Sandro Boticelli, illustration pour La Divine Comédie, de Dante

La guerre est finie !

N’as-tu pas entendu, du puits de la peur, le secret d’un salut… jamais venu ?

La guerre est finie !        

Mais les morts ne sont pas encore complets

pour que l’expérience de la mort puisse mûrir.

Laisse ta terre aux guetteurs,

aux maisons de l’argent,

et observe comment l’accidentel domine le langage…

Et lorsque tu décideras de t’éteindre,

de te faire enterrer près de la maison, par les mains des tiens,

tu ne trouveras pas les tiens —

Ton frère a tété le lait des loups

qui ont dévoré ta mère.

Tu ne trouveras pas la maison —

Ton ami a vendu les ruines pour gagner la médaille des courtisans.

Lorsque tu mourras de trahison

et que ton âme sentira germer ta plus petite plante,

la racine plantera en ton cœur

une branche poignardée par sa propre pousse.

Pardonne-lui :

il n’y a pas de pain pour la chaleur dans l’obscurité,

et tu es la côte manquante

pour que la guerre puisse nous gagner.

Ainsi, nous ouvrons une tombe au présent…

tandis que nous prions de ne pas mourir de faim.

Einanah Alsaleh

est originaire de Syrie où elle a soutenu en 2006 une licence en littérature française. Elle a poursuivi sa formation à Arles et à Troyes où elle demeure et exerce en tant que formatrice et traductrice littéraire (arabe, anglais, français).