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Le crépuscule appuie son poids de mystère, s’empare des dernières clartés, enracine les cordages. Quelque déflagration retombe. Loin, un voilier recoud l’horizon. À terre, contre les joues de la mer, plus grand-chose ne bouge, seules clapotent quelques vagues petites au rugueux du quai. Un phénomène opaque d’air humide, iodé, transite ses instants fugitifs, ses images luisantes et fantomatiques. Où le fil s’effiloche, quelque part, une ombre funambule répare une aile blessée.
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Le froid bâille sa buée de lessive et de poêle. Joues translucides, traces glacées, le tapis serré d’un frimas maille les herbes, brouille les pistes. Le gel pèse aux épaules des arbres. La fontaine perd sa voix, à son maigre filet trinquent encore quelques oiseaux. Le ciel se couche les yeux rouges et le vent s’enhardit. La terre s’emmitoufle. Toute saison est un repas de fauve, chaque miette nourrit. Des forges mystérieuses travaillent inlassablement. Les lampions des traces anciennes éclairent notre dos. Rien ne vieillit jamais dans le présent où tout se renouvelle. L’hiver en est la preuve qui de ses doigts raidis, borde des lits de noces.
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Les autrices :
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Ile Eniger
Née dans le Vaucluse d’un père paysan lui communiquant le respect de la terre et d’une mère lasensibilisant à la poésie, Ile Eniger est l’épouse de l’artiste-peintre Émile BELLET.
Professeur de français et de philosophie, elle quitte l’enseignement pour se consacrer à l’écriture. Poète,
romancière, elle écrit dans la rigueur et l’exigence, plus haut que les tiédeurs et les habitudes.
Revues littéraires – Participation Abrégé d’Histoire Littéraire Français/Roumain – Conférences – Cafés
littéraires – Salons du Livre – Ateliers d’écriture – Spectacles poétiques avec la troupe « Les Pohémiens ».
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Stéphanie Bellet
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Stéphanie BELLET a grandi dans un milieu artistique entre une mère écrivain et un père artiste-peintre. Elle vit et travaille sur la Côte d’Azur.
Dans ses tableaux, on retrouve toujours une technique mixte : peinture acrylique et collages
de différents matériaux (photos, papier, fer, corde, carton…). La matière est essentielle à son travail, elle la perçoit comme une forme de sensualité.
Ses photographies révèlent des paysages urbains, structures métalliques, cordages, points de lumière enclos dans la pragmatique de la ville sombre.   Rester libre de saisir un angle de vue et laisser le spectateur libre de cheminer dans l’image.
Stéphanie BELLET ne se réfère d’aucun courant artistique, « cela rétrécirait trop l’amplitude de la création, savoir que tout existe, savoir que rien n’existe », dit-elle



