photo mbp – Jardin Hanbury (Italie)

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« l’attente se forge un dessin »

les plages sont en vacances

les dunes retrouvent leur chant

demain sera automne

tu espères l’été

se cacheraient tes passions

l’attente se forge un dessin

dansant

au gré de tes désirs

demain

peut-être 

Au parfum de fougère
8 octobre 2025

Dans la grande saulée des rêves
la petite femme blanche sommeille

– retour à la petite femme –

en sommeil sur le tapis de fougères que nous lui avons fait
blanche comme les fleurs du magnolia que nous n’avons pas vues
elle se souvient
elle sait


de nous


elle sait ce que personne


pas même les oiseaux
à peine le ruisseau
ni l’angélique
juillet
peut-être
juillet
tout juste

c’est si frêle et sauvage les je t’aime
qu’on ose à peine

la petite femme pelotonnée
je veux veiller sur son sommeil
personne ne doit passer le cercle d’air
qui tournoie au-dessus d’elle
seulement les renardeaux à petite langue rouge
seulement les chevreuils
les rejetons d’humains et de bêtes
les musaraignes, les murmures
ceux qui savent marcher à petits petons sur les rêves
et le parfum fou des fougères

« le cœur de la lumière
est arrivé jusqu’à moi
je l’ai accroché à une branche
« 

Les génies de l’air
m’ont prise dans leurs bras
je n’avais rien à faire
que me laisser porter
vers où ? qu’importe

Je respirais les cercles clairs
inclus dans d’autres cercles
il n’y avait personne
pour m’accompagner
et tout le monde

J’ai tiré sur un fil
le cœur de la lumière
est arrivé jusqu’à moi
je l’ai accroché à une branche
– la plus frêle la plus sauvage

Depuis elle m’appelle
du fond de l’espace.

… le cœur… affleure…

entre hier et demain

Un souffle suffirait

à le soulever

au-dessus des vagues

Un oiseau passerait

blanc sur bleu

dans la lumière

Tu te dirais

si je le suis

moi aussi je passerais

moi aussi

j’aurais une ombre.

.

ainsi va le poème

.

aucun mot n’est vrai

ils sont tous inventés par des esprits farceurs

qui se prennent au sérieux

les génies de l’air

sifflent des mélodies inspirées

– par qui, par quoi –

et accordent leurs violons

jamais les oiseaux

ne leur répondent

eux seuls dont le chant

signifie sans rien dire

pendant ce temps

ce vent de douleur

qui traîne dans mon crâne

souffle des sons innés

leur sens dépendra

de la confiance

accordée à ma bouche

ainsi va le poème

ainsi va la poésie

Re Chab : suite  au texte de Jacqueline Fischer dans « fleurir l’hiver »

Tu vois ce que j’ai gravé

sur la surface

à travers le blanc

l’attente se forge un dessin

à l’intérieur de la neige

c’est le coeur qui affleure

sur le gravier

avant qu’il ne fonde en larmes

et qu’il agonise à tes pieds

et s’aventure dans l’oubli.

C’est l’amour que je t’ai donné

le jour contre la nuit

l’héritage de la lumière

qui laisse sa trace éphémère

mais je m’en souviens

comme si c’était hier…

—-

C’est comme un amour blanc qui traverse des nuits

déchirées de ces sons déformés syncopés

Ils agonisent au bout d’un quai sans attente

Et pourtant sous les pieds

Quand le gravier affleure

et que le goudron fleure

c’est un jaillissement de perce tout

La lumière le précède

comme un héritage laissé là

Neige et cœur

innocent et cruel

Il forge ses pétales

Aux reflets de l’acier

Jacqueline Fischer

.Je suis encore
en train de naître

.

Découvert un instant
dans un coin des bois,
mon nid de branchages
à côté du ruisseau
aux contours
absorbant la lumière.

Nils Udo, waternest, 1995 – artkiwi