en couverture : « Exodus », technique mixte, par Adelin Donnay
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Je me réveille dans un lit qui n’est pas à moi
ou peut-être trop.
Les draps sentent l’oubli,
cette odeur de frontières passées à l’intérieur du corps.
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Le mur me parle dans une langue ancienne
faite de fissures et de lumière grise.
Je ne comprends pas,
mais j’écoute
le silence a la voix d’un fleuve lent.
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Sous la peau, les mots cherchent leur route.
Ils cognent.
Ils rampent.
Ils veulent naître avant le café,
avant la ville,
avant la morsure du jour.
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J’ouvre un œil
ce n’est pas un œil,
c’est une barque.
Elle tangue.
Elle sait qu’il faudra encore traverser
sans nom
sans cri
sans autre carte que le battement persistant
de la mémoire.
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Debout, je suis presque là.
Pas encore femme.
Pas tout à fait silence.
Juste un corps levé dans le jour
comme un poème
qui ne sait plus
dans quelle bouche atterrir.
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