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5 – Marc-Henri Arfeux – Antoine Simon – Jean-Yves Gosti ( texte et sculptures) – Yannick Resch – Laurent Thinès – Jean-Marc Barrier (poème et encre) – Anne-Lise Blanchard – Béatrice Machet – Eric Chassefière – Stéphanie Vermot-Petit-Outhenin
6 – Cathy Garcia-Canalès – Sarah Lecina – Christophe Pineau-Thierry – Jean-Claude Bourdet – Jean-Charles Paillet – Thierry Pérémarti – Charles Akopian – Flore Iborra – Muriel Verstichel – Eve de Laudec
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5
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Marc-Henri Arfeux
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J’ouvre la porte et mon corps,
Fidèle et joyeux comme une balle,
Devient le poème de ce jour.
D’un bond, il rejoint la lumière
Finement tissée d’hirondelles
Et d’un reste de lune,
Le fil soudain tracé de l’horizon
Par une invisible main amicale
Qui lui propose de sauter au-delà
Pour aller voir si le ciel continue
Et ressemble bien à l’inédit qu’il supposait.
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Mon corps déambule sans soucis,
Mon âme pliée en deux dans sa poche,
Pour ne pas oublier l’adresse de son apesanteur,
Ni la maison natale qui s’y élève
Comme une lampe, une goutte, la respiration
Du silence quand il tend l’oreille
À l’approche d’un pas sur l’ambre d’une rue.
Le monde a des égards envers mon corps
Qui prend soigneusement note de ses présents
Afin de tout restituer le moment venu,
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Celui du poème, celui de la mort,
Où mon corps, tirant mon âme de sa poche,
Relira l’adresse où lui faire parvenir
Ses dernières volontés charnelles,
Sans doute un poème du corps
Que mon âme, surprise par cette attention,
Récitera lentement,
Émue et soudain seule comme une pivoine
Après l’averse du matin.
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Marc-Henri Arfeux est né à Lyon le 24 février 1962. Docteur en lettres modernes, il enseigne la philosophie à Lyon. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dans les domaines de la poésie, du récit et de l’essai. Il collabore régulièrement avec les revues Terre à Ciel et Rumeurs. Il est également peintre et compositeur de musique électroacoustique.
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Antoine Simon
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Voilà que le doute s’instaure
mes artères ont un certain âge
même le monde se fait vieux
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on dirait bien qu’il m’accompagne
dans ces contrées d’obsolescence
où tous les repères se perdent
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le monde n’en fait qu’à sa tête
et moi je n’en fais qu’à mon corps
défendant mais en pure perte
.
la veuve et l’orphelin qui geignent
entre les ruines de leur vie
et la girafe qui se peigne
.
tous les deux nous nous ressemblons
le monde et moi rien à nous dire
ce rien des échanges secrets
le rien de nos non-mots de passe
le signe de non-connaissance
nécessaire pour nous lier
.
ne plus savoir qui l’un qui l’autre
et naviguer à vue de jour
en jour sans sextant ni boussole
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juste laisser aller les choses
comme elles veulent bien venir
sans intention d’intervenir
.
souffrir de la toute souffrance
mais ne pas être indifférent
à s’en faire saigner les dents.
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Antoine Simon est né, il en fut le premier étonné. Le moment n’était pourtant pas des mieux choisis, c’était en 1943, à Toulon. Son étonnement grandit en même temps que lui. Ainsi était-il publié dans des revues poétiques de qualité dès 16 ans. Poète performeur, il sort la poésie du texte pour la placer dans le corps, la voix, les circonstances. La poésie comme chemin de vie qu’il transporte en France et ailleurs en festivals et rencontres. Il se garde de compter le nombre de livres publiés ou de parutions en revues et anthologies. Trois livres à paraître dont l’un en Serbie début 2024. voir sur la suite ici
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Jean-Yves Gosti
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J’aime bien me mettre en danger quand il y a une deadline à respecter.
Ce n’est que dans l’urgence que je peux trouver des solutions plastiques aux problèmes que me pose mon travail.
Encore une fois, ça s’est avéré vrai aujourd’hui !
Comme je devais découper et souder pour finir mes petites sculptures pour Paimpol, j’ai entrepris de travailler un soc de charrue.
Soc qui n’a rien à voir avec la galerie et la présentation samedi de mes sculptures…
Travail supplémentaire qui me prend un temps précieux dont j’ai normalement besoin pour finir à temps le travail commencé.
(Je pars demain…)
C’est comme ça, je n’y peux rien, comme une obligation, une roulette russe temporelle.
Ça m’oblige à travailler vite, un côté primaire, primitif ou tout se passe instinctivement.
Ce n’est qu’en fin de journée, une fois le calme revenu à l’atelier, que je me suis rendu compte que peut-être tous ces trous déjà existants dans ce morceau de métal pouvaient se rapprocher de tous ces trous que l’on m’a fait lors de mon opération…?
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L’œuvre de Gosti (né en 1960, à Paris) est indissociable de l’homme, de l’aventurier amoureux de la vie. L’achat de ses premiers blocs de marbre noir en Belgique oriente son chemin qu’une boussole providentielle ne fera jamais dévier malgré les interruptions. La sculpture est rivée au corps. voir plus ici
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Yannick Resch
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les aléas du poème
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c’est une fin de journée d’automne
l’air est transparent
la lumière intemporelle
on ne pense à rien
on reste là immobiles
moment de plénitude
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tu avais commencé d’écrire
ces quelques lignes
à ton retour d’Athènes
avec sous les paupières
la mémoire d’une clairière
de lumière traversant un plateau
de pierres, de colonnes de temples
.
c’était sans prévoir
les frissons du corps
la fatigue la fièvre
les bronches engorgées
la voix cassée, perdue
impossible de lutter
.
tu mesures ta vulnérabilité
ta colère impuissante aveugle
aux rayons apaisants du soleil d’octobre
les mots du poème t’ont désertée
ils ont fui l’odeur douceâtre de la plainte
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soudain l’actualité cogne aux oreilles
violence haine massacre
le sang gicle à l’horizon
la terre saigne
impossible d’ignorer
.
passé la stupeur
ton corps s’arrache à la tragédie
sous tes mains renaît
le désir impérieux d’écrire
et d’insuffler aux mots du poème
la sève rouge de la vie.
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auteure de plusieurs recueils poétiques et d’essais biographiques, Yannick Resch anime à Aix-en-Provence un groupe de poésie. Elle participe parallèlement à des jury de poésie.
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Laurent Thinès
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Tu marches dans ce corps
sous quelque chose de pesant
quelque chose de plus fort que toi en tout cas
comme le sont toutes ces choses qui savent comment enserrer notre poitrine
de l’intérieur
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Tu ne parviens plus à ouvrir les alvéoles de ton cerveau
tu ne parviens plus à remplir d’oxygène tes pensées
tu ne parviens plus à faire circuler le sang de tes rêves
au-dedans
l’envie s’en va
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c’est ce que tu crois que tu écris dans le silence
.
Tu marches
et la vie s’en va
.
Tu as l’impression d’être un poisson silure sorti du fleuve
tu marches les yeux posés sur la berge
la bouche exorbitée à côté
de ce corps qui crie en silence
sans air qui ne rentre
ni ne sort
de l’o-mé-ga
;
Dis
comment tu fais pour marcher encore
.
Comment tu vis
sans respirer dans ce corps de silence
.
Tu marches et tu écris avec ce corps
que tu as la gorge sèche
que tu ne sais plus si
c’est parce que tu as arrêté de respirer que tu as la gorge sèche
ou si c’est parce que tu as la gorge sèche
que tu ne parviens plus à respirer le silence
.
En tout cas l’air reste bloqué dans ta bouche
depuis que tu as soif
d’une absence
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Tu tentes de l’étancher
dans un grand verre d’absinthe
Tu gardes la gorge sèche
Tu te décides à arrêter de respirer
pour enfin rendre grâce et cor
à l’amor et son silence
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Laurent Thinès est artisan neurochirurgien et compositeur de poèmes né en 1974 et vivant actuellement. De Besançon, il collabore à plusieurs revues ou livres collectifs, publie des recueils de poésie comme La patience des araignées (Librairie Galerie Racine 2021), Pré-cheyenne (Z4éditions 2022) et Le souffle et la sève (Musimot 2023) et entretient le blog de poésie http://poemelorenzaccio.canalblog.com
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Jean-Marc Barrier
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La nuit prolifère
je regarde ce que me fait ce silence
l’esprit grec du voyage
chanter dit-il ou faire un feu
le poème m’écrit une lettre noire
que la nuit énumère
l’essentiel est ce pas en avant de soi
l’angle le cœur s’ouvrent
la perte est notre bien commun
la chute envole nos rêves
mais c’est l’instant joueur
le délié si plein dans le ductus de l’instinct
la nuit est première
j’embrasse le mot monde
je serre mon voyage
une chaleur s’incarne en encre
tout est vif et doux comme la peau
visages îles couleurs
et retrouver l’étendue
dehors dedans tout se rassemble
d’un geste d’un abandon
le corps est fait d’encre et de repos.
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Jean-Marc Barrier vit entre mer et montagnes dans l’Hérault, où il aime écrire et dessiner, faire des livres avec des amis. Il anime la Table d’écriture, atelier mensuel à Caux, et co-anime l’émission Les arpenteurs poétiques sur Radio Pays d’Hérault.
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Anne-Lise Blanchard
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Jubilatoire l’exercice où se
bouscule née du pied née de rien
nœud d’une interrogation la phrase
gorgée de lise
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va chausse tes brodequins pars
déchirer la brume froisser les feuilles
t’ébrouer
dans le minéral les yeux fixés
sur la cime
le souffle se met en place des bulles
se forment de l’herbe aux lèvres
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l’articulation du mot procède
de l’articulation du pied la texture
de l’un vient de la résistance de l’autre
le pied glisse dans la glaise le mot glisse dans la gorge
l’un et l’autre frayant le relief
creusant sa langue
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va folâtre pérégrine sur les marges
mastique la structure ta marche génère
aux lèvres mots de glaise ou d’éther
et la phrase s’embrase à l’écart des algorithmes
la grâce te rattrape sous l’œil scrutateur
d’un vieux chamois
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Anne-Lise Blanchard vit au pied de la Chartreuse dont elle aime à parcourir cingles et sommets. Organise des événements liés à la poésie. Une trentaine de livres publiés dont : Une odeur d’enfance, poésie jeunesse, Voix Tissées, 2023 ; Soliloque pour ELLES, livre d’artiste, Transignum, 2023 ; L’Horizon patient, Ad Solem (2022) ; Le Ravissement de la marche, Atelier du Grand Tétras (2021). https://anne-lise-blanchard.com/
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Béatrice Machet
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Auteure de 10 recueils de poésie en français et 4 en Anglais. Dernière parution : TOURNER ;
Petit précis de rotation (éditions Tarmac 2022); RAFALES à paraître en 2024 aux éditions
Lanskine. Conférencière et traductrice des poètes contemporains Indiens d’Amérique du
nord.
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Eric Chassefière
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Laisser assis dans la volupté de l’écoute
résonner longtemps cette voix d’avant les mots
ne parler d’abord que pour soi-même
former les mots du seul désir de parole du corps
ces mots en façonner la vérité physique
y chercher plénitude de son désir
délicatesse de la part d’inexprimable de ce désir
.
laisser doucement naître cette voix intérieure
chaque mot l’entendre avant de l’écrire
faire que le poème soit écoute
qu’on n’écrive jamais que s’écoutant
écoutant cette musique du corps qui nous exprime
qu’écrire ne soit acte de volonté mais d’accueil
souffle ne soit donné mais offert
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*
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Vivre ainsi à hauteur de sa solitude
sentir ces jours comme ils tiennent à peu
comme le fil de la voix est ténu
la musique du jardin intérieure
égrener note après note cette sonate de Haydn
dont la beauté n’est que dans sa légèreté
chaque note en faire empreinte que le vent efface
.
jouer doucement les mots au clavier du silence
écrire pour alléger le corps
écrire comme le chemin se perd
comme la lumière caresse l’ombre sur le mur
faire musique de délier le corps
entendre comme le silence est léger
est délicate la phrase sculptant la main
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Directeur de recherche au CNRS, Éric Chassefière est planétologue et historien des sciences. Il a été professeur chargé de cours en physique de la Terre à l’École Polytechnique, et a par ailleurs dirigé un laboratoire de géosciences à l’Université Paris-Saclay. Il est également poète. Ces deux poèmes sont extraits du recueil inédit « Penser l’infini »,
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Stéphanie Vermot-Petit-Outhenin
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Ton corps perdu
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À Ivan L
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Poète, a-t-on gravé sur la pierre virtuelle de ta fulgurance,
Trop tôt disparu, ton corps
Désormais enfoui dans son asile obscur
Parti de toi comme tu partais autrefois de lui
Pour t’inviter dans d’autres enveloppes
Epouser leurs soupirs, faire entendre
Leurs murmures, dessiner
Leurs infimités
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Toi si longtemps à corps perdu avant que
ton corps te perde se perde
Toi ami toi poète
Écrivant comme tu marchais dans les rues
Où aussi rieuse et primesautière que toi la mort
Grimaçait sans vergogne dans son costume burlesque
Mais où ton rire saisi au vif finirait bien croyait-on
Par empoigner l’intruse
À bras le corps
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Sous tes pieds des nécropoles oubliées
Au-dessus de toi des banderoles azzurre
Naples comme l’infatigable mêlée
Des joies et des larmes du ciel et des murailles
Ta ville ton poème cent fois arpentés
Leurs entrailles aujourd’hui c’est ta nuit
Leur bouillonnement tes vers sont plus sourds que le cri
D’un goéland déshabitué du ciel
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Chaque pierre chaque trouée
Chaque église chaque café
Chaque ruelle chaque avenue
Sur tes carnets leur pouls
N’a jamais cessé de battre et le tien avec lui
Au tour de tes mots de te redonner corps
Sans yeux sans chair mais parlant toujours
Avec ta voix, riant toujours
Avec ton rire
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Pour te revoir désormais
Ou pour t’entendre ce qui revient au même
Ce sont tes poèmes qu’on emprunte
Telle une città fantasma où des banderoles folâtrent au vent
Où un goéland se faufile entre des fenêtres radieuses
Et où l’encre a pris
Pour toujours
La place du sang
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Stéphanie Vermot-Petit-Outhenin : auteure d’un essai, Avoir Peur (éditions Rue de l’Echiquier, Paris, 2012), d’un roman (La Straniera, éditions de la Grande Ourse, Paris, 2016) ; de textes courts et poèmes parus en revue (Dissonances, Poésie Première, Pierres d’Encre…). Traductrice de textes littéraires et philosophiques, de l’italien au français (PUF, Brepols, Champion, Bibliothèque de la Pléiade).
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6
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Cathy Garcia Canalès
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Poète pris
dans le corps
du poème
poème accouché
du corps poète
la poésie
désincarnée
n’existe pas
il y a toujours chair
à la plume
un peu de sang
dilué dans l’encre
des cellules pulmonaires
pour contenir le souffle
habea corpus de l’inspiration !
il y a des flux des sucs des poils
et des crocs pour mordre les mots
les mâcher pour les recracher
la poésie désincarnée
n’existe pas
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Cathy Garcia-Canalès, humaine poètartiste polymorphe, diariste, revuiste & jardinière herboriste marcheuse-cueilleuse et éventuellement le lien vers mon blog principal : http://cathygarcia.hautetfort.com/
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Sarah Lecina
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Hors d’oeuvre
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J’ai des mots pleins le bide
hors de grâce
d’oeuvres, d’indigestions
dans mes sous terrains
de tubes et de moues
ça macère ça tiraille ;
mélangé de sucs
en pot pourri amer d’hydromel
de miel de framboise
d’accents durs sur la langue.
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Je les entends
j’attends toute la journée
mes mots céramique noués dans la gorge
sans éclosion
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J’ai la main douce de la paume,
la ligne courbée sous mes ongles,
le coeur tacheté du crachat sombre ;
ce sont mes aortes d’encres et mes garnisons d’espoir
les unes et les autres
armées jusqu’aux dents
je les gardes sur le bout de ma langue
pas encore,
j’aurais les doigts criblés de cibles
de papier de verre
et ton nom tout au bout
j’attends les autres mots
j’attends encore
..
Née en 2001 à Aix-en-Provence, Sarah Lecina est étudiante en master de lettres modernes. Elle écrit depuis toujours et pratique le collage et le dessin dans des carnets poétiques. Poèmes parus dans les soliflores de la revue Nouveaux délits ; dans les revues Comme en poésie, Lichen, Cabaret, Traction-Brabant.
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Pineau-Thierry Christophe
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un mot posé
auprès d’un autre
inscrire pour graver
ce qui demeure
cet autre dissimulé
au creux du corps
écrire lettre par lettre
une étoile dans chaque main
l’ombre qui émerge et brille
du fond de ses entrailles
poussière d’or semée
aux quatre vents de l’être
sur les chemins de l’écart
où cela pique et mord
en lutte pour toutes les victoires
la main sur terre la tête au ciel
les mots prononcés à l’oreille
cette lumière au cœur
le corps traversé
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Pineau-Thierry Christophe : publication dans des revues (ARPA, Poésie/première, Recours au poème…), des recueils collectifs (Luna Rossa, Jacques Flament, PVST?…), et de trois recueils aux Editions du Cygne. Le dernier recueil Ces mots ajustés au cœur (2023) a été écrit avec Philippe Leuckx.
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Jean-Claude Bourdet
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Assis là, en écoute
l’oreille flottante, l’autre allongé en onde sonore,
improbable agitation de l’esprit, comme une construction à venir
ou une ancienne histoire, imprimée à la manière d’un ex-voto,
ou une prière oubliée, une douloureuse pensée, secrétée par ce corps alangui,
ou-bien un rêve inspiré, étrange, inquiétant, de brutes obsédées par l’emprise sexuelle.
Si destructeur Si créatif Si humain
Si destructeur Si créatif Si humain
L’être là de ce corps puissant, nécessairement limité, fini par essence,
dévoré cependant par une passion cannibale, sa propre existence,
héritier du meurtre du père par les fils de la horde.
Si destructeur Si créateur Si humain
Si destructeur Si créateur Si humain
Fondateur d’une société à venir, amour ultime incorporé par un sein.
Oh sein nourricier, combien de cellules éteintes, combien élevées ?
Constellations d’étoiles naines, vertige d’aimer.
Oh usure, oh usure, oh espoir d’un esprit fatigué, lutter, lutter.
Si destructeur Si créateur Si humain
Si destructeur Si créateur Si humain
Le vent, le froid, la pluie imprimés sur la peau de sensations éblouissantes,
véhicule de plaisir cabossé, affecté de souvenirs épars, pénétré de sentiments mêlés,
tendresse, laine de mohair, enveloppe de tes longs bras ma nuit étoilée.
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Jean-Claude Bourdet est psychiatre, psychanalyste. Il est l’auteur de poèmes publiés dans Les Plaquettes, la revue A L’INDEX ; les éditions Oxybia ; le blog Les Cosaques des Frontières et de récits publiés par les éditions Az’Art ateliers éditions.
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Jean-Charles Paillet
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Si j’écris
c’est pour mieux saisir
la vie en mouvement
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Mot à mot je lutte
les doigts crispés
sur le crayon
parfois prêt à casser
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Le front strié d’interrogations
appelle ardemment les mots justes
jusqu’à l’inclination de ma tête
devant une image nouvelle
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Et le regard souvent étonné
lis et relis le poème
avant qu’il ne s’échappe
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Jean-Charles Paillet est animé par l’instant présent et les belles valeurs qui élèvent le cœur et l’âme. Sa poésie se retrouve dans ses dessins, ses photographies, ses chansons, également dans de nombreuses revues et anthologies. Sa rencontre avec Yves Broussard est un tournant dans sa vie de poète… Publications : Ici et là farandole la vie – Quelle heure est-on – La Petite ÉditionLe jour par la main – , Éditions Donner à Voir – 7 recueils chez Book Edition
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Thierry Pérémarti
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Auteur de nombreux recueils de poésie entre 1976 et 1992, Thierry Pérémarti a publié en 2009 Visiting Jazz aux éditions Le mot et le reste. Il est revenu à la poésie en 2018 avec des ouvrages aux éditions Gros Textes, Abordo, La tête à l’envers, Phloème, Douro et Les carnets du dessert de lune.
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Charles Akopian
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C’est tant d’espace
Un regard qui se perd
Dans l’imaginaire
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De glissades en ricochets
S’accumulent des reliefs
Jongleurs d’histoires
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La ligne semble immobile
Sur laquelle se tiennent
Les conteurs acrobates
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C’est reposant pour les yeux
Mais dans la tête
Combien de collisions
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L’approche surprend
Rien ne bouge
Et pourtant
Entre les mots qui se bousculent
Une image emprunte
Les marches du désir
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Comment accorder
L’alphabet du corps
Et le paysage
Qui se dérobe
À l’orée d’une phrase
En gestation
**
Une pincée de noir
Assigne à résidence
Les mots à découvrir
Ou mettre sous les draps
.
Nomade la lueur
Qui s’efface en puisant l’encre
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Comme pour un voyage
Laissant à la marge
Toute pincée de solitude
En mal de fécondation
(extraits d’un recueil à paraître)
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Après une vie consacrée à l’action humanitaire au sein d’une association de solidarité à Nîmes, Charles Akopian, né à Marseille de parents rescapés du génocide arménien de 1915, savoure aujourd’hui une retraite active à Brest où il a rejoint « son soleil » en 2013. Sa passion de la poésie trouve alors un espace apaisé et gourmand pour enfin laisser libre cours à l’écriture. Premières publications en revue en 2016. Sept recueils de poèmes ont suivi de 2017 à 2022. À paraître « L’intime au tamis » L’Harmattan.
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Flore Iborra
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Sa joue posée sur la nuit
elle rêve en fumant
la fenêtre n’est pas assez grande
pour le faible éclat des étoiles
la chaleur importe peu
au contraire
sa peau est nue
offerte à la caresse obscure
tendue vers l’ailleurs
déjà détachée du bruissement tenace
de ses pensées,
elle s’éloigne à pleins poumons
vers le refuge immense du ciel
quelque chose déjà fait route vers ses mains fraîches
le message d’un fin rouleau de pourpre
refermé comme une paupière
et ce grand morceau de noirceur
qu’elle attendait pour son repos.
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Après avoir résidé à Paris et Toulouse, à présent dans les Corbières, Flore Iborra organise le festival de poésie Les Mots du Vent à Fontjoncouse (du 4 au 7 juillet 2024). Admission en cours à la société des poètes français. Lauréate de plusieurs prix de poésie en Occitanie. Son dernier recueil Lettres de Presque-rien à Je-ne-Sais-quoi sera édité en 2024.
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Muriel Verstichel
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Le Corps travaille
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On n’écrit pas sans la force du corps.
Marguerite Duras
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Quand tout n’était que caresse
le corps travaillait déjà
entre le plein fouet du crépuscule
et la camisole de l’aube
à détisser les entraves d’ici
jusqu’à saisir couchant et levant
en une même soif
où la langue brode de fond en comble
le chariot des étoiles sur un ample vêtement
à se séparer de la douleur
faiblesse de la plaie
morsure du rampant
brûlure du vent sur le vif de la peau
plus sombre que d’habitude
C’est dit : la nuit se rompt pour faire entrer la nuit
Ce corps-là est un poème
qui veille sous la cendre des conversations
s’éloigne peu à peu revient sur ses pas
cherche la bonne distance entre ennui et désir
un ciel un jardin une muse dénudée
un amour qui tente de deployer
sa colonne de rigueur
cette bosse à toucher qui porte bonheur
une écharde une épine
un clou de rouille vive
la main qui les supporte
pour que rien ne se perde en lui
pour que tout demeure au-delà de lui
Le poème est ce corps qui renverse la mort !
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Muriel Verstichel, poète-textilienne, née à Lille, vit à Valenciennes où elle a son atelier. A ce jour, elle a publié une quarantaine de recueils.
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Eve de Laudec
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Enlacer l’arbre
d’un élan fusionnel
sous l’écorce
s’incrustent les paumes
empreintes dans la chair
ligneuse
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À la sève nourricière
pousse ma main
qui perce la canopée
de mes cinq doigts maculés d’encre
j’écris les mots supplique
défiant l’hiver
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Eve de Laudec écrit dès l’enfance poésie, nouvelles, chansons. Parutions dans nombre revues et anthologies, quatre recueils, Crilence, Les petites pièces rapportées (éditions Chum), Ainsi font, L’ingratitude des oiseaux à bec (éditions Jacques Flament).
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