.Par Le Caravage — The Yorck Project (2002) 10.000 Meisterwerke der Malerei (DVD-ROM), distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH. ISBN : 3936122202., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=148764
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En lien avec l’appel à textes autour de La Matière Noire du poème, je propose cette traduction du poème de John Dowland (1563-1626) , auteur, compositeur, luthiste de l’époque élizabéthaine, auteur d’une oeuvre mélancolique et fort noire, considérée parfois comme hermétique1, renfermant un discours secret sous l’allégorie de l’amour triste. Cette pièce, interprétée par Sting, dans son album « Songs of the labyrinth » je vous propose de l’entendre dans l’interprétation de Philippe Jaroussky avec Thibaut Garcia, que je préfère aux autres :
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.De la mélancolie de Dowland naissent des pièces étranges et noires, comme beaucoup de la production artistique de cette période trouble de transition entre deux conceptions du monde. Son contemporain, Robert Burton, publie en 1621 une « Anatomie de la mélancolie ». L’une de ses oeuvres s’intitule d’ailleurs « Semper Dowland, semper dolens ».
La poésie et la musique de Dowland sont, disent les musicologues, empreintes à la fois de la pensée médiévale toute d’ordre divin, dans la conception de l’harmonie des sphères où musique et langage coïncident par le nombre et les proportions qui réglent tous les mouvements, terrestres et cosmiques, et l’influence naissante de la renaissance italienne (Dowland a séjourné et étudié en Italie et en Allemagne), mouvement qui cherche une nouvelle manière de lier « sens des mots » et musique en privilégiant la conscience harmonique sur le contrepoint. Entre un monde clos, et l’ouverture à l’infini des possibles – entre le savoir dogmatique et la recherche qui crée de nouveaux horizons et de nouveaux problèmes…2
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In Darkness Let Me Dwell
John Dowland (1604)
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In darkness let me dwell; the ground shall sorrow be,
The roof despair, to bar all cheerful light from me;
The walls of marble black, that moist’ned still shall weep;
My music, hellish jarring sounds, to banish friendly sleep.
Thus, wedded to my woes, and bedded in my tomb,
O let me living die, till death doth come, till death doth come.
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My dainties grief shall be, and tears my poisoned wine,
My sighs the air through which my panting heart shall pine,
My robes my mind shall suit exceeding blackest night,
My study shall be tragic thoughts sad fancy to delight,
Pale ghosts and frightful shades shall my acquaintance be:
O thus, my hapless joy, I haste to thee.
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Dans les ténèbres, laisse-moi demeurer
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Dans les ténèbres, laisse-moi demeurer ; et que le sol m’attriste
Le toit me désespère, afin de m’interdire toute lumière gaie ;
De marbre noir, les murs humides encore pleurent ;
Ma musique infernale dont se heurtent les sons bannisse le sommeil ami.
Ainsi, à mes maux marié, couché dans mon tombeau,
Ô que vivant je meure, jusqu’à ce que mort vienne, jusqu’à ce que mort vienne.
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Douceurs soient mes chagrins, mes larmes un vin empoisonné,
Mes soupirs, l’air dans lequel mon cœur haletant se languit,
Vêtements comme esprit siéront à la plus noire nuit,
Mon étude penchée sur des pensées tragiques délectera ma triste fantaisie ,
De pâles fantômes et des ombres effrayantes seront ma compagnie :
Ô, toi ma joie sans joie, ainsi vers toi j’accours.
Trad. Marilyne Bertoncini
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note
2 – https://www.musicologie.org/publirem/rusquet_dowland.html