Marc Chagall, L’Exode, Musée Georges Pompidou, dépôt au musée Marc Chagall – photo mbp
.
.
HUMANITÉ !
:
Nulle libération
Seule l’agression
Nulle réconciliation
Seule la répression
:
Le mensonge à la bouche
La vengeance au cœur
Par l’acier, le feu ils sont venus
Ciel et terre bouleversés
Ciel et terre incendiés
Par l’acier, le feu ils les ont tués
:
Et du chaos semé vint le vide
Le vide voleur de vie, de liberté
Ce néant, cette tombe
Le vide et ses regards
Tels des cris, de peur, de faim
:
Paupières de neige
Une fêlure pour lumière
Dans la brèche et sans haine
L’incompréhensible pourquoi
La poussière pour larmes
L’espoir des sans avenir
●
Quand l’Enfance ne sourit plus
Que son regard est abîme
Que son corps ne sait que le manque
Et qu’en son cœur l’amour est en larmes
Dans un au-delà de la faim, de la souffrance
Nulle vie ne lui est possible
Alors pères et mères choisissent l’ailleurs
:
Le temps fait lieux
Là où vont nos pas
La terre est nôtre
Et de traces en sillons
Se creuse le voyage
S’engrange la distance
:
Ici, s’éloigne le pays
Ici, s’avive la chair
L’enfance s’y tient
Frêle et sans âge
:
Partir fort des vies
Que l’on protège
Mais revenir
Mains ouvertes
Cœurs serrés
Pour renaître
●
Vouloir « mort à la guerre »
Quand d’autres crient mort à la vie
N’est qu’un rêve qui s’incline illusoire
Car le réel est dans ce cri, cette haine
Dans ce cri de meute dévorant
:
Alors regards sur Monde
Face au vide qui miaule
Est le chœur des vivants
Dans leurs veines la glace
Dans leurs yeux l’effarement
L’impossible attente
D’une impossible paix
:
Et la main levée
Défend sa terre
Dénonce le fou
Refuse son joug
Ici, tenir fait loi
:
Chair contre acier résiste un peuple
Une résistance de toujours
Celle des mères, des enfants, des vieillards
Résistance de vies pareilles aux nôtres
D’un même sang, d’une même humanité
:
Les vies moissonnées
Feront la terre de demain
Une terre pour blé amer
Et pain de ressentiments
Un pain qui ne rassasie pas
Mais qui creuse profond
Un pain de revanche
Telle une faim
:
Silence revenu, demain quel sera-t-il ?
Nulle réconciliation ne viendra le libérer
Car de guerre en guerre nous allons
Chacune portant en elle la prochaine
:
Silence revenu pour demain quelle humanité ?
Une humanité migrante en quête de sa paix
.
Béatrice Pailler août 2025
Recueil inédit Vies Humaines