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On peut suivre Patrick Corneau sur son site, Le Lorgnon mélancolique, et sur Facebook, où j’ai cueillie cette réflexion sur le saule dit « pleureur » ; elle fait vaciller les certitudes de la langue en aiguisant le regard – projet profondément poétique – et bien nécessaire dans notre époque troublée par d’étranges certitudes, et de terribles déchirures :


On croit voir un arbre accablé : un “saule pleureur”, selon la formule toute faite. Mais en y plongeant vraiment le regard, on ne trouve pas la plainte – on trouve une intelligence courbée.

Ses rameaux retombants ne gémissent pas : ils écrivent. Ce sont les lignes manuscrites d’un arbre qui note sa saison, les dernières feuilles d’or servant de ponctuation à une phrase que l’hiver s’apprête à refermer.

Le tronc, torsadé comme une pensée qui hésite, semble se demander : faut-il encore s’ériger, ou consentir à ployer ? Toute sa dignité est là, dans cette méditation muette. Ce saule ne pleure donc pas : il s’absorbe. Il pratique ce que l’époque ignore – le recueillement horizontal.
Leçon discrète pour temps brouillés : savoir plier sans céder, perdre sans renoncer, baisser la tête non par fatigue, mais pour mieux voir ce qui demeure. 

L’auteur :

Depuis 2011, Patrick Corneau se consacre à l’écriture d’articles et essais en littérature, esthétique et critique d’art. Spécialiste de Jean Grenier (Albert Camus fut son élève et ami), devenu brésilianiste par son épouse, il anime Le Lorgnon mélancolique blog de littérature qui, depuis sa création en 2006, est très suivi sur internet.

Il a publié Une mémoire qui désire chez L’Escampette en octobre 2018 suivi en 2020 par Un souvenir qui s’ignore aux Éditions Conférence et en 2020 un roman : Ollivia suivi de Quelques passantes aux Éditions Maurice Nadeau. En 2025, ont paru : Biogriffures aux éditions Sous le Sceau du Tabellion et Twist tropiques chez L’Harmattan.
(extrait du blog)