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photo Marieke Olivieri (Mémorial de la Déportation, gare de Grünewald, Berlin)
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« Chère Marilyne,
Je te confie ce texte. Sa publication attend depuis presque cinquante ans. Je crois que le moment est venu de le publier… Une cinéaste britannique est en train de réaliser un film sur les cobayes de Ravensbrück, et ce texte est important pour elle,
Alice-Catherine Carls »
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Ce mot accompagnait les Lettres retrouvées par la romancière polonaise Zofia Romanowicz, un nom majeur de la littérature du XXème siècle, qui avait été condamnée à mort à 18 ans, en tant que résistante au nazisme, puis déportée au camp de Ravensbrück, en 1942, où, employée dans le Commando Forestier, elle enterra une gamelle contenant des lettres, des poèmes, et des listes de fusillées dans la forêt près du camp. Le texte traduit par Alice-Catherine Carls est l’essai publié par Zofia quelques mois après avoir appris la découverte de la gamelle et la publication de son contenu par le musée d’Auschwitz. La biographie de l’autrice est à lire en téléchargeant le lien suivant :
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Ce texte est un témoignage terrible; dont je vous livre l’incipit – le texte complet est à lire en téléchargeant le lien qui suit :
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Qui m’interdira d’imaginer que ce sont nos lettres? Retrouvées, soit exhumées de sous les planches de la guérite de chasse complètement pourrie. Un dignitaire du Parti – qui d’autre chasse aujourd’hui dans le Mecklembourg – s’y est posté à l’affût des cerfs qui vont boire au ruisseau dans lequel nous rincions nos écuelles. Et le plancher a cédé sous son pied.
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Plantés en rangs réguliers, les pins déjà hauts à l’époque ont poussé. Autant de branches autour des troncs que d’anneaux au coeur des arbres. Tant d’années ont passé. Ce n’était peut-être même pas un chasseur, juste un bûcheron. Le cinquième pin de la septième rangée est bon pour la coupe.
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Le cinquième de la septième rangée ou le septième de la cinquième rangée? Ma mémoire s’embroussaille. Le principal est qu’on les ait retrouvées. Lettres, poèmes, listes de fusillées et de cobayes. Elles avaient passé la Porte en contrebande. Nos lettres, nos noms, nos poèmes, notre cri et notre testament. Une bouteille enterrée.
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Une bouteille au sens figuré. En fait, c’étaient deux gamelles de camp formant une boule étanche, enroulées dans du papier goudronné dérobé, emmitouflées dans un lambeau de toile de camouflage dérobée elle aussi. Autant d’actes de sabotage! En principe ça ne devait ni moisir ni pourrir. Quant à nous, nous pourrirons …
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