photo mbp – Jardin Hanbury (Italie)
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L’atelier-jeu poétique (voir la règle dans le lien ci-dessous) a repris : venez fleurir le monde et tresser avec nous la guirlande en suivant les instructions !
les nouveaux jardiniers de mots :
Re Chab (Marilyse Leroux et Jacqueline Fischer)
Harmony Flavigny (Esther Daniel)
Marilyse Leroux (Re Chab et Harmony Flavigny)
Marilyne Bertoncini (image) (Marilyse Leroux) Flora Delalande (Harmony Flavigny et Marilyse Leroux)
Margueritte Cèdre (Re Chab)
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Margueritte Cèdre : sur un vers de Re Chab
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« l’attente se forge un dessin »
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les plages sont en vacances
les dunes retrouvent leur chant
demain sera automne
tu espères l’été
où
se cacheraient tes passions
l’attente se forge un dessin
dansant
au gré de tes désirs
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demain
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peut-être
*
Flora Delalande : Sur 2 vers d’Harmony Flavigny
Et un mot de Marylise Leroux
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Au parfum de fougère
8 octobre 2025
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Dans la grande saulée des rêves
la petite femme blanche sommeille
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son corps est enroulé autour de sa poitrine
ses orteils gigotent une adorable sonatine
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au-dessus d’elle
un cercle d’air tournoie
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dansent trois plumes d’aigle
parcelles d’ailes qui se souviennent
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éclat
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des voix résonnent dans le sous-bois
des voix résonnent
et tonnent
avec des rubans rouges
des craquements de branches
des enjambées immenses pour soumettre les ronces
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– on ne devrait pas parler si haut ici
si haut pour des affaires si basses –
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ils parlent comme dans leur monde
comme si ici n’était rien d’autre qu’une fraction de cadastre
alors que c’est une terre chapardée
une échappée des logiques humaines
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malgré
ils cherchent sur le sol les lignes irréelles
les bornes des barbelés
tailladant les parcelles
brouillées par le temps
les empreintes vives
méandres d’eau
mémoire des sabots
chevreuils et coussinets
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jamais les oiseaux
ne leur répondent
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trouveront-ils la source
sous la souche du chêne ?
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soudain
le soleil éclate dans l’écorce d’une voix
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« Michel !
Il n’est pas mort, regarde
le magnolia
vois les fruits à ses pieds
c’est qu’il a encore fait ses fleurs cette année ! »
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C’est une joie dans le cœur
que le sous-bois accueille
comme un jappement de renard
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jeunesse de jeune pousse
malgré la prolifération des ronces et des arbres couchés
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ils ne sont pas venus ici depuis quatre très longues années
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vieux
comme les arbres
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et sujets à tomber
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– retour à la petite femme –
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en sommeil sur le tapis de fougères que nous lui avons fait
blanche comme les fleurs du magnolia que nous n’avons pas vues
elle se souvient
elle sait
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de nous
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elle sait ce que personne
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pas même les oiseaux
à peine le ruisseau
ni l’angélique
juillet
peut-être
juillet
tout juste
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c’est si frêle et sauvage les je t’aime
qu’on ose à peine
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la petite femme pelotonnée
je veux veiller sur son sommeil
personne ne doit passer le cercle d’air
qui tournoie au-dessus d’elle
seulement les renardeaux à petite langue rouge
seulement les chevreuils
les rejetons d’humains et de bêtes
les musaraignes, les murmures
ceux qui savent marcher à petits petons sur les rêves
et le parfum fou des fougères
c
Marilyne Bertoncini : sur une image de Marilyse Leroux
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Marilyse Leroux : sur un vers d’Harmony Flavigny
c
Les génies de l’air
m’ont prise dans leurs bras
je n’avais rien à faire
que me laisser porter
vers où ? qu’importe
Je respirais les cercles clairs
inclus dans d’autres cercles
il n’y avait personne
pour m’accompagner
et tout le monde
J’ai tiré sur un fil
le cœur de la lumière
est arrivé jusqu’à moi
je l’ai accroché à une branche
– la plus frêle la plus sauvage
Depuis elle m’appelle
du fond de l’espace.
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!
Marilyse Leroux : sur un vers de Re Chab
c
… le cœur… affleure…
entre hier et demain
C
Un souffle suffirait
à le soulever
au-dessus des vagues
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Un oiseau passerait
blanc sur bleu
dans la lumière
c
Tu te dirais
si je le suis
moi aussi je passerais
moi aussi
j’aurais une ombre.
c
!
Harmony Flavigny : sur un vers d’Esther Daniel
.
ainsi va le poème
.
aucun mot n’est vrai
,
ils sont tous inventés par des esprits farceurs
qui se prennent au sérieux
,
les génies de l’air
sifflent des mélodies inspirées
– par qui, par quoi –
et accordent leurs violons
,
jamais les oiseaux
ne leur répondent
,
eux seuls dont le chant
signifie sans rien dire
,
pendant ce temps
ce vent de douleur
qui traîne dans mon crâne
souffle des sons innés
,
leur sens dépendra
de la confiance
accordée à ma bouche
,
ainsi va le poème
,
ainsi va la poésie
,
,
Re Chab : suite au texte de Jacqueline Fischer dans « fleurir l’hiver »
–
Tu vois ce que j’ai gravé
sur la surface
à travers le blanc
l’attente se forge un dessin
à l’intérieur de la neige
c’est le coeur qui affleure
sur le gravier
avant qu’il ne fonde en larmes
et qu’il agonise à tes pieds
et s’aventure dans l’oubli.
C’est l’amour que je t’ai donné
le jour contre la nuit
l’héritage de la lumière
qui laisse sa trace éphémère
mais je m’en souviens
comme si c’était hier…
—-
C’est comme un amour blanc qui traverse des nuits
déchirées de ces sons déformés syncopés
Ils agonisent au bout d’un quai sans attente
Et pourtant sous les pieds
Quand le gravier affleure
et que le goudron fleure
c’est un jaillissement de perce tout
La lumière le précède
comme un héritage laissé là
Neige et cœur
innocent et cruel
Il forge ses pétales
Aux reflets de l’acier
Jacqueline Fischer
– JF
Re Chab – à partir des vers de Marilyse Leroux
.Je suis encore
en train de naîtreMarilyse Leroux
.
Découvert un instant
dans un coin des bois,
mon nid de branchages
à côté du ruisseau
aux contours
absorbant la lumière.
.
Un rayon de soleil
venu chauffer mon corps
jusque dans ma chrysalide
est passé entre les arbres
voûtés du poids de leurs feuilles.
.
Je suis encore en train de naître
de m’éveiller lentement
aux chants des oiseaux.
Ce sont eux qui
ont célébré ma nouvelle existence.
.
Peut-être est-ce ma mère
qui a construit ce nid
ou qui m’a installé ici
pour que je sois à l’abri
et m’éveille à la vie…
.
On ne connaît jamais son devenir
après la naissance,
c’est au destin tôt ou tard
qu’il appartient de nous sortir d’un nid
devenu trop petit…