lui
de ce qu’il n’a pas éclairé
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Joëlle Abed a séjourné une partie de son enfance et de son adolescence à Djibouti. Son retour en France, dans la capitale, est vécu comme un exil. Psychanalyste et poète, la frontière entre ces deux espaces est devenue chez elle de plus en plus ténue, au fil du temps. Une quinzaine de titres dont : Lieux du tremble, Prix Max-Pol-Fouchet, Préface Vénus Khoury-Ghata, l’Âge d’Homme, 1990. Icônes de la pluie, Robert Subtil Éditeur-Colporteur, avec des encres de Philippe de Boissy, 1996. Comment va-t-on expliquer ça aux hommes, livre peint avec Anne Slacik, tirage limité, 2002. Puisque je suis de l’eau, Prix des Trouvères, Editions Henry, 2021
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Alain FC Morinais
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Alain FC Morinais : Sociétaire et lauréat des Poètes Français ; de Poètes sans frontières, de l’Académie Renée Vivien, de l’Académie Internationale l’École de la Loire. 13 Grands Prix Littéraires. 20 recueils de poésie publiés et une anthologie poétique personnelle intégrale en 6 volumes.
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Jacques Cauda
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Tricot de corps
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La peau s’écrit Sans désinvolture Mise en œuvre
Vers la vérité elle est la vérité L’itinéraire où l’on
Se sent étranger En pays connu et dépris du secret
Qui l’habitait La peau ainsi refroidie soit-elle
Impudique elle participe à l’Érotique et figure
Le sacré de la présence Elle est le vêtement de l’âme
Cette sublime d’attente La peau brûlure des yeux
Qui l’oublie ? Le peintre ? Non c’est sa vérité
Habillée de frais Hymen nu pour elle
Comme pour lui tout comme La peau est passée en atelier
Tendue blanche toile Incarnée mais encore…
Surtout par un bout Son corps exhibé
Escalier vers le ciel La peau des jours crus
Des heures démunies de toute
Vérification quand arrive le rituel
Par l’ombre qui s’emploie écrasée
Par un trait de soleil La peau un peu de blanc
De terre verte sur un plan Et de tons rosés fondus
Elle fait son chemin en peinture
Avant d’ouvrir la vue La peau ne garde que ce qui vient
À mourir sous l’œil Sa brillance sa douceur sont
Au premier âge de la vie magnifique
Bel idéal follement loin La peau à quelques encablures
Qui font le prix du lointain vu de
La main qui caresse Ce petit pan de mur sang
La peau blonde comme l’air Du bonheur Une apparition
Une sorte de peu à peu Que tout dévoile
Avec le silence couchant Et la lumière du midi
Dont il faut se vêtir La peau : tricot de corps
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Jacques Cauda, peintrécrivain, artiste polymorphe, écrit le corps comme le cyclostome élégant écrirait s’il écrivait. Il a reçu le prix spécial du jury Joseph Delteil 2017 pour Ici, le temps va à pied, Souffles. Il est directeur de la collection La bleu-turquin chez Douro éditions.
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Alix Lerman-Enriquez
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Corps à corps
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Mon corps courbé à l‘écriture, ma main crispée sur mon stylo.
Mon dos voûté, mes seins qui tombent d’avoir trop enfanté.
Mon cœur brisé lorsque les mots sortent de ma bouche,
près de la commissure des lèvres.
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Roses baignées d’aurore qui viennent s’écraser, pleines de larmes,
sur mon palimpseste vierge, sur la pierre d’ombre brisée, striée de silence,
sur ce parchemin que je tiens à pleines mains
où s’incurvent les traces noires de mes arabesques flottantes,
de mes hiéroglyphes fragmentés comme les reflets blessés de mes yeux effarés.
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Mon corps se bat avec la page blanche,
fait de l’escrime avec l’épair de ma feuille
qui frissonne de mots et d’espaces blancs.
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Suant eau et sang, courbée sous le poids des silences,
j’y inscris, en position fœtale, les mots de ma naissance,
celle de mon texte poétique accouché au forceps de ma nudité
dans un cri rauque, un râle de délivrance.
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Alix Lerman Enriquez est née à Paris le 5 mai 1972. Titulaire d’un doctorat de philosophie du droit, l’auteure a déjà publié une quinzaine de recueils de poésie comme Météores (Editions La Bartavelle 2005), A-Contre-jour (Hervé Roth Editeur 2013), Tombée du ciel (Editons les poètes français 2021).
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Marion Lafage
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Corps dansant du poème, poème du corps dansant
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Le poème est l’histoire de ce qui arrive à une voix.
La danse est l’histoire de ce qui arrive au corps de la voix.
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Marion Lafage a publié deux recueils chez Jacques André éditeur (Par Chemins et Calames en
2022 et Un Mixologiste en Montgolfière en 2023). Poète invitée aux Voix Vives de Sète en juillet 2023. Elle habite les Hautes-Alpes où elle anime des ateliers d’écriture.
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.Jean-Michel Sananes
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Où es-tu quand tu n’es pas là,
quand tu habites l’encre fluide
d’un mot qui cherche son sens
et s’évade du stylo ?
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Es-tu l’encre, le stylo, le cœur dans la main
la passion, l’angoisse d’un lendemain
le mouvement de l’heure qui passe ?
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Vas-tu te rencontrer
te retrouver ?
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Posé sur mon épaule je me regarde
je vis d’un flux neuronique
inquiet, j’existe
avant de retourner
dans cet hors de moi
qu’est la réalité
cette aridité sucrée
où j’oublie d’exister
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Où suis-je quand je n’y suis pas ?
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JMS
14/11/23
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Jean-Christophe Belleveaux
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debout derrière la vitre
à regarder la pluie
et pétunant
et songeant mollement
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indigo le mot et la couleur
j’avais envie d’écrire :
indigo, c’est le titre
je l’écris
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à regarder la pluie à Nevers
à rêver les souvenirs l’envers de la vie
et mordant le mégot
debout dans mes genoux abîmés
mordant dedans novembre sans rideaux
maintenant le jardin dort
il y a du Satie un peu
par-dessus les ombres et les lumières douces
quelque chose comme
(mes bras ballants) un flottement
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on devine que
derrière les hangars
la vie ferroviaire s’amenuise
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je ne fais qu’écrire
vivre un peu
écrire surtout qui permet de jongler
avec le soir le matin tous les désordres
j’ajoute à l’énigme
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j’ai la mémoire des orages
du vol frénétique des martinets aussi
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cela peut emplir rassurer
comme rassurent
une épicerie d’un autre âge
ou une mercerie
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Jean-Christophe Belleveaux, né en 58 dans le département 58, a publié une vingtaine de livres, animé durant sept ans une revue de poésie, bénéficié de deux résidences d’écriture (à Rennes et Marvejols). Il a voyagé dans une cinquantaine de pays et se sent citoyen du monde.
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Nicole Barrière
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Dans la main des nuages, seule,
la vie s’élance en étoile blanche
Chante sa chanson de mort.
Immense nuit du corps. Seule,
la vie s’élance en étoile blanche
Brule mon cœur, mon corps, mon âme
Jusqu’à immoler la peur
Seule, la vie s’élance…
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L’étoile a brûlé toute la nuit
Toute la vie, vie nue, vie agrippée au temps
Ou au vent ? La vie agrippée à la nuit
Derrière la fin du jour, l’étoile a brillé toute la nuit
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Je cherche un ange arrimé à la nuit
Arrimé à la vie, aux ailes de géant, ailes brisées cruellement
Ailes arrimées à la vie, la vie nue, agrippées au temps
Ou au vent, derrière la fin du jour
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J’avance de rocher en rocher jusqu’à l’ange
Ses ailes me ceignent de l’aura secrète
Je chante la grâce de l’ange qui coule en moi
Qui coule et mon sang…
Mon sang hurle et bouillonne jusqu’au dieu du poème
Je suis immergée dans la grâce
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Dieu du poème…Hurle en moi, brille en moi, meurs en moi
Et renais…sur la page blanche, où je vais mourir
mon rêve blafard où s’imprime ton baiser
Dieu du poème, germe en moi, brise-moi, aime-moi
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Nicole Barrière est Poète, essayiste, traductrice et dirige la collection « Accent tonique » aux éditions l’Harmattan. Elle s’est engagée notamment pour la liberté des femmes en Afghanistan, et au Kurdistan d’Irak. Elle défend la francophonie, les langues et les cultures menacées.
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Alain Freixe
…et tu ouvres la porte
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Sur le seuil, tu demeures interdit. Chaviré serait plus juste, peut-être. Sous les à-coups du vent, une voix t’invite à oser le pas. A sortir. Dehors, les routes sont à inventer. Ainsi appelle le large. Gorge séchée, espaces intérieurs dénoués, mots désenchevêtrés, sang et gestes irriguant moins des souvenirs, ces réponses fermées sur elles-mêmes cousues par la bienheureuse folle du logis, que des questions dont le perpétuel est le sol absolu.
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Avance et laisse aux ombres limpides qui agitent l’air ce goût de sang qui grince dans ta gorge comme s’il s’agissait de faire face et de tenir tête au silence.
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Laisse aller, et va avec pour donner chance à l’instant qui déjà s’incline vers toi. Et t’arrête enfin. Devant toi vacille dans l’air mauve une fragile passerelle. Elle regarde la mort reculer jusqu’aux premières violettes. En lisière de page.
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.Alain Freixe, né en terres catalanes, aime à musarder entre philosophie et poésie. Publie et critique la poésie en revue et sur le net. Collabore à de nombreux livres d’artiste. Anime Les Cahiers du Museur. Parmi ses derniers livres : Qui vient, L’Amourier, 2022 ; Les mains heureuses, La rumeur libre, 2022 ; Le grand mélèze, Peintures de Robert Lobet, éditions La Margeride, 2023
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Anne Soy
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Je suis une femme noire
longue de silence
une poète afghane aux cheveux défaits
j’écris mon nom blanc sur blanc
pour les blessures de chaque jour et chaque nuit
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Je suis l’ombre des femmes invisibles
qui se lève
l’écho de leurs voix abîmées
qui se répand
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Je porte leurs prénoms
en vagues maritimes
pour approcher l’horizon
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Anne Soy, lyonnaise de naissance, est annécienne d’adoption. Ses premiers poèmes ont paru dans la Revue Verso où elle publie encore régulièrement. Elle participe à l’Espace Pandora, au Jeudi des Mots, aux émissions de radio Semnoz « Poésie en pays de Savoie ». Elle a publié son premier recueil de poésie Dans le fracas du monde aux Éditions Polyptyque en septembre 2020 puis Approche le rivage aux éditions Encretoile en mai 2023.
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Susy Derosiers
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Susy Desrosiers, Auteure de théâtre et de poésie habitant dans la région du Centre-du-Québec, au Canada. Quelques-uns de ses textes sont publiés dans des revues et des collectifs québécois et
internationaux. Elle est la grande gagnante du Prix national de poésie pour les aînés 2021.
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Merceron Jacques
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Corps transe-posé
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Faire claquer le langage dans la bouche
Le marteau foudroyant
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Langue saisie sous l’aubier
Langue bue à la régalade
Sous les jachères du crâne
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Langue qui secoue / dans ses signes
Jusqu’au tréfonds du colon
Spasmodique et tortueux
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Que faisons-nous en écrivant
Sinon suspendre la crémaillère des songes
Récolter l’écho de paroles gisantes
Retourner le gant de crin des œuvres de mort
Délavées par la pluie des tombeaux
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Et c’est alors parfois la grive au matin
Dans l’air déplacé du givre
Fixée par le carreau vibrant
Qui s’ébroue en sa livrée
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Le glissé soyeux
Des barques sur la rivière
Comme un ancien murmure
De rames tout contre
L’axe désaxé du monde
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Ou bien c’est encore
La cisaille comme un masque de dents
Qui claque dilacère et mastique
Appétit féroce à broyer les coquilles
Revigoré par la pluie des morts
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Né à Paris. Habite Montpellier. Professeur émérite de littérature médiévale. Poèmes dans Décharge, Diérèse, Arpa… ; en ligne : Recours au poème, Le Capital des Mots, Lichen… Recueil récent : Par le rire de la mouche (haïkus), éd. Pourquoi viens-tu si tard ? (2022). À paraître (janv. 2024) : L’Écart des six ifs & autres fatrasies (éd. Douro, coll. La Bleu-Turquin).
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Gérard Le Goff
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Nuit blanche
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A l’orée du sommeil
Souvent me revient
En mémoire
La nuit de ma mort
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Un amas de tôle froissée
Ferraille déchirée
Utérus de métal
Duquel on extirpe
Au forceps
Une charpie
Dans la noirceur et le sang
Mon corps fracassé
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Puis le monde devient blanc
Non blanc de givre
Mais fardé de linge blanc
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Une lumière blanche
Confère aux chirurgiens
Sans visage
Une peau livide
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Ils emportent une dépouille
Qui si peu me ressemble
Ils réparent ce jeune homme
Qu’ils disent être moi
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Bloc opératoire
Lames
Plâtre
Pansements
Encore du blanc
Toujours du blanc
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Qui suis-je pour me croire
Ainsi damné
Avec le désarroi
Pour seule expérience
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Au réveil
La douleur est venue tout de suite
Aiguisée
Comme une arme blanche
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Né en 1953, Gérard Le Goff a publié entre 2017 et aujourd’hui douze plaquettes chez Encres Vives, deux romans Argam et La raison des absents, deux recueils de poésie L’orée du monde et Les chercheurs d’or et des nouvelles Trajectoires tronquées. Est également présent dans les revues : Le Capital des Mots, Décharge, FPM, Haies Vives, Recours au Poème et Traversées.
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Anne-Marie Jorge Pralong-Valour
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Regarde le fond du gouffre
Ton ombre est là
À t’attendre
Échevelée de tous tes rêves
Prête à être recousue
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Serre les nœuds béants du serpent
Sur lequel tu as dansé
Pleuré
Aimé
Toujours vivant entre les chas d’aiguilles
Pointues ou émoussées
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Ne te penche pas
Retourne-toi
Regarde au loin
Les fractures consolidées de tes os
Ouvrent une conversation silencieuse
Entre l’essentiel et toi
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Porte une plume comme on porte un fusil qui ne veut pas tuer
Une arme de fer
Une arme de bois à la sève nourricière du feu de tes veines
Tranche d’un coup de foudre le drap outre-noir
Il cache sur ton chemin la force du vent
Où les mots dansent se cherchent
Se reconnaissent s’aiment
En étincelles de Grâce
Si vivants
Que la Mort n’existe plus
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Anne-Marie Jorge PRALONG-VALOUR, poétesse néo-calédonienne, aime se dire « guetteuse d’étincelles », communiante avec les éléments. Sa Poésie poursuit un rêve de vie, un rêve de sens : écrire pour comprendre, pour transmettre, pour mettre en lumière les multiples sens du réel et être au plus près de son idéal de Beauté et de Vérité, en mesure de lui faire accepter l’inexorable fin.
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Eva-Maria Berg
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dank der hände
können wir schreiben
von der hölle
die uns bedrängt
mit wachsendem elend
und auch vom himmel
der uns erfreut
in unvorstellbaren farben
doch wenn die hände
gefesselt sind
können kopf und herz
die stimme wachrufen
in uns anstatt
zu schweigen
schreit sie lautstark
in die ohren
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grâce aux mains
on peut écrire
sur l’enfer
qui nous accable
les misères croissantes
et aussi le ciel
qui nous réjouit
en couleurs inconcevables
mais si les mains
sont attachées
la tête et le cœur
peuvent rappeler
la voix en nous
au lieu de se taire
elle s’écrie avec force
dans les oreilles
trad. de l’autrice
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Eva-Maria Berg, poète allemande, séjourne régulièrement en France, participe aux projets transfrontaliers et interdisciplinaires, parution d´une cinquantaine de livres et livres d´artiste, souvent bilingues ou trilingues, en Allemagne, en France et en Suisse.
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Alain Helissen
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Il est long le chemin vers la grâce.
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J’avais les mots à fleur de peau.
J’en avais plein le dos.
Des petits, des gros, des durs, des mous, des doux, des lourds, des légers, des cuisinés, des crus, des cuits, des policés, des attrape-nigauds, des capotés, des bruts, des raffinés, des courts, des longs, des emmanchés, des hauts, des bas…
Arrêtons-là.
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Je travaillais avec tout ce bagage là.
Je jouais en puisant dans ma hotte à mots.
C’était pas toujours motivant.
C’était des phrases amovibles, tantôt humoristiques, tantôt moroses, selon la « métémot ».
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Je maudissais parfois leurs mauvais penchants, aux mots.
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Et puis un jour un mot
pas sorti de ma hotte,
vint se poser sur ma langue, avec délicatesse.
Je lui demandai : « Comment t’appelles-tu ? »
Il me répondit : « Grâce est mon nom. Je viens habiter chez toi. Je t’apprendrai l’émotion. Je corrigerai tes inclinaisons grossières. Je nourrirai ta poésie de mots venus du cœur. Ils seront comme la chaleur de ta peau. Ils brilleront dans tes yeux. Ils seront ton moteur. Aime-moi. »
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Alain Helissen vit à Metz où il anime des rencontres poétiques. Outre ses livres de poésie, il réalise depuis
une dizaine d’années des livres d’artiste mêlant poésie, collages, peintures ou photos. On peut voir des
extraits de ces ouvrages sur sa page facebook ou sur son blog : http://alainhelissen.over-blog.com
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Viviane Ciampi
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À partir de son corps
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Calibri ! Arial Black ! Time new roman ! Aptos ! Aptos !
Caractères à choisir, corps présent.
Elle écrit dans le sien, dans le profond dedans,
dans l’entièrement dedans de son corps.
Elle écrit à partir de son corps, jeune et vieux,
de ce corps qui écrit qui s’écrit qui se dit
corps d’elle à elle, bien vivant, corps-papillon d’outre l’écart
vertèbres de mots qui dansent qui s’incarnent en disant : Danse !
Bribes de corps dans l’espace. On en trouve. Elle en joue.
Un doigt. Deux doigts. La main. La langue.
Des seins qui tournent ‒ soleil-mamelon ‒ giclent des vers à grande eau.
Quand son ventre gargouille on entend gargouiller. C’est page 31.
Il chasse le vide au passage. C’est page 42.
Elle écrit nue l’été, dépouillée d’adjectifs,
blanc du corps contenant les silences de la page, s’étale,
se déplace, flotte, remue l’entièreté des silences de la page.
Arial nova ! Arial nova Light !
C’est la voix qui jaillit de la gorge ‒ grâce de la voix ‒
qui prend son élan dans les cordes vocales :
c’est la voix qui se cale et s’écoule
et qui s’ouvre en forme de fleur Verdana ! Tahoma ! Tahoma ! Cambria !
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Viviane Ciampi, née à Lyon, vit en Italie. Elle écrit, traduit et se traduit. Se produit où on l’appelle (Italie surtout, puis France, Tunisie, Palestine, Espagne, Québec). Ses éditeurs sont Italiens, Français ou Canadien : Genesi (Turin) ; Fili d’Aquilone (Rome) ; Plaine Page (Barjols) ; Al Manar (Neuilly) ; Ekstasis (Toronto). Animatrice au Festival Voix Vives (Sète) et Parole Spalancate (Gênes).
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Elizabeth Guyon-Spennato
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我不是真的給你寫信
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我不是真的給你寫信
我在找一些黑墨感覺
畫滿一張空白的夜
排除這憂鬱的滋味
破曉來臨我依然在寫
紙張已吸收了我的血
留下一顆透明的心
這份愛你不能拒絕
表達感情也許不那麼難
但是那樣直接我不想,我不敢
但願你順便願意看
這封不寫給你的信
Je ne suis pas en train de t’écrire
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Ce n’est pas une lettre, cette histoire
Juste un sentiment à l’encre noire
Le papier, je le noircis
Pour effacer ma mélancolie
L’aube arrive et toujours j’écris
Sur le papier coule mon sang
Mon cœur est devenu transparent
De toi il se languit
Ce n’est peut-être pas difficile à dire
Mais comme ça non, je ne peux pas
Si seulement un jour tu savais que moi,
Je ne suis pas en train de t’écrire
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D’origine italienne (île d’Ischia), Elizabeth Guyon Spennato compose ses poèmes en chinois
traditionnel et en italien /napolitain. Huit de ses livres ont été publiés. À Taïwan où elle a étudié, ses
poèmes originaux paraissent régulièrement sur le magazine historique de poésie « Li poetry ».
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