photo de titre Nadia Tueni dans les ruines au Liban, extrait du road movie Hamasat di Maroun Bagdadi, photo D.R

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Lu le matin de Noel, le poème de la libanaise Nadia Tueni (dont la disparition précoce a fait disparaître aussi la disponibilité de ses livres, dont nous avions déjà publié un poème ici et que j’avais présentée dans la revue italienne le ortique ) poème qui souligne avec la terrible expression « morts à plusieurs » l’infernale solitude humaine qui refuse si souvent le « vivre ensemble » – car être plusieurs, c’est bien l’enfer, si ce n’est pas être ensemble, et fraternels.

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En écho, ce poème de Patrick Quillier, extrait de À même la flamme (chants des chants II), dans le recueil D’une seule vague, publié en 2023 à La Rumeur Libre – un chant d’espérance et d’action.

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EN FRATERNITÉ (POÈME À ÉCHOS)

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Nous chantions dans la Symphonie « des Mille ».

Qu’ensemble il est bon de bannir les tristes

Passions ! Nos voix s’entrelaçaient aux fines

Vibrations qui émanent de la ligne

Nous conduisant, vers l’horizon, au fil

Qui relie ce qui vit à ce qui vit

Et à tout ce qui a vécu. Une huile

De sérénité baptisait ce rite

Où la fraternité devenait mythe,

Un mythe lumineux et inouï.

Et nous chantions :

« …NOTRE JOIE, ÉBLOUIE ! »

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Alors l’écho de nous répondre : « OUI ! »

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Même un solitaire mélancolique

Se sentait pris dans un chant unanime

Qui tout en l’élevant plus haut que lui

Le mariait pour le meilleur et le pire

À l’humanité humble et à l’infime

Pulsation qui tout en bas anime

Les fines énergies. Ainsi respire

En harmonie avec ce qui respire

Tout ce qui respire, et c’est infini

Le long des résonnantes sympathies.

Et nous chantions :

« LES FRÈRES COMMUNIENT ! »

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Alors l’écho de nous répondre : « UNIS ! »

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La révolte alliait tous nos esprits

Dans une affirmation de chaque cri

D’espoir commun et de haute utopie.

Nous sentions des rumeurs nous parcourir

Au fond du cœur et sur la grande hélice

Soudant de souffles nos présences prises

Dans une cohérence salvatrice.

Contre le bruit et la fureur, ulysses

Frères des poissons aux nefs des périls,

Nous nous sentions ensemble et prémunis.

Et nous chantions :

« ÉCHAPPONS AUX ABYSSES ! »

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Alors l’écho de nous répondre : « HISSE ! »

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