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4 – Jean-Marc Barrier – René Chabrière – Claudine Bohi – Perle Vallens –
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Jean-Marc Barrier

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René Chabrière
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Le ciel est empêtré dans la couleur.
Tu t’éveilles un matin incertain.
L’arbre ne porte plus de fleurs,
comme l’amandier peint par Van Gogh
sur un fond azur.
Les feuilles couleur rouille
ne tiennent qu’à un fil
des plus fragile.
On ne voit pas ce qui les retiennent,
si ce n’est le regret de la belle saison.
Un bleu plus cru s’aventure
dans la géométrie incertaine
de la peinture.
A défaut de ligne d’horizon
le regard a cette échappée
entre deux témoins d’automne,
mais c’est assez
pour que les feuilles s’envolent
même un jour de petit vent
qui suffit à glacer le sang.
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Claudine Bohi
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Hissé des profondeurs
un rouge fait soleil
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un reste de nuage effiloche la voix
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Ce qui glisse doucement dans les mots
a toujours une couleur
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et je crois parfois la toucher
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car c’est la couleur de l’enfance
inséparable de nos voix
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Si tous les mots l’égrainent
chacun d’eux la protège
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L’oubli est son royaume
nous en sommes la trace
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Nous, tombés dans le temps
depuis l’immensité
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Perle Vallens
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Depuis le vert
Je parle depuis la cime changeante du vert
d’un son entonné emprunté aux oiseaux
d’un chant de rivière qui reflète son foisonnement
d’émeraude et d’onyx
un génie loin de l’idée de mélanger
de jaune et de bleu la surface des feuilles
mais d’un jeu chlorophyllien
dont le soleil est le peintre
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La couleur se nourrit de l’eau et du vent
se gorge de pluie et de terre
elle digère rayons inverses
des rouges absorbée la colère
d’un spectre scintillant son camaïeu
rejailli sur toutes les faces du globe
comme d’un dé relancer la fougue
et le verdoiement
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Je parle d’une disparition progressive
l’obsolescence programmée d’une couleur
noyée dans le gris bitumeux
qu’on tire chaque jour vers le haut
pour empêcher que la planète bleue
perde tout à fait ses plumes
et son vert
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Muriel Verstischel
xxMu
Irisée turquoise majorelle outre-mer
Un bleu venu d’on ne sait où
enfoncé dans ton côté
une autre couleur pour tes yeux que je dessine
à intervalles réguliers
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Et je replie ta lettre
soupir dans une poche du repos de mon âme
Un bleu -oui – sans limite
ourlée de déchirures vermeilles
bordée d’une frange rouille et ocre
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Vers le soir c’est le vert sombre qui domine
rapiécé par la force des choses
et qui flotte au-dessus de moi
un « je t’aime » éclairé
Pendant ce temps la mer à grands plis mauves
cueille des archipels
une aurore en bouquet tinctorial
qui n’en finit pas de creuser la nuit
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Le cœur des couleurs est ainsi fait
il bat entre le noir et le blanc
sans choix qu’un profond désir
d’atteindre dans sa course
une couleur inconnue dont on sait simplement
qu’elle embrasse toutes les autres
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