crédit photo : https://www.liberta.it/news/cronaca/2022/03/27/il-museo-della-poesia-apre-la-soglia-da-tutto-il-mondo-letture-contro-la-guerra/
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J’ai consacré deux articles à ce musée singulier dans le numéro 220 de Recours au Poème Ce haut-lieu de poésie, sous le terme de musée, souhaite, ainsi que l’explique son créateur et directeur Massimo Silvotti, « prendre le relais de l’attente de l’avant-garde poétique du troisième millénaire, mêlant et comparant tradition et contemporanéité, entre eurythmie et subversion ».
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Paradoxal et vivant (en témoigne la fréquentation, le soutien actif des citoyens piacentins, outre les poètes et artistes), ce Musée de la poésie de Piacenza, lieu atypique abrité dans la magnifique église « San Cristoforo » est l’œuvre conjointe de deux poètes un peu fous, Massimo Silvotti et Sabrina de Canio, qui depuis 2013 animent et soutiennent ce lieu d’exception dont les actions s’étendent bien au-delà de ses murs. Outre l’impressionnante collection de livres rares, revues, manuscrits…, l’invitation à des artistes et poètes étrangers, les liens entre les arts tissés par des invitations à des plasticiens, des concerts… l’année 2023 consacre aussi la naissance d’événements délocalisés, dont la Première Biennale de poésie parmi les arts dans diverses villes italiennes du Piémont et d’Emilie-Romagne… en attendant d’ultérieures ouvertures à l’étranger …
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sauf que…
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Le Piccolo Museo della Poesia est menacé de fermeture, par tarissement des subventions. Ce n’est pas la première fois que la lutte est nécessaire pour que perdure cette magnifique institution si vivante, qui conjugue la préservation d’un patrimoine extraordinaire, la diffusion de la poésie contemporaine, mais aussi des actions de lutte et de soutien à la paix, aux femmes iraniennes …
La poésie, pourtant si nécessaire dans un monde aussi brutal que le nôtre, ne fait pas assez recette sans doute – et a besoin de notre voix.
Diverses actions sont menées pour préserver son existence – des artistes de renom publient des vidéos en soutien (visibles sur la page facebook du lieu), et une manifestation a été organisée le samedi 30 septembre : une « flashmob » à laquelle se sont joints de nombreux participants, une conférence de presse, et la lecture de poésies en témoignage de soutien.
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Les poètes répondent avec l’arme qui est la leur – les mots.
Je partage ici le poème de Giancarlo Baroni, en hommage et soutien au Piccolo Museo della Poesia – et vous appelle à envoyer vos propres mots et oeuvres de soutien à cette entreprise : ils seront publiés sur notre site jeudidesmots/embarquement poétique et transmis à Sabrina de Canio et Massimo Silvotti.
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Pagine ancora da scrivere
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Non c’è luogo più ampio
del Piccolo Museo della Poesia
per celebrare sull’altare
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della fantasia
il solidale rito corale
che si chiama poesia. Le porte
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aperte all’ascolto,
i volti canori dei versi
quotidiani, il rischio
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impensabile che vadano persi
da domani. Mille mani
su fogli ancora bianchi.
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Giancarlo Baroni
Des pages encore à écrire
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Il n’est de plus haut lieu
que le Petit Musée de la Poésie
pour célébrer sur l’autel
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de l’imagination
le rite choral et solidaire
qu’on nomme poésie. Les portes
.
ouvertes à l’écoute,
les chantants retours des vers
quotidiens, le risque
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impensable qu’ils soient perdus
dès demain. Mille mains
sur des pages encore blanches.
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trad. Marilyne Bertoncini