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On rencontre parfois des magiciens – de ces artistes qui modèlent l’univers autour d’eux, et fédèrent d’autres artistes pour des projets toujours nouveaux. Ils sont rares, et précieux.
J’ai déjà parlé de l’artiste Italo Lanfredini, dont on peut voir des pièces de sa « forêt empoignable » – 39 colonnes de terre cuite portant trace de la forme/force des mains dans le parc de sa maison-atelier-musée La Silenziosa, à Comessaggio – tout près de la « Petite Athène » ainsi qu’on nomme Sabbioneta, ville natale de l’artiste et centre culturel mantouan de la Renaissance. Cette antique demeure est un hâvre de création et de paix,le long du Pô, tout entourée de sculptures gigantesques dans un parcours féérique1 .
Italo Lanfredini travaille souvent avec des poètes (dont Philippe Jaccottet parmi les poètes français), et inscrit, chaque dimanche (sauf par très grande pluie, la craie ne résistant pas alors) un poème sur « la lavagna » à l’entrée de la villa, dont le mur d’enceinte expose des briques incises de vers offerts par ses visiteurs et calligraphiés à même la terre crue par l’artiste-poète. Cette petite installation temporaire, soumise aux aléas du temps, offerte aux passants, comme une oeuvre de land-art domestique, est ensuite partagée sur les réseaux sociaux, comme une bouteille dans l’océan du web…
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.On peut désormais aussi « écouter » l’ardoise du dimanche, que je mets en voix et en vidéo – ainsi Pavese la semaine dernière – et ce dimanche, Italo me fait l’honneur de consacrer l’ardoise à mon poème « mémoire d’arbre » – que je lui dédie en hommage à ses pirogues sculptées à même le tronc des peupliers abattus le long du fleuve Pô, auxquels il donne une seconde vie poétique.
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MEMOIRE D’ARBRE
pour Italo Lanfredini
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Je fus cet arbre dans le brouillard
s’abreuvant aux nuages où s’agrippent ses branches
Je fus
Je fus l’ombre de l’arbre
sa sève souterraine et sa force lointaine
Je fus cette maison où brille une lumière
une étoile perdue au cœur de la matière
Je fus le feu lui-même son tison et sa cendre
Je fus
son goût amer dans l’aube qui s’éveille
son rêve devenu poudre d’or
et poussière
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Rendez-vous pris, chaque dimanche – et pour une semaine, à l’entrée de la Silenziosa – et sur la page facebook de embarquementpoetique.com
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note
1 – évoqué ici dans l’anthologie consacrée au corps, et sur mon blog minotaura, à propos de l‘exposition Traversamenti, pour laquelle des poèmes, dont le mien, calligraphiés par l’artiste, faisaient partie de l’oeuvre principale